mercredi 30 avril 2014

Le voyage fantastique. Richard Fleisher


Un peu comme Voyage to the bottom of the sea, Le Voyage Fantastique a bercé ma jeunesse. Bien sûr il a vieilli, bien sûr Joe Dante l'a dépoussiéré efficacement avec L'aventure intérieure, mais que Fleisher est bon aussi bien dans le film fantastique à gros budget (c'est le cas ici) que dans des oeuvres plus expérimentales et plus personnnelles (L'étrangleur de Boston, Terreur aveugle). Bref un classique qui a pris un coup de vieux mais qui reste un de ces films qui un jour ont fait de nous des amoureux du fantastique 7ème art...

mardi 29 avril 2014

Blue Jasmine. Woody Allen


C'est vrai que Woody Allen revient fort avec Blue Jasmine parvenant à créer le climat étrangement merveilleux et paradoxalement macabre d'un conte qui nous fait voyager entre passé et présent. Le film dans sa construction ménage aussi quelques belles révélations qui permettent au personnage de Jasmine de se hisser (presque) au niveau de celui incarné par Gena Rowlands inoubliable dans Une femme sous influence... Reste que la volonté de garder à son film les accents d'une comédie vaudevillesque ne fonctionne pas terrible. Woody Allen a du mal à combler ou juste expliquer le fossé abyssal qui existe entre la Jasmine d'avant et sa demi-soeur d'hier comme d'aujourd'hui, entre le drame intime et le théâtre de boulevard. 2 mondes qui en se confrontant font tout sauf des étincelles, créant même une sorte de malaise chaque fois que le mauvais goût et la caricature affleurent... Voilà sûrement pourquoi le final (très ambitieux) sonne complètement faux. Un épilogue qui se veut terriblement dramatique (on pense d'ailleurs à Sue perdue à Manhattan d'Amos Kolleck, joli petit film indépendant New-Yorkais qui avait lui le mérite de jouer la carte du drame intime de bout en bout) et qui pour les grands écarts que je viens d'évoquer ne produit pas du tout l'effet escompté. Dommage ! .

lundi 28 avril 2014

L'enfer des zombies. Lucio Fulci


L'enfer des Zombies est une preuve de plus que Romero est indépassable. Revoir ce Fulci nous rappelle soudain à cette douce évidence. Romero est un poète, un penseur qui politise tous ces films en chargeant ses morts-vivants d'une symbolique sociétale très forte. C'est ce qui rend son cinéma si passionnant. Chez Fulci, on ne retient finalement que quelques saillies visuelles (le bateau dérivant sur les eaux territoriales New-Yorkaises, le zombie dévorant un requin...) mais vollà tout... C'est quand même beaucoup plus poussif, délibérément centré sur une surenchère gore. Il a de ce fait beaucoup vieilli. Bon, mais s'il faut garder un film de zombies hors Romero potable de cette époque. Et bien ce serait celui-ci !

dimanche 27 avril 2014

Boulevard de la Mort. Quentin Tarantino


Une séquence myhique d'accident de voiture il est vrai, mais sorti du petit exercice de style pour marcher dans les pas de références assez claires (Faster Pussycat Kill Kill de Russ Meyer naturellement), pas grand chose de consistant à se mettre sous la dent, Tarantino se fait plaisir comme souvent en nous pondant un truc vite expédié, assez binaire sur le fonds, sans fiorce particulière sur la forme (hors mis la spectaculaire scène d'éparpillement motorisé façon puzzle) et toujours zébré de ces diarhées verbales qui finissent par devenir des formes d'auto-parodies involontaires... Tarantino dégringole à vue d'oeil et c'est pas d'hier !

vendredi 25 avril 2014

Voyage to the bottom of the sea


Début des années 80, Voyage to the bottom of the sea passait le dimanche soir sur la télévision nationale Ivoirienne, j'avais quoi 7, 8 ans. Mes parents me mettaient au lit et ne me voyaient jamais profiter de ce qu'ils étaient dans le salon Télé pour emprunter incognito le couloir qui s'achevait devant la porte fermée dont le trou de la serrure donnait précisément sur l'Ecran de télévision calé juste en face. Comme une offrande. C'est comme ça qu'en cachette je me suis nourri tous ces dimanches soirs d'épisodes de Voyage au fonds des mers qui me faisaient froid dans le dos et rêver en même temps... Si je dois comparer cette série à Star Trek ou Cosmos 1999, ma préférence lui reviendra sans hésitation, pas seulement parce que mes premiers souvenirs de téléspectateur transi sont nés derrière cette porte,  par le trou d'une serrure, mais parce qu'il n'y a à mon sens rien de plus puissant que de faire rêver, voyager avec ce qui est là, devant nous, sous nos pieds, au fonds des océans... Plus le fantastique et l'horreur nous sont familiers, plus ils agissent efficacement sur nos psyhés. Et la mer aura toujours quelque chose paradoxalement de plus intimement étranger que le vaste espace. Mmême si cette série a considérablement vieilli, elle reste pour moi une expérience télévisuelle au parfum unique de cette jeunesse où même les musiques de générique étaient d'envoûtants chefs-d'oeuvre... Alors à quand le coffret DVD ?

Explorers. Joe Dante


Période bénie des films autour de pré-adolescents qui croient dans leurs rêves et mieux, les réalisent ! Je n'ai jamais revu Explorers et imagine très bien qu'i est 2 ou 3 tons en dessous d'un Stand By Me, ET ou d'un Gremlins... Reste qu'il est de ces films qui peuvent encore faire rêver tant le sujet s'y prête... En tout cas, moi il m'avait fait voyager à l'époque, métaphore de cette insouciance des jeunes années qu'il faut garder chevillée au corps pour déplacer des montagnes... J'ai par ailleurs toujours voué une grande admiration pour le travail inventif et subversif de Joe Dante.

Pink Flamingos. John Waters


John Waters me plaît quand il accouche de Cecil B Demented ou Cry Baby, c'est à dire lorsque la sagesse ou le calme ou les 2 sont revenus après la tempête Trash et expérimentale de ses débuts. J'avoue beaucoup moins l'aimer dans Pink Flamingos ou Female Trouble... Ok, il redéfinit à lui tout seul la notion de mauvais goût puisqu'il en fait le coeur de son film dans Pink Flamingos en l'occurence. Mais il y a un problème et de taille : quand Russ Meyer a inventé un cinéma Viagra qui s'assume, John Waters produit à ses débuts un cinéma qui a l'effet symétriquement inverse : Un cinéma de la débandade. Pourtant on nous promettait du Rose et du Divin... Quel gâchis ! Et puis franchement, côté mauvais goût on est allé beaucoup plus loin depuis. Ne suffit-il pas de voir au revoir Visitor Q de Takashi Miike ?

jeudi 24 avril 2014

Mud. Sur les rives du Mississipi. Jeff Nichols


Jeff Nichols est sûrement pétri de bonnes intentions, en tout cas imprégné de jolies influences et références (William Faulkner, Tenessee Williams, Le Stand by me de Rob Reiner,...). Son film manque pourtant de quelque chose d'essentiel, l'inextricable complexité de l'être humain, la cruauté propre à l'âge des 2 jeunes héros. Toutes ces aspérités salutaires sont gommées pour laisser place à une dramaturgie lisse qu'on voit venir de très très loin, avec toutes les coutures visibles d'une écriture paresseuse (la chemise blanche, le serpent, l'ex tueur à gages et père de substitution, le parallèle Ellie/Mud, le flingue, le bateau qui prendra l'eau on en est sûr...). Le personnage de Mud a quelque chose de gentillet, de presque naïf (on lit en lui comme dans un livre ouvert pas la moindre ambiguité). Et lorsqu'il devient soudainement cette insaisissable ombre à l'heure de lla déflagration finale (qui déboule sans la moindre surprise ou pire... crédibilité), on se dit que Mud n'était que frivolité réchauffée et qu'il manque à tout cela une belle incertitude, le grand mystère qui baigne les histoires immortelles. On en est loin !

mercredi 23 avril 2014

Faster Pussycat ! Kill ! Kill ! Russ Meyer


Faster Pussycat Culte ! Culte ! Les odeurs et les images de ma jeunesse sont là... Russ Meyer a de nombreux défauts certes mais il a une qualité : son cinéma se reconnaît entre mille. Libido échevelée, imagination débridée et toute entièrement tournée vers la sexualisation du moindre enjeu dramatique. Ultravixens est un sommet hors catégorie du délire sensuel made in Meyer. Mais Faster Pussicat Kill ! Kill ! est la première pierre de l'édifice, la définition même d'un film culte, le premier d'une longue série. Pour les amoureux de Tarantino, Boulevard de la Mort emprunte notamment beaucoup à ce film. Ce n'est d'ailleurs que justice !

mardi 22 avril 2014

Inferno. Dario Argento


Dans sa veine Giallesque je reste fan de Tenebre ou de Profondo Rosso, mais il faut bien reconnaître qu'Inferno est à part dans l'oeuvre d'Argento, poème macabre qui aurait pu exister sous la plume d'Edgar Allan Poe. Peut-être même le film le plus effrayant de tous les temps ! Car à l'instar de Frayeurs (Lucio Fulci), sa forme, un vénéneux cauchemar qui confine à une abstraction baroque, est pour beaucoup dns les sueurs froides qu'il procure... La gorge se serre dès les premières images, le malaise s'insinue et l'horreur fait lentement son oeuvre, une horreur d'autant plus pregnante qu'ellle n'est pas figurative, elle se niche dans les recoins du décor, dans les symboles, dans quelques notes de musique, dans les zones d'ombres d'un hôtel ou le bruit que font les rats dans les marécages avoisinants... Pour dire le fonds de ma pensée, si Inferno avait été un film de David Lynch ou de Stanley Kubrick, il serait aujourd'hui considéré comme une référence du "cinéma mental" et ferait comme Shining ou Mulholland Drive l'objet d'un culte sans fin à travers le monde. Décidément, étrange est le destin de l'oeuvre de Dario Argento bien trop sous-estimé !

lundi 21 avril 2014

Stoker. Park Chan-Wook


A la question Park Chan-Wook a-t-il du talent ? La réponse est évidemment oui. A la question est-il un grand réalisateur ? La réponse est non ! Ca avait commencé de façon poussive avec Lady Vengeance et cie puis ça s'était confirmé avec Thirst (seul Old Boy surnage comme une déflagration pure, sèche et sans fioritures)... Pour le reste, on retrouve à chaque fois de grandes et belles idées de mise en scène mais le tout est irrémédiablement plombé par des lourdeurs, d'interminables détours qui finissent par user la patience du spectateur... Problème de scénario sûrement (on sent qu'il veut tout mettre, ne sait pas choisir entre de multiples pistes narratives). Alors il faut reconnaître qu'il y a du très bon, j'ai vraiment aimé le début parce que j'y sens des atmosphères de films que j'ai aimé: Dead of night (Bob Clark), The Other (Robert Mulligan), Théorème (Pasolini) et qu'il y a ce côté conte cauchemardesque qui fascine. Hélas peu à peu, on s'enlise, la machine tourne à vide et la sensualité vénéneuse des débuts laisse place à une intrigue qui s'étire en longueurs et devient terriblement terre à terre, banale et pas crédible une seconde...Bref décidément, ce Park Chan-Wook ne cesse de décevoir malgré quelques envolées surpuissantes de grand cinéma. C'est ce qui me rend d'autant plus triste...

Frayeurs. Lucio Fulci


Quand j'essaye de me rappeler les grandes frayeurs vécues au cinéma, il n'y a pas moyen, je retrouve souvent Inferno et inmanquablement Frayeurs. Je crois sincèrement que c'est le meilleur film de Fulci, le plus abouti, Pas seulement parce qu'il tient les promesses affichées par son titre sans équivoque mais surtout parce que le film est construit comme un cauchemar éveillé. C'est la première fois que je ressentais cela aussi fortement à l'époque où je l'ai vu. Chaque nouvelle séquence secoue les entrailles (la scène d'introduction dans le cimetière, la femme prisonnière d'un cercueil, la scène de spiritisme) mais c'est l'incursion progressive de l'horreur et de "l'impossible" dans le réel du film (ces étranges appparitions, ces yeux maléfiques qui vident les vivants de leur intérieur) qui achève de nous glacer le sang jusqu'à un épillogue somme toute plus classique parce que plus littéral... John Carpenter a d'ailleurs certainement beaucoup visionné Frayeurs avant d'accoucher de son fameux Prince of Darkness. Voilà pourquoi ce film tient une place à part dans la filmographie de Fulci et au panthéon du cinéma d'horreur. Car c'est à mon sens le premier cauchemar fidèlement et intégralement restitué sur pellucule.... Pour cela il mérite le plus grand respect des rêveurs attentifs que nous sommes.

dimanche 20 avril 2014

La vie privée de Sherlock Holmes. Billy Wilder



Le titre est bon mais "Dans la peau de Sherlock Holmes" eut été encore plus fort ! L'animal est fragile, accroc à l'héroîne, et puis faible, Un vrai coeur d'artichaud tombant facilement dans le moindre piège tendu par les femmes. Heureusement subsistent un sens inné de l'enquête, la sûreté de son jugement qui dans l'interprétation de Billy Wilder ne sont finalement que les réponses obsessionnelles et rationnelles  (recherche de l'immaculée perfection, si peu humaine) d'un homme aux failles immenses, titubant à chaque nouveau sur les rebords d'un gouffre amer. Le film est par ailleurs inabouti (puisqu'honteusement privé d'une heure) mais il fleure bon l'Ecosse et on se délectera d'un humour so divinement british. Il nous rappelle pour finir cette bonne vieille vérité : même le plus infaillible des hommes reste la plus fragile des particules élémentaires mon cher Watson ! . .   

samedi 19 avril 2014

48 Heures. Walter Hill



On ne devrait pas sous-estimer le talent de Walter Hill qui avec ce 48 Heures comme avec quelques autres films a mis tout son talent, toute sa fièvre, tout son sens du rythme et de la violence chorégraphiée pour réaliser le papa du Buddy movie, l'éternel premier polar urbain mettant côte à côte deux êtres dissemblables, aux méthodes et à la couleur de peau différentes, mais unis pour le pire et surtout le meilleur ! De mémoire c'est puissant, drôle et efficace.

Pi. Darren Arronofsky


Important de revoir Pi parce qu'il raconte beaucoup de Darren Aronofky et de son cinéma. Il y a déjà une ambition thématique et formelle indiscutable, un goût pour les mondes interlopes à la lisière du fantastique pour lesquels Terry Gilliam est un modèle indiscutable. Mais on ne peut pas s'empêcher de regretter une aridité de l'ensemble, une lourdeur ou un manque de détachement par rapport au sujet qui comme pour beaucoup de ses films qui viendront après entâchent ces belles intentions de maladresses forcément malvenues. L'éternelle imperfection de Darren qui se renouvelle de film en film,.sauf peut-être dans Requiem for a Dream, le plus abouti d'entre tous ! Un vrai Bad Trip Opera qui ne laisse pas indemne.

jeudi 17 avril 2014

Sans retour..Walter Hill


Il flotte ici comme un parfum de guerre du Vietnam sur le Bayou. Ou comment ls cajuns se rebiffent méchamment pour punir la garde natinale (symbolisant l'ordre établi, l'Etat personnifié)... On pense à de la guerre de sécession larvée entre les lignes, à ces films décrivant une nature hostile avalant tout cru l'homme civilisé (Delivrance), symbolisé ici par un militaire à la vue basse et maniant des armes à blanc comme des enfants jouent aux indiens et aux voleurs... Beau film de guerre, d'autant plus intéressant qu'il aborde le sujet sous un angle inédit et rafraîchissant. To be watched !

mardi 15 avril 2014

La comtesse aux pieds nus. Joseph L Mankiewicz


Un film réussi qui s'attache à décrire la trajectoire fulgurante d'une étoile partie d’en bas pour finir sacrifiée au sommet de son art et de sa notoriété. La narration est originale (flash back partant de l"épilogue qui est rapidement connu). Au tout début, un réalisateur vient repérer dans un cabaret à Madridune chanteuse nommée Maria Vargas, Elle chante en espagnol... Puis elle changera de nom au moment de lancer sa carrière. Mais finira assassinée au faîte de sa gloire par un millionnaire ivre de jalousie et frappé d'impuissance. Ratrappée par la fatalité. C’est Joseph Mankiewicz qui en parlait le mieux : "un conte de fée moderne, une version amère de Cendrillon où le prince charmant aurait dû, à la fin, se révéler homosexuel, mais je ne voulais pas aller aussi loin."

dimanche 13 avril 2014

Laura. Otto Preminger


Tout commence par une enquête sur le meurtre présumé d'une femme tuée d'un coup de fusil qui lui a soufflé le visage - je repense alors au visage mangé par un coup de feu d'une Diane Selwyn recroquevillée sur son lit, méconnaissable, rendant son identification bien délicate dans Mulholland Drive. Elle s'appelle ici Laura Hunt et aurait été assassinée. C'est en réalité la disparition de Laura qui est en jeu puisqu'elle ressurgit brutalement aux 3/4 du film lorsqu'on apprend qu'une femme lui ressemblant - des femmes interchangeables, l'une pouvant en cacher une autre - et qui s'appelle Diane (!!) a été tuée par erreur à sa place... Ce tableau, portrait de Laura, élément central du film, me rappelle égallement celui de Gilda dans Mulholland Drive lorsque la victime amnésique de l'accident de voiture décide que son prénom sera Rita. C'est en regardant ce fameux portrait que l'enquêteur Mc Phearson, le héros incarné par Dana Andrews, s'endort puis se réveille en apercevant la vraie Laura en chair et en os, revivant ainsi le mythe de la morte qui réapparaît. Mc Phearson pourrait même alors s'exclamer "You've come back Laura" en référence au désormais célèbre "You've come back Camilla" ! Bref un bien beau film noir, vénéneux, peut-être un chouia trop sage mais une des références centrales dans le cinéma de David Lynch particulièrement pour son Mulholland Drive..

Alice ou la dernière fugue. Claude Chabrol


Claude Chabroll nous a récemment quitté léguant au passage cet objet cinématographique avant-gardiste, réécriture pour adulte d'Alice au pays des merveilles. Difficile d'imaginer que ce film ait pu influencer David Lynch pour accoucher de Mulholland Drive, mais la coïncidence est belle : l'héroïne qui se nomme Alice Carroll, est interprétée par une certaine Sylvia Kristel. Or il est bien question d'une Sylvia (North) et de son histoire dans Mulholland Drive. Génie du hasard. Quant à la narration du film de Claude Chabrol, Sylvia/Alice est une femme errant dans les limbes après un accident de voiture qui a lieu au pied d'une demeure isolée sur une route de campagne. Une escapade entre la vie et la mort qui donne lieu à un film ambitieux, rare, dont chacun pourra librement livrer sa propre interprétation, en comparant la réalité d'Alice et son rendu dans le monde rêvé. Une mécanique proche de celle qui nous amène à décortiquer Mulholland Drive depuis sa sortie. Une curiosité qui vaut le détour.

samedi 12 avril 2014

Detour. Edgar G Ulmer. Tom Neal


A l'instar de Mulholland Drive ou de Kiss me deadly, Detour est un film culte avant toute chose pour son atmosphère cauchemardesque et presqu'abstraite. Il est difficile après l'avoir vu de ne pas penser qu'il fut une influence majeure de Lost Highway (David Lynch, 1997). Il y a déjà ce générique de début tellement semblable. Mais ce n'est pas tout. Al Roberts, le personnage principal, traverse les Etats-Unis pour rejoindre sa pette amie partie faire fortune à Hollywood. Lorsqu'il débarque à LA, la seule caractérisation qui nous en est donnée est un simple garage, tout comme dans Lost Highway lorsque le héros transfiguré apparaît pour la première fois, sous sa deuxième identité, dans LA. Il est alors garagiste. Quand Dick Laurent (Bill Pullman) est saxophoniste, Al Roberts (Tom Neall) est pianiste. Lorsque Dick Laurent paraît atteint de  schizophrénie, c'est déjà en filigrane le thème central de Detour qui déroule une histoire subjective à travers les yeux et le témoignage affecté d'un personnage qui se noie littéralement dans les replis de mensonges plus gros les uns que les autres, cherchant en permanence à s'inventer des scénarii voués à le déculpabiliser de 2 homicides...

Toutes les thématiques du film noir sont ainsi réunies : le héros poisseux, des meurtres étranges, la femme aux 2 visages (la blonde lumineuse et la brune fatale), l'identité flottante, la route perdue, un garage, un hôtel, un bar, un héritage... et un final magistral dans lequel un téléphone (si présent dans Mulholland Drive) provoquera littéralement la mort de Vera l’autostoppeuse. A redécouvrir.

 Quant à Tom Neal, son interprète principal, il va dans la vraie vie épouser le destin de son personnage et sera quelques années plus tard accusé du meurtre de sa deuxième femme. Incarcéré, il purgera sa peine, ne cessera de clamer son innocence et décèdera peu de temps après sa remise en liberté. Etranges destins d'acteurs marqués au fer rouge par des rôles dans des films indélébiles.

jeudi 10 avril 2014

Misery. Rob Reiner


Misery est un grand thriller psychologique, un huis-clos magistral qu'Hitchcock n'aurait évidemment pas renié. James Caan comme Kathy Bates sont assez incroyables dans ce duo à la vie à la mort. Une histoire de séquestration universelle, d'un homme par une femme bien sûr, d'un écrivain par son plus fidèle lecteur c'est une évidence, mais plus encore d'un artiste trahi par sa muse, de l'auteur abandonné par son inspiration, dès lors qu'il a sombré dans l'alcool ... Et oui, Misery est la seule suite et véritable explication en creux de celle de Shining... Cette maison isolée où l'auteur se rêve sevré (la cigarette et l'alcool, les vices ayant torturé Stephen King dans la vraie vie, ne faisant leur apparition qu'une fois l'oeuvre achevée au tout début du film, présentant un héros en total contrôle). Facile d'imaginer ensuite que ce roman achevé n'est autre que l'histoire de cette rédemption pour libérer l'écrivain de son sentiment de déchéance, d'être un artiste privé du feu sacré, coupé de son imaginaire, sous l'emprise totale de l'alcool (le même combat que celui de Jack Torrance en son temps) ... Et cela devient possible ici à la faveur de cette rencontre avec un personnage machiavélique, parfaite métaphore de la maîtresse envahissante, de la mauvaise conseillère, de la compagne nuisible... J'ai nommé la "dépendance" sous toutes ses formes et qui fit tant de mal et pendant si longtemps à un Stephen King devenu l'ombre de lui-même (ce visage détruit de James Caan, les lèvres molles, le regard vide, rappelant celui d'un alcoolique au pire moment de sa maladie) .Voilà pourquoi Misery est bien plus qu'un grand thriller, c'est la forme testamentaire la plus belle qui soit d'un alcoolique repenti doublé d'un créateur retrouvé, une rédemption aussi salvatrice qu'elle fut douloureuse et terrifiante !

L'invasion des profanateurs de sépulture. Don Siegel


Deux guerres mondiales et une bonne vieille guerre froide fabriquant des espions comme on enfile les perles, auront suffi à créer ce genre cinématograhique de la SF paranoïaque entre schyzophrénie et psychanalyse freudienne à l'échelle d'un globe... Un film précurseur des Envahisseurs de David Viincent, un genre dont Carpenter redéfinira définitivement les contours avec The Thing. Don Siegel est en tout cas le premier à trouver cette idée géniale de créer la forme de terreur la plus familière qui soit : pas de monstres hideux ni d'effets spéciaux... Le mal est en nous, il prend nos traits et s'incarne dès lors dans un sous-genre plus proche de l'infiltration que de l'invasion proprement dite... C'est en prenant nos visages, nos paroles, nos pensées que l'horreur se fait jour. Et lorsque ce sera chose faite, mes amis, rien ni personne ne saura ramener l' "ancien nous" à la vie. Voilà qui fait froid dans le dos. Méfiez-vous donc, Carpenter nous l'a suggéré plus tard avec son visionnaire Invasion LA : ils s'emparent de nos cerveaux, ils sont déjà làààààà ! A bon entendeur :)

Des Hommes d'honneur. Rob Reiner


Grand souvenir de ce film qu'on aime à décrire comme un "film à procès" dans la plus pure tradition US... Belle brochette d'acteurs portée par un texte et un sous-texte sur ll'embrigadement,le devoir et la tolérance qui font mouche..Tout fonctionne sur l'application d'un "code rouge" évidemment très informel et qu'un pseudo sens du devoir excuserait. La scène finale est fabuleuse sur le plan de la psychologie, cette façon qu'a le personnage de Tom Cruise de jouer la carte de l'impertinence ert du manque de respect pour faire craquer le personnage ambigu (et prisonnier de sa logique sclérosante) divinement incarné parJack Nicholson. Pour ce final éblouissant il faut voir ou revoir Des Hommes d'Honneur.

mercredi 9 avril 2014

This is Spinal Tap. Rob Reiner


Rob  Reiner est un grand Monsieur dont il faut revoir dans le désordre Princess Bride, Misery, Stand by me ou Des Hommes d'Honneur. J'ai une tendresse particulière pour cet ovni qu'est Spinal Tap, premier Fake Musical ou Documenteur qui nous plonge avec délice et délire dans la vie rêvée d'un vrai faux groupe de Hard... Fous rires garantis, mais pas que... Derrière le show il y a un fonds, un message passionnant sur le gouffre abyssal qui sépare l'odeur âcre et oussiéreuse des coulisses de la beauté asceptisée d'une scène sous Les feux de la rampe. This is Spinal Tap au fond c'est Opening Night version Trash Rock...

lundi 7 avril 2014

A Dog Day Afternoon. Sidney Lumet


Rien à redire. Une perfection de film, le plus abouti de Sidney Lumet qui parvient avec cette prise d'otage, ce magistral huis-clos à nous raconter l'apogée du capitalisme, à l'heure de son vilain mariage avec la société du spectacle pour mieux en décrire les effets collatéraux sur l'individu, un temps sauvé par son amateurisme rafraîchissant avant de finir broyé. Inévitablement. Cette réussite, on la doit aussi et surtout à l'abattage de Pacino, hallucinant de bout en bout. Son meilleur rôle tant il parvient à nous faire passer de l'éclat de rire (propre à la satire sociale) à la tragédie la plus antique (l'exécution d'un homme sur la place publique). A Dog Day Afternoon n'est enfin pas autre chose que ce que les télé-réalités donneront de pire quelques décennies plus tard. Le quart d'heure de célébrité prophétisé par Wharol, tout le monde le connaîtra mais à quel prix ? 

dimanche 6 avril 2014

On achève bien les chevaux. Sidney Pollack


S'il fallait sauver un film de Sidney Pollack ? They shoot Horses don't they ? Et oui, tout est dit avec ce titre mémorable... Le sacro-saint capitalisme sésame de toutes les libertés et de tous les progrès, soit. Mais dès lors qu'il échappe au contrôle de l'Homme (comme l'ordinateur Hal à son créateur dans 2001 A Space Odissey) il devient soudain le pire des bourreaux, le plus lâche d'entre les lâches, le plus impitoyable des esclavagistes ... La vie sous son ciel devient alors un jeu de miroirs où chacun se croyant plus libre qu'avant n'est sans le savoir qu'un cheval de traie harnaché pour obéir, courber l'échine et abandonner toute dignité en chemin...

Looker. Michael Crichton


Aaaaah que j'aime ces perles du thriller d'anticipation par Michael Crichton (dont il faut aussi revoir le très intéressan western SF Mondwest autour des notions de robotisation et de clonage). Un des maîtres du genre. Il faut surtout voir Looker pour la phénoménale modernité de son propos compte tenu de l'époque à laquellle il a été créé  : des mannequnis à la recherche de la perfection plastique sont sans le savoir les cobayes d'une expérience machiavélique menée par une multinatioonale destinée à mettre au point une arme secrète pour manipuler les masses... Un propos aussi glaçant que visionnaire. Crichton et K Dick ont décidément beaucoup en commun !

samedi 5 avril 2014

Un Plan Simple. Sam Raimi


A Plan Simple reprend l'air de rien le fameux duo Paxton / Thornton déjà mémorable dans l'excellent One False Move. C'est donc en revenant à sa veine Coen Broz (les neiges insensibilisantes de Fargo, les personnages simples, souvent naïfs et rapidement dépassés par les événements) que Sam Raimi retrouve après 2 ou 3 films quelconques du génie, de l'élégance, de la puissance narrative sur un sujet simple seulement en apparence : l'appât du gain rend fous les plus endurcis d'entre nous. Lorsque l'argent devient la finalité, les vilains petits secrets remplacent les belles et solides amitiés et la fin rassure quant au bon sens de Moïse lorsqu'il a brandi la table des 10 Commandements :) Raimi frôle le chef d'oeuvre poussant l'intrgue jusqu'aux extrémités les plus improbables, jusqu'au plus ubuesque des épilogues. Tout sauf simple ce plan. Carrément génial moi je dis !

jeudi 3 avril 2014

One False Move. Carl Franklin


Comment dit-on déjà ? Petit grand film ou grand petit film ? Je garde un énorme souvenir de One False Move. Je crois avoir rarement ressenti au cinéma comme ici la peur viscérale d'un flic qui ne s'étant jamais occupé d'autre chose que des problèmes de chiens écrasés dans sa petite bourgade se retrouve face à un os : le grand banditisme à ses portes avec l'angoisse à gérer, sa famille à protéger, ses concitoyens aussi, alors que cette menace qui se profile va tout bousculer dans sa vie jusque là réglée comme du papier à musique... C'est un vrai polar mais les codes rappellent habilement ceux du western (Le  train sifflera trois fois en particulier) et c'est toute l'intelligence de ce petit bijou signé Carl Franklin.

mercredi 2 avril 2014

The Devil's Rejects. Rob Zombie


"Grand film malade" est une expression que j'ai déjà entendue au sujet de films souvent singuliers qui par leur absence de fard ou de filtre, par leur énergie dévastatrice échappent à toute chapelle et tout code. C'est exactement l'effet qu'a produit The Devill's Rejects sur moi. Jamais le sentiment de voir un énième film d'horreur mais la sensation de vivre de l'intérieur la plus terrifiante et innommable entreprise familiale qui soit... Tellement glaçante que l'on finit par trouver à ces anti-héros de légende quelque chose de chevaleresque dans une dernière ligne droite ponctuée de morceaux de musique inoubliables. Très grand moment de cinéma qui laisse pantois, chancelant, sur le cul, à la renverse ! Je déconseille quiconque de se passer d'une expérience pareille

mardi 1 avril 2014

Nightmare on Elm Street. Wes Craven. Il n'y a rien, c'est l'Homme qui a peur (proverbe camerounais)


Toujours émouvantes les origines d'un mythe (Freddy Krueger) et d'une saga... Wes Craven a du génie, Il a ici celui de marier amoureusement l'horror teen movie à une fibre fantastico-onirique très originale puisque pour la première fois depuis la nuit des temps au cinéma, le tueur en série est insaisissable au sens le plus littéral qui soit... Il tue en rêve mais pour de vrai ! Et à mieux y réfléchir, qui Freddy tue-t-il exactement en assassinant ces jeunes gens ? Sur un plan métaphorique, il incarne ce qui tue la jeunesse une fois que l'insouciance s'est envolée toute seule. En d"autres termes, Freddy est la peur incarnée, l'angoisse existentielle qui étreint nos jeunes héros dès que l'adolescence est arrivée sans prévenir et que ces derniers réalisent soudain que l'immortailté baignant leur jeunesse n'était qu'un vaste leurre, une vision trompeuse, un rêve sournois dont Freddy est le grand ordonnateur... C'est pourquoi l'âge des personnages principaux est tout sauf un hasard dans Nightmare on Elm Street. Un proverbe camerounais ne dit rien d'autre : "Il n'y a rien, C'est l'homme qui a peur". L'adolescence est typiquement l'âge de la prise de conscience de la fatalité de l'existence, l'âge de la naissance de la peur et de son corrolaire, la fin de l'innocence. Dont acte Mister Craven !

La fièvre au corps. Lawrence Kasdan


Lawrence Kasdan frappe un grand coup avec ce film noir à la fois hommage et innovant, classique et détonant, porté par 2 acteurs fabuleux (William Hurt et Kathleen Turner) et qui nous replonge avec délice dans le mythe de la femme fatale qu'on a tant aimé depuis Assurance sur la Mort jusque Last Seduction en passant par Le facteur sonne toujours 2 fois... Noir c'est noir avec Kasdan