jeudi 30 avril 2015

Thin Ice


Franchement sympathique et parfois très drôle… Tant qu'on navigue entre A Plan Simple de Sam Raimi et Fargo des Frères Coen c'est de très bonne tenue, le film nous tient en haleine par ses aspects ubuesques autour de l'appât du gain qui précipite la chute de ce héros pas très droit moralement mais plutôt attachant. Mais quand le film se met à ressembler aux Neuf Reines pour la révélation du pot-aux-roses et le twist final (pas très crédible, un peu lourd) alors le film devient soudain un truc beaucoup plus quelconque malgré un jeu de décodage/décryptage toujours ludique et divertissant ! Dommage au fond pour ce dénouement prévisible et trop explicatif (et alors ils ont fait comme ça, et alors je me suis fait avoir…). qui accouche d'une histoire d'assureur arnaqué déjà (beaucoup trop) vue !   

96 Heures


On aura beau dire ce qu'on voudra, quel immense acteur ce Niels Arestrup, quoi qu'il fasse, quoi qu'il joue… Dans 96 heures il écrase la concurrence, il prend toute la place. Et le problème, c'est que personne ne tient la distance en face… Surtout pas Gérard Lanvin qui n'est jamais que dans la posture et dans le lancer de regards qui voudraient faire vrai mais en vain… Laura Smet apparaît peu mais complètement à côté de la plaque. Bref, dommage parce qu'il avait dans ce huis-clos (familial sans rien révéler) une matière riche, je pense notamment à cette jolie séquence de retrouvailles où les masques tombent en présence de l'innocence incarnée par un pré-adolescent qui s'avère connaître pas mal de monde… Quelques bons moments comme celui-là font regretter la faiblesse notable de l'ensemble, sorte de film à papa des années 80 revisité dont l'interprétation de Niels Arestrup restera le vrai grand motif de satisfaction.      

Garde à vue. Claude Miller


Duo de légende. Du Michel Audiard plein la bouche. Un huis-clos inoubliable dicté par un art consommé de la gestion d'un espace confiné, du rythme et de la montée progressive du suspense et des révélations fracassantes… Et puis cette fin de bal tragique au petit matin. Durant la nuit qui a précédé, on a senti le mégot âcre dans le cendrier, ressenti sous nos doigts la tasse fumante sur le bureau du commissariat, haï puis eu de la peine pour le Michel Serrault (jamais meilleur que dans ce rôle)… Claude Miller est un magicien soit mais c'est aussi un extraordinaire directeur d'acteurs y compris pour les seconds rôles mémorables. Au sommet de son art, quoi. Mais il y reviendra souvent… La famille est décidément (pour ses inavouables secrets) le plus beau creuset qui soit pour de belles intrigues noires et sombres… Miller. Génie un jour, Génie toujours, tu es follement regretté !

SOS Bout du Monde


J'ai découvert par hasard et ma fille kiffe pas mal en fait. Faut dire que j'ai cherché longtemps quelque chose de moins mainstream comme ce SOS Bout du Monde. Parce que Dieu que ça fait du bien une série où les héros ne sont pas blonds aux yeux bleus ;))) Ce métissage en veux-tu en voilà est déjà en soi rafraîchissant et dépaysant. La série n'est certes pas géniale côté animation ni scénario mais elle est joliment troussée sur le plan des couleurs et des paysages traversés. Elle a surtout la bonne idée de mettre en avant ces petits héros de toutes origines (asiatique, africaine) et lancés dans un défi passionnant : l'humanitaire. Ce qui permettra de découvrir plein d'endroits sur la planète et surtout d'expliquer à nos enfants chéris l'intérêt d'être serviable, altruiste, de distribuer des vaccins, de combattre la famine ou la pénurie d'eau… Bref pas géant comme dessin-animé mais sacrément  instructif pour nos rejetons ! D'un point de vue pédagogique et matière à évasion, je conseille donc. 

Kirikou et la Sorcière. Michel Ocelot


J'ai commis la grande erreur de passer à côté de Kirikou et la Sorcière jusqu'à aujourd'hui. Et bien quelle claque dites-moi ! Ce n'est pas tant la force du dessin (ces passages en ombres chinoises dans des galeries souterraines, ces bouquets de lumière lorsque le petit héros se dessine devant l'arbre du Voyageur...) mais surtout l'histoire, le conte qui aurait sa place dans les fables de La Fontaine… Cette seule idée lumineuse que les gens mauvais sont excusables et surtout secourables est proprement extraordinaire. Evidemment les petits adoreront, ont adoré… Mais c'est aussi un grand film pour tous les autres. Que celles et ceux qui ne l'auraient pas vu à l'époque ou rechignent à le (re)découvrir y aillent ou retournent les yeux grands fermés… Karaba n'est une sorcière que dans le regard des autres et du fait de la souffrance qu'elle a subie - transformant les autres en "objets obéissants"… Cette séquence finale qui voit la mère reconnaître son fils "avec le coeur" est également magique comme le sont les musiques, les personnages et encore une fois cet univers visuel si particulier. Un flamboyant classique !

mercredi 29 avril 2015

Black Coal


Du sang neuf au rayon "noir c'est noir" et il nous vient de Chine… Grand bien nous fasse ! Alors je préviens tout de suite, Black Coal n'est pas exactement le chef-d'oeuvre annoncé partout depuis qu'il nous est arrivé auréolé d'un Ours d'Or, d'abord parce que je n'ai pas été convaincu par la fin (plutôt déroutante) ni par les circonvolutions de l'intrigue lorsqu'on découvre le premier pot-aux-roses… Mais le film regorge par ailleurs de tas d'énormes séquences sur lesquelles se pose une voix singulière, un regard fascinant qui se matérialise par une mise en scène étonnante, très singulière. Quelques magnifiques moments dont la scène suspendue et torride de la grande roue (j'adore, comme j'adore cette femme fatale sous le charme brûlant de laquelle on est obligé de tomber) dans un décor quasi lunaire. Egalement quelques beaux exploits lors des séquences de patinage ou de déflagrations de violence froide et crue comme à l'issue du premier volet. Le héros est à cet égard un ours mal léché de circonstances, marqué par son passé et tombé sous l'empire de cette femme sensuelle et vénéneuse. Je finis en relevant une vraie grande cinéphile chez ce réalisateur avec de vraies références dont Le grand Sommeil auquel il emprunte à coup sûr ce mystère insondable dont se pare le film et ses personnages et qui survit à chaque nouvelle vision ! Et ça c'est plutôt fortiche...    

mardi 28 avril 2015

Les jours et les nuits de China Blue. Ken Russel


On oublie souvent que Kathleen Turner a été une grande actrice (la revoir aussi dans La Fièvre au corps, L'Honneur des Prizzi, Peggie Sue s'est mariée, La Guerre des Rose). Elle le prouve ici dans un film inclassable, qui m'a littéralement marqué quand je l'ai découvert à sa sortie… Loin d'être un chef-d'oeuvre, il n'en est pas moins fascinant, surtout dérangeant et vaut donc le détour comme souvent avec Ken Russell pour qui j'ai toujours eu une tendresse (notamment pour son inoubliable The Devils). Ici je me rappelle en vrac des appels à la vertu d'un pasteur cintré (Anthony Perkins) dans un quartier chaud, de cette femme mystérieuse, China Blue, à la double vie, à cet univers sulfureux d'une violence inéluctable à l'image du passé traumatisant de la jeune femme, d'un dénouement forcément tragique, mais voilà malgré d'objectives faiblesses, Les jours et les nuits de China Blue gagne (comme son réalisateur) à être connu.

Dark Crystal. Jim Henson


Grand Prix Avoriaz 83 mérité. Les effets spéciaux pour l'époque sont très novateurs et prouvent ce que des bouts de ficelle, de caoutchouc, de plumes peuvent donner comme vie et relief à un univers… Ce que le numérique ne pourra jamais… Rien que pour cela, revoir Dark Crystal est une belle et grande leçon qui (r)ouvrira les yeux des apôtres du tout numérique…  Je me rappelle encore de cette ambiance poisseuse, poussiéreuse, de ces oiseaux de malheurs engoncés dans des costumes étrangement classieux. Le film a évidemment pris cher visuellement mais la patte et le style inimitable d'Henson sont bien là… Le résultat, une sorte de Muppet show sous acide dont on ne souhaiterait pas l'univers cauchemardesque et suintant à son pire ennemi, est une sensation unique, ne ressemble (jusque dans les textures et les techniques utilisées) à rien d'autre… A redécouvrir donc ! Chacun y trouvera sa morale et son bonheur. Petits et grands.

Le Vent se lève. Hayao Miyazaki


Le vent se lève est déroutant parce qu'il ressemble finalement assez peu à tout ce à quoi nous avait habitué Hayao Miyazaki jusque là. Ce qui prédomine c'est cette fresque historique assez linéaire, très lisible, volontairement réaliste, qui passe en revue de grands et douloureux épisodes de l'Histoire du Japon via le prisme d'un inventeur de génie passionné d'aviation… Mais il y a constamment une partie immergée matérialisée par le rêve d'un héros et surtout l'amour de sa vie… Et  c'est là que Miyazaki l'air de rien fait mouche et nous transperce le coeur. Pour cette sphère intime, et les montées d'émotions, de larmes qu'elle provoque, Le Vent se lève est déchirant, beau à pleurer, triste à en mourir… A y repenser, on se retrouve bouleversé, le palpitant secoué comme Tokyo lorsqu'elle se retrouve défigurée par un tremblement de terre au cours d'une séquence absolument impressionnante. Ce qui encore une fois n'empêchera pas de trouver à la partie visible que j'évoquais plus haut (l'Histoire qui défile, les efforts menant le héros à la création des prototypes successifs d'avions..) certaines longueurs pas folichonnes et un académisme qui à mon sens affadit ou amortit quelque peu la puissance de cette immense et déchirante histoire d'amour.  

dimanche 26 avril 2015

The Plague Dogs. Martin Rosen


Authentique cauchemar canin… Deux chiens échappés du camp de la mort d'un obscur docteur Frankenstein se lancent à corps perdus dans la lande. Essayant de retrouver en vain une place (retrouver un maître) avant de décider de (re)communier avec la nature... Mais sont-ils vraiment doués pour les affres de l'état sauvage ? Au final, le sentiment qu'on en garde est surtout de les savoir au supplice, condamnés à errer dans les limbes comme deux sursitaires attendant d'être appelés dans le couloir de la mort… The Plague Dogs n'est évidemment pas à mettre entre toutes les mains (surtout pas celles d'enfants). Il s'agit d'un film sacrément noir, sombre, dérangeant, qui lorgne plus du côté de Vol au dessus d'un nid de coucou que de Rox & Roukie… Le dessin est austère, l'animation pas géniale mais privilégiant le réalisme (grattage du puce, léchage de plaie, le flair au pouvoir) et l'irruption de visions éthérées lorsque les traumatismes refont surface (peur de l'eau, enterrement d'un vieux sparadrap malodorant ayant servi de cache misère à ce qui fut probablement une tentative avortée de lobotomie). Les voix monocordes peuvent lasser, comme la succession molle de ces tableaux qui voient les deux héros se débattre sans grand espoir dans ce No dog's land mais il sera difficile de l'oublier, de ne pas s'en souvenir des années plus tard… Un film étrange, malaisant, pareil à nul autre, qui marque au fer rouge son spectateur… Ce qui explique qu'on soit dans une forme de communauté d'esprit avec nos deux héros. Even cobayes get the blues !                

jeudi 23 avril 2015

L'Age de Cristal


Quelques séries dans les années 70 m'ont fait rêver. Parmi elles, il y avait cet Age de cristal. ou plus exactement ce Logan's Run. Une série (jamais achevée faute d'audience) visionnaire et prophétique à coup sûr qui décrivaient fort bien le monde du XXIIIème siècle, clos, replié sur lui-même et sous un dôme, tourné vers les plaisirs charnels et matériels, vivant aux dépend d'une société entièrement robotisée… Un bien-être matériel (et pas spirituel un seul instant) obligeant l'ordinateur central, le grand régisseur, à réguler les populations de la planète en dessoudant tout humanoïde qui atteindrait l'âge canonique de trente ans…  Mais il faudra que je le revois tantôt parce que j'en retiens surtout de merveilleux et frissonnants moments : les combinaisons futuristes, les véhicules silencieux, les faisceaux lasers pour immobiliser les adversaires, et un univers vraiment immersif, matière soyeuse à rêver quand on avait une dizaine d'années. A quand un remake d'aujourd'hui histoire de tourner l'intégralité de ce qui avait probablement avait été écrit pour une saison complète mais avec des moyens dérisoires ?

Chicken Run


En y repensant, Chicken Run a forcément imposé quelque chose dans l'esprit d'autres créateurs puisque la seule idée d'une tentative d'évasion me rappelle ces conciliabules nocturnes au fond de l'aquarium de Nemo. Le poulet échappé d'un cirque fait immanquablement référence au Madagascar (même s'il s'agissait en l'espère d'un Zoo)… Chicken Run est délicieux comme la gueule innocente de Ginger, comme toutes les petites références bien senties au grand cinéma carcéral et d'évasion made in US. En revanche, on pourra déplorer quelque chose finalement d'assez plat (l'intrigue quand même fort simpliste et convenue d'un bout à l'autre : on veut s'échapper à tout prix, un coq échappé d'un zoo va nous y aider à une époque où la méchante fermière veut investir pour augmenter la productivité de sa petite entreprise qui commence à connaître la crise) et manquant d'aspérités, de complexité : je pense à ces locataires de l'aquarium qui dans Nemo avaient chacun une personnalité bien trempée, un passé trouble, des cicatrices… Ici en dehors de la binoclarde (donc première de la classe) et du vieux Coq militaire et radoteur, difficile de ne pas voir Ginger, Rocky, et une masse indistincte de poules obèses en arrière plan… L'union ferait-il a force ? C'est semble-t-il le message du film au risque de couper tout ce qui dépasse.    

Les Mystérieuses Cités d'Or


Franchement idéal pour les 4-6 ans, ce qui permet de les sensibiliser à l'esprit d'une série (ce côté "A suivre" qui crée l'envie, le désir de poursuivre l'aventure) avec dévoilement progressif de l'intrigue qui progresse harmonieusement. Autre avantage : leur faire découvrir de façon intelligente la richesse et le foisonnement de ces civilisations disparues d'Amérique centrale et du Sud (ici surtout Mayas et Olmèques). Ne l'ayant jamais vu plus jeune, j'ai découvert avec ma fille et reconnais apprécier l'univers, la musique (assez géniale) que ce soit celle du générique ou celle plus angoissante et minimaliste (Entre le clavier de Jean-Michel Jarre et celui du Goblin de Dawn of the Dead) des moments de suspense. En revanche, les péripéties sont trop redondantes (les mêmes adversaires qui reviennent à la charge quasiment à chaque épisode). Mais on s'attache néanmoins terriblement à ces 3 petits héros et le fait que la série ne fasse que 39 épisodes assez courts rachète la répétition agaçante des adversités et des mêmes pièges tendus sur le chemin qui mènera nos aventuriers vers le secret des Cités d'or. Autre souci tout de même sans rien dévoiler : Quelle étrange idée de vouloir présenter les Olmèques comme des extraterrestres sortis d'un épisode de Goldorak ??? 

Porco Rosso. Hayao Miyazaki



J'avais oublié à quel point Porco Rosso était un grand film émouvant, dépressif... et pour cause : parce qu'il nous parle de la nostalgie d'un temps qui ne reviendra plus : le temps des cerises. Le choix du thème musical n'est évidemment pas un hasard. Mélancolie lorsque Porco Rosso se remémore sa jeunesse (le beau visage qui était le sien) avant de se voir haché menu par la guerre et son cortège de funestes nouvelles (son nouveau visage peu amène est là pour en témoigner, comme imprimant les cicatrices du passé comme indiquant le peu d'estime et d'amour propre qu'il s'accorde). Souvenir et sentiment qui l'amènent à ne plus vouloir souffrir, et plus encore à vouloir ne plus faire souffrir… Mélancolie toujours dans ce jardin où Gina avoue l'attendre depuis toujours. Un lieu rêvé, hors du temps, où ils se croisèrent peut-être un jour, où ils laissèrent hélas passer la chance de vivre une aventure qui ne cessera dès lors de les fuir. Mélancolie encore dans ces îlots déserts de l'Adriatique constituant le décor propice à célébrer ces amours mortes. Autour, des pirates rigolards et facétieux, un aviateur américain rêvant de grands rôles à Hollywood, et surtout une jeune narratrice (on le comprend à la fin) qui par son rôle de témoin discret et par sa voix off renforce dans les derniers instants du film son caractère étrangement bouleversant. Celui d'un témoignage du passé.  Retenons enfin cette grande dernière idée que celle du visage retrouvé de Porco Rosso mais qu'on ne pourra faire qu'imaginer, pour notre plus grand bonheur et celui de notre imagination...

Les visiteurs du soir. Marcel Carné


Le cinéma fantastique dans toute sa splendeur ! Beaucoup d'idées, de la poésie, et si peu d'effet spéciaux… Je viens d'ailleurs de le faire découvrir à ma fille de 5 ans en partant de cette scène magique à la cour où Dominique sur un simple accord de mandoline arrête le temps au beau milieu d'une danse médiévale. Elle a adoré. Les chants de Gilles au regard amoureux plongeant dans celui d'Anne. On pourrait penser que non et puis si, même à 5 ans le génie fait son office et les grands films touchent donc le coeur à tout âge. Bel enseignement.  J'adore toujours cette idée de ménestrels venus semer le trouble, le chaos, la discorde dans une cour se préparant à des noces… Et je retiendrai aussi cette fabuleuse tirade de Jules Berry dans la peau du Diable au sujet des flammes qui s'élèvent dans la grande cheminée de la salle de banquet… Et quel plus beau final que cette tentative désespérée du Diable pour éteindre un amour, pour faire cesser de battre deux coeurs qui s'aiment et dont les battements continueront pourtant de résonner encore et encore… Une forme de résistance en période d'occupation. Métaphore, démons et merveilles...

lundi 20 avril 2015

Pas son genre. Lucas Belvaux


Au départ j'avoue avoir été un peu gêné par les atours trop lumineux, trop évidents de cette dialectique amoureuse lorsqu'elle est passée au crible de la lutte des classes, de tout ce que la Culture en pareille circonstances peut créer l'air de rien comme cataclysmes et drames humains… Le jeu des acteurs peut d'ailleurs agacer dans ces dialogues posés un peu trop à plat et ces "mon chaton" à tout bout de champ qui m'ont d'ailleurs passablement énervé ;) Mais il faut s'accrocher parce que le final est une réussite, qu'il est assez bouleversant parce qu'il quitte brutalement les rails qui lui semblaient promis rendant ainsi aux personnages leur insondable vérité, une fragilité, une complexité salutaires. Ou comment restituer au film dans ses derniers instants (surprenants et tragiques) son mystère et sa beauté. je trouve d'ailleurs Emilie Dequenne effarante de vérité. Bref, sur une thématique par si courante au cinéma de l'amour déterminé par les origines socio-culturelles, Pas son genre vaut quand même le détour.

Les Demoiselles de Rochefort. Jacques Demy


Je viens de le découvrir avec un peu de retard à l'allumage. Je connaissais quand même le thème et la plupart des chansons du film. Là-dessus, rien à redire, Michel Legrand porte bien son nom. En revanche que c'est interminable, que ça casse même la tête par moments… J'ai dû prendre de l'aspirine après… Sentiment bizarre que ça ne s'arrête jamais. Limite torture. Et côté scénario, les jolis quiproquos ne vont hélas pas chercher bien loin, ce qui n'arrange rien. De même qu'on se demande vraiment ce que vient faire ce fait divers sanglant et cette femme découpée au couteau par ce cher Mister Dutroux… WTF ??? Quel message voulait-on nous faire passer ? Qu'il faut toujours se méfier des vieux rondouillards à lunettes ? Bref, mieux vaut se revoir des passages ponctuellement sur le net que de se taper ces 2 heures de film objectivement trop longuettes... 

jeudi 16 avril 2015

Jacky au royaume des filles


L'exemple typique de la comédie ratée. Un univers qui peine à exister dès les premiers plans… Et même si il y a un pitch facile et vendeur (on va partir d'une réalité, d'un constat et en modifier les paramètres pour provoquer le rire et … hum hum la réflexion ???) il est suffisamment creux pour alimenter un sketch de Groland, guère plus… Le problème c'est de vouloir en tirer un truc d'une heure trente avec une intrigue à la Cendrillon alors qu'on n'a même pas eu le temps de croire une demi seconde à cet univers parallèle (lui donner une réalité aurait dû occuper une grosse partie du temps et de l'énergie des scénaristes, ç'aurait pas été du luxe). Bref, voir la bande annonce peut amplement suffire.

mardi 14 avril 2015

D'une vie à l'autre. Georg Maas


On pourra toujours critiquer, j'insiste néanmoins sur le fait que ce film est à voir ne serait-ce que pour le véritable sujet en or qu'il développe. Fascinant !!! Sorti de cette évidence, D'une vie à l'autre force d'abord l'admiration par la maîtrise de son sujet et l'angle d'attaque envisagé : cette histoire d'usurpation d'identité sur fonds d'espionnage traitée comme un thriller historique (avec ce qu'il y faut de mystères et de flashs-backs savamment distillés) est une riche idée en soi. Mais elle l'est d'autant plus lorsque le réalisateur parvient à ne pas négliger pour autant la dimension familiale, intime et personnelle, divinement incarnée par une brochette d'acteurs épatants. Notamment cette actrice principale qui me rappelle étrangement une Angela Merkel jeune (le regard surtout). Deux très beaux moments : le premier pour frissonner met en scène un landau glissant le long d'une rue en pente forte. L'autre, fracassant d'émotion vraie, met en scène la révélation vertigineuse devant 4 générations directement impactées par ledit séisme. Bref un solide mélo habillé comme un thriller avec du souffle, du suspense, et qui a le mérite de nous dévoiler les coulisses d'une histoire secrète de la Stasi et des sacrifices humains consentis pour mettre en route sa politique d'infiltration.  De la belle ouvrage réalisée en toute modestie.

lundi 13 avril 2015

Diplomatie. Volker Schlondorff


A mon sens, Diplomatie vaut le coup pour l'incroyable prestation habitée de Niels Arestrup. Fantastique  acteur décidément. André Dussolier est moins à la fête parce qu'on le connaît tellement par coeur (jusque dans ses moindres intonations et mimiques)  qu'il a du mal à faire oublier l'acteur derrière le personnage. Je crois par ailleurs fermement qu'un tel huis-clos sur une scène de théâtre doit être magique parce qu'il suscite l'imagination du public pour deviner ce qui se joue de nuit puis au petit matin  derrière les rideaux de ce lieu plein d'une histoire encore vivace. Les anecdotes sur le voyeurisme de Napoléon III doivent également prendre une saveur toute particulière pour ce public en embuscade dans l'obscurité de la salle. Le film n'est pas mauvais mais il est assez plat côté mise en scène et pas extraordinaire côté dialogues. Il n'apporte rien de décisif si ce n'est encore une fois ce plaisir à venir détailler par des gros plans chaque expression, chaque regard de ce merveilleux acteur qu'est Niels Arestrup. Ca évidement, le théâtre ne le peut pas.

The Best Offer. Giuseppe Tornatore


Le climat d'étrangeté de la première heure envoûte d'autant que Geoffrey Rush (excellent dans ce rôle de vieux garçon qui rappelle énormément Peter Sellers) nous met divinement dans l'ambiance. Et puis tant de mystères autour de cette demeure en décrépitude ne laissent pas indifférents… Mais ensuite que ce thriller devient longuet et surtout que tout ceci se révèle convenu - on voit tout de même rapidement venir cette histoire d'arnaque qui en avançant finit par gagner en lisibilité et trivialité ce qu'elle perd hélas en magie vénéneuse, en authentique charme Hitchcokien… Le final nous laisse du coup sur notre faim, désorienté après avoir été embarqué plus de deux heures pour un film de petit malin (on pensera évidemment aux Neuf Reines côté gigantesque coup monté avec énorme révélation à la fin) qui aurait largement fait l'affaire sur 1h20… Une offre un peu (sur)gonflée pour le dire autrement ! 

Last days of summer. Jason Reitman


Un film Klug ! La deuxième partie fonctionne quand même bien mieux avec cette pseudo tension qui monte à l'heure de prendre la tangente. J'ai également été touché par la (sempiternelle) séquence émouvante de retrouvailles de la toute fin. Mais dans l'ensemble, c'est indigeste comme une pâte mal cuite : les flashs back et les voix off sont par exemple de curieux choix qui ne font qu'alourdir un mélo "tarte à la crème" jouant la carte rebattue du gentil bad guy échappé de prison pour devenir le temps d'un week-end la figure du père (de substitution) idéal, rêvé, viril et séduisant au sein d'un foyer qui en est privé. Josh Brolin qui au passage sans la barbe rappelle étrangement le Nick Nolte qu'on a aimé  dans les années 80 et avec la barbe plutôt le Charles Bronson du début des années 70. Une figure masculine plus cliché tu meurs, capable de nettoyer les gouttières, réparer la voiture, changer la plomberie, et cerise sur le gâteau préparer de délicieuses apple pies… Ecoeurant, comme cette musique compassée pour bien nous expliquer et nous ré-expliquer ce qu'on est en train de consommer… Bien trop sucré !

vendredi 10 avril 2015

My Sweet Pepper Land


Curieux objet cinématographique, charmant au premier abord mais à la longue un peu trop campé dans des postures "indés"... Avec ses rifs de guitare lancinants, on se croirait d'abord dans un western tourné par un Jarmush des mauvais jours. A d'autres moments, on pense à Gatlif et son outrance mais surtout son talent pour dénicher des gueules et des trésors de sensualité (ici l'actrice principale qui illumine le film). Le plus important à mes yeux c'est que la multiplication de ces habillages tout à tour farfelus et cruels pour faire passer un message (socio-politique) ne prend pas, on trouve le temps long et cette histoire pas vraiment passionnante. Sans parler d'une mise en scène assez quelconque. Bref, pas de quoi pavoiser. C'est bien de s'essayer à des sujets d'actualités par le truchement du genre (le western évidemment) mais le résultat laisse franchement à désirer...

jeudi 9 avril 2015

Ida


Je sais bien qu'avec le recul on peut regretter la simplicité désarmante des enjeux narratifs d'Ida… Oui mais le film est absolument fantastique parce qu'il parvient justement à émouvoir, à captiver par des jeux insensés, inhumains autour du cadre (rarement vu pareil travail sur l'image), de sorte que chaque nouveau plan éblouit littéralement, se présente de telle façon que le hors champs vient nous hanter, que la moindre texture, le plus petit filet de fumée s'échappant d'une théière nous saisit, nous remplit, nous laisse pantois. J'espère surtout qu'après avoir vu Ida chacun réalisera par comparaison ce que le cadre chez Wes Anderson peut avoir de complètement froid et sans substance. Sans vie aucune. Ici ça fourmille, tout respire, même quand il ne se passe rien. Aucune symétrie d'aucune sorte ne vient empêcher les  corps de déborder, les visages de flotter, composant un cadre laissant ainsi deviner plus qu'il ne montre… L'actrice est terriblement attachante, le couple qu'elle forme avec sa tante aussi. A vrai dire, on voudrait les avoir rencontré ce fameux soir, au bas de ces escaliers en colimaçon, aux abords d'une scène au carrelage à damiers où se joue chaque soir après la fermeture le sublime Naima de Coltrane. Alors oui, Ida est envoûtante. Elle nous emplit avec elle d'une mélancolie douce, de la délicatesse de ces petits moments de grâce qu'on a tous connus er qui nous parlent forcément ! Un petit miracle. Fragile et délicat. Qu'on voudrait prendre dans ses bras. Comme son héroïne.  

mercredi 8 avril 2015

States of Grace


Attachant petit film indé US sur les ados en souffrance. Notamment une jolie note finale avec ce dernier travelling au ralenti qui en reprenant le mouvement d'introduction, referme habilement la boucle. Après, s'il faut se pencher plus en détail sur le film il comporte nombre de problèmes. L'installation, l'exposition de ces jeunes sous traitement dans un centre spécialisé n'avait franchement pas besoin d'un film pour passionner. Je crois que rien ne remplacera jamais en la matière un bon vieux docu à vivre aux côté de vrais jeunes, avec de vraies vies cabossées et qui essayent de refaire surface. Parce qu'en l'état la fiction et ses musiques exhalant bien trop de pathos résonnent comme "du creux et des larmes"... Heureusement la VRAIE fiction reprend ses droits au bout de 30 minutes lorsqu'on comprend que les encadrants sont également d'ex enfants avec des pathologies souvent proches de celles vécues par les jeunes d'aujourd'hui. Et que Grace va bientôt connaître le drame de voir son père sortir de prison (avec ce que cela peut comporter de souffrance dans la confrontation à venir, c'est qu'elle aussi a été maltraitée, damned). On entre alors vraiment dans States of Grace dont la dernière ligne droite est bien plus accrocheuse. Mais la mollesse de la mise en scène et la timidité des intentions derrière la caméra comme le côté mièvre de la petite love story de pacotille ne suffiront pas à convaincre totalement. Reste comme je le disais un film honnête, sympathique, touchant (notamment la scène finale de l'hôpital) mais facilement oubliable.       

Joe


Ô la bien belle entrée en matière. Comme dans les grands romans. Première séquence étouffante à ciel ouvert autour d'une voie ferrée. Ou comment rendre irrespirable le grand air. Des laissés pour compte, des gens à la marge qui dans une grande ville vivraient sous un pont, stigmatisés, ou ne vivraient plus du tout… Pas ici ! Par ici, tous les chats sont gris, fondus dans un décor fascinant. Par ici, l'on semble attendre quelque chose, mais quoi ?  Peut-être ce train qui n'arrivera pas. Le plus fort à vrai dire c'est de nous faire supposer d'entrée par le jeu d'un montage alterné (d'une intelligence rare) que le jeune c'est Joe (Nicolas Cage) et que Joe c'est ce jeune surgi d'un lointain passé trouble (dont on ne saura d'ailleurs jamais rien). Une façon de rappeler au-delà de la ressemblance voulue, de la filiation recherchée entre les 2 personnages, que ce lieu austère les a précédé et leur survivra, qu'il ne change pas, ne se défigure pas, ne souffre d'aucune agression extérieure (et surtout pas du poids des années). Aucun coup de hache, aucun délicieux poison, rien n'y fera. L'Amérique profonde se succède à elle-même, comme les fantômes qui la hantent, nous imprègnent de leur mystère, de leur insondable humanité dans ce décor immuable. Le temps venu des éternels recommencements. Aux chairs lacérées sur un visage répondent les coups secs au canif dans le poitrail du daim lesté comme un sac de boxe. Le règne animal. Au son effrayant du crâne brisé répond la morsure fatale d'un chien gros comme un bison. Au diable la morale. Chacun la sienne par ici. On fait ce qu'on peut avec ce qu'on a. Le temps semble s'être arrêté mais les plaies du passé, elles, sont bien là, palpables, prêtes à se rouvrir n'importe quand, sans la moindre raison valable… D'où l'incroyable tension qui tient le spectateur d'un bout à l'autre,  dans l'attente de la prochaine déflagration sans jamais savoir ni où ni quand elle se produira.    Le paternel frappe humilie ou tue, puis amuse le fiston dans une séquence fabuleuse de break Dance, tentative dérisoire de transmettre enfin, de redevenir quelques instants gracieux la figure rassurante du bon père de famille. Acteur et gueule mémorables au passage tout comme ce jeune homme étonnant de vérité dans ce rôle de "condamné" par la vie et qui illumine le film de son regard puissamment innocent. Tous deux immenses comme tous les autres personnages du film (le flic repassé, le dérangé balafré...). Tout sonne tellement vrai chez Joe ! Et quelle prestation hallucinante de Nicolas Cage que je retrouve enfin après tant d'années à faire semblant. C'est d'ailleurs sûrement le plus émouvant à mes yeux, parce que ce personnage, c'est un peu le Sailor de Sailor et Lula (les tatouages, la silhouette affinée, l'aigle fièrement porté dans le dos)  mais après une trop longue vie carcérale, orphelin de son passé, en quête d'oubli mais pas de rédemption, sans qu'on sache vraiment ce qu'il a fait tout ce temps, sans qu'on sache jamais qui sont ses enfants, ce qui le ronge tellement à l'intérieur... J'ai d'ailleurs espéré en vain sur ce pont éclairé par la lune qu'il susurre enfin au flic (simple et relation vraie entre les deux fabriquée de regards qui en disent long, de silences respectueux, de non-dits aussi) quelque chose au sujet de Lula et chacun, ému aux larmes, aurait compris...  Et tout ça ne fait qu'augmenter l'empathie pour Joe, le plaisir de voir Nicolas Cage revivre de façon si flamboyante, jusqu'à enflammer la pellicule. Je termine sur cette volonté farouche du réalisateur de renier tout manichéisme dans la description des personnages, elle est tout aussi louable. Or que n’ai-je entendu dire d'un Joe qui déborderait de clichés crasseux ???? Ce film est au contraire un modèle de subtilité (aucun gentil, aucun méchant) où chaque personnage est imprévisible jusqu’à se montrer attachant après avoir brutalement ôté une vie…  Donne moi ton fric, je te dissoudrai, donne moi ton sang, je t’absoudrai. Chaque personnage commet l’irréparable, franchit allègrement toute frontière morale au péril de sa vie et surtout de celles des autres avant d’avoir un geste d’empathie (la main du père sur le crâne en morceaux du clodo contre son arbre), un mot tendre (tu es mon frère ? avant le suicide qui vaudra noblesse et lucidité au regard de tout le mal qu’il aura causé)…  C’est l’immense prouesse  du film que de tremper ses âmes en transit dans le clair-obscur et les méandres indistincts de l’existence. La vraie. Où naissent les frontières après tout ? Jamais ailleurs que dans nos petits cerveaux formatés. Joe est une claque d'autant plus fabuleuse et salutaire que la critique a récemment porté aux nues l'aseptisé, le quelconque, le poseur Mud (dans une veine proche et terriblement surestimé). La comparaison fait mal. Joe est droit et vrai dans ses bottes crasseuses jusque dans cette séquence de fin, désuète en apparence mais qui renvoie divinement à ce cycle éternel (inauguré avec le père puis la figure du père) dans un lieu qui gardera son mystère jusqu'au bout. Je crois donc de mon devoir d'encourager toute personne qui serait passée à côté de plonger corps et âme dedans. Joe gagne vraiment à être connu.                         

vendredi 3 avril 2015

Iron Sky


Ce qui frappe au début c’est le manque de moyens qui affadit cette séquence d’alunissage introductive… Mais on sait aussi déjà qu’on sera dans du 1000ème degré, dans un truc plus proche de Y a t-il un pilote dans l’avion ? que du film d’aventures spatiales qui se respecte.  Et c’est vrai que côté humour et décalages en tous genres, on n’est pas en reste pendant 30 minutes. Dès qu’on retourne sur Terre, le machin s’égare, se contentant de trop peu pour nous maintenir en éveil, Iron Sky devient alors poussif, répétitif et plus très drôle… C’est le problème quand on a une bonne idée de départ bien barrée (les Nazis se sont planqués sur la face cachée de la lune au lendemain de la seconde guerre mondiale) et qu’on sait plus trop quoi en faire ensuite… Hautement dispensable.

The Wrong Mans



Qu’ils sont fortiches ces rosbeefs ! The Wrong Mans est franchement tordant de rire, ça commence comme un thriller labyrinthique, ça se poursuit comme une épure de The Office, puis l’on comprend rapidement que cette série donne au mot Quiproquo quelque chose de sacré. J’avais pas piqué des fous rires comme ça depuis un moment. Alors je préviens tout de suite, il ne fait pas s’attendre à un truc profond ni de très haute volée côté scénario. Le principe est de tourner en dérision un genre, de traiter par l’absurde la trame d’un thriller haletant. On obtient du coup une sorte de version monthy pythonesque d’Ennemi d’Etat et ça marche même si la répétition des vases communicants (des histoires s’ouvrent les unes après les autres comme des fichiers sur le bureau d’un ordinateur devenu fou) peut finir par lasser. N’en reste pas moins des séquences hilarantes, ubuesques, rendues possible par ces 2 acteurs fabuleux. Le maigrichon a la démarche de Mister bean et le visage d’une star de la pop anglaise.  L’autre, joufflu, sort davantage d’un univers à la Shaun of the dead. Je note que le format est également idéal (29 mn par épisode, c’est le top, ça permet d’avaler la saison 1 en une soirée). Bref je conseille. A regarder, je promets de vraies grosses belles tranches de rire sonore. De quoi surprendre le voisinage.

jeudi 2 avril 2015

Kon-Tiki


D'abord il faut dire qu'on l'aime ce "bateau de fortune" construit pour les besoins de l'anthropologie, des recherches sur nos origines, sur les étapes supposées du peuplement de notre planète… D'ailleurs très fidèle, on imagine, à l'original, Il est cosi, confort, rappelle ces maisons dans les bois qu'on construisait quand on était jeune et qu'on avait la chance de passer du temps en forêt… Pas du tout l'austérité d'une embarcation comme celle d'Aguirre voyez… C'est d'ailleurs le souci de ce film qui aurait à mon sens amplement mérité la griffe Disney… parce qu'évidemment les héros (lors de belles séquences joliment filmées d'ailleurs) vont croiser des monstres marins, des méduses fantastiques, du plancton phosphorescent, des gros requins pas si méchants (quand l'un de nos héros tombe sans le vouloir à l'eau). Et puis ça regorge de bons sentiments (on ne contrarie pas le capitaine quand il est question resserrer les troncs qui leur servent planches de salut) et de courage (quand l'un vient au secours de l'autre malgré les prédateurs qui rôdent autour)… Et pis cerise sur le bâââââteau, ils ont tous des têtes (même barbus) à tourner des pubs pour un parfum masculin qui vanterait le goût de l'aventure… Voilà pourquoi c'est peut-être pas mal de le voir en famille avec des enfants qui eux se régaleront c'est sûr… Enfin pas avant 9/10 ans quand même, il y a notamment une ou deux scènes assez crues dont le massacre au couteau d'un gros requin malchanceux... 

mercredi 1 avril 2015

American Crime Saison 1 & 2


La saison 1 rappelle énormément Collision, un film que j'avais pas adoré, puzzle choral autour du thème des a priori raciaux, du conditionnement social, de la tolérance à géométrie variable… Mais Collision était pleurnichard, bavard et donneur de leçons. L'avantage de la série (qui ne s'offre pas facilement, rentrer dedans demande pas mal d'efforts je reconnais) c'est qu'elle se donne le temps de creuser des personnages, des secrets de famille, une histoire aux multiples visages. Et autant les 3 premiers épisodes ne m'ont jamais emballé, autant le quatrième commence à nous rendre cette histoire d'homicide et les personnages qui la font vivre plus complexes qu'il n'y paraît… J'attends la suite mais franchement pas inintéressant dans ce postulat réaliste et anti-spectaculaire au possible. Ce qui n'empêche d'ailleurs pas quelques incursions fantastiques comme cette sublime pluie de carcasses de voitures autour d'un couple enlacé de camés (celui de l'affiche).

En revanche, ouïe, ouïe, je reprends ici le fil de ma critique parce que ça dégénère sévère à partir de  l'épisode 5, ça devient lourd, parfois cliché et surtout pas franchement trépidant avec ce qu'on sent être une volonté d'étirer comme on peut ce qui tient lieu d'histoire pour tenir dans les clous de 12 épisodes... Soudain très bof, franchement. Voire indigeste. On peut d'ailleurs y ajouter l'indigence de la mise en scène qui s'affirme beaucoup plus clairement autour des épisodes 7, 8 et 9. Reste un final imprévisible et assourdissant qui laisse sur le cul.

Je reviens ici parler de la Saison 2 qui est en revanche un bijou ciselé, qui fonctionne beaucoup mieux d'entrée, faisant de nous les témoins d'une agression sexuelle dans une faculté américaine et qui va avoir des répercussions insoupçonnées... Les mêmes acteurs se retrouvent à jouer de nouveau rôles et il faut un peu de temps pour s'accoutumer. Mais si l'on veut apprécier à sa juste la valeur et la force de cette série US je conseille vraiment de commencer par la Saison 2. Assez phénoménale.