jeudi 9 avril 2015

Ida


Je sais bien qu'avec le recul on peut regretter la simplicité désarmante des enjeux narratifs d'Ida… Oui mais le film est absolument fantastique parce qu'il parvient justement à émouvoir, à captiver par des jeux insensés, inhumains autour du cadre (rarement vu pareil travail sur l'image), de sorte que chaque nouveau plan éblouit littéralement, se présente de telle façon que le hors champs vient nous hanter, que la moindre texture, le plus petit filet de fumée s'échappant d'une théière nous saisit, nous remplit, nous laisse pantois. J'espère surtout qu'après avoir vu Ida chacun réalisera par comparaison ce que le cadre chez Wes Anderson peut avoir de complètement froid et sans substance. Sans vie aucune. Ici ça fourmille, tout respire, même quand il ne se passe rien. Aucune symétrie d'aucune sorte ne vient empêcher les  corps de déborder, les visages de flotter, composant un cadre laissant ainsi deviner plus qu'il ne montre… L'actrice est terriblement attachante, le couple qu'elle forme avec sa tante aussi. A vrai dire, on voudrait les avoir rencontré ce fameux soir, au bas de ces escaliers en colimaçon, aux abords d'une scène au carrelage à damiers où se joue chaque soir après la fermeture le sublime Naima de Coltrane. Alors oui, Ida est envoûtante. Elle nous emplit avec elle d'une mélancolie douce, de la délicatesse de ces petits moments de grâce qu'on a tous connus er qui nous parlent forcément ! Un petit miracle. Fragile et délicat. Qu'on voudrait prendre dans ses bras. Comme son héroïne.  

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