lundi 30 mai 2016

The Revenant


J'aimerais que l'on se replonge illico dans le fabuleux et méconnu Seraphim Falls qui met en scène une course poursuite à mort entre deux hommes, un western remarquable culminant dans une scène "chevaleresque" que The Revenant repompe allègrement...

C'est que tout ici est pillage : d'idées centrales dans le Convoi sauvage (l'homme laissé pour mort qui va dès lors chercher à se venger de ceux qui l'ont abandonné derrière lui), de projets de grandes envolées visuelles et lyriques chez Malick ou Tarkovsky, enfin de ce terrible et sublime Seraphim Falls. Alors il ne reste dès lors plus grand chose sinon d'interminables filets de salive, de longues focales de regards vides, et combien de râles à la mort d'un homme qui gratte la terre à coups d'ongles cassés, sur le ventre et semblant nous implorer à chaque nouveau plan de lui remettre l'Oscar... Voilà qui pour finir est too much. Trop d'intentions exacerbées sur une durée bien trop longue.. Et pour tout dire c'est sur le fonds aussi niais que ce combat final à coups de "plante-moi ton couteau dans la cuisse et je te couperai l'auriculaire à la machette"...

dimanche 29 mai 2016

Les huit Salopards


Je ne m'étais pas trompé... La chute libre continue avec un film invertébré, sorte d'improbable vaudeville des neiges (quelque part entre la Soupe aux choux et la Cage aux folles), où l'on semble entré dans l'autoparodie verbeuse d'un réalisateur qui ne sait plus où il habite et pire qui ne sait absolument plus quoi raconter... Alors il convoque les vieux fantômes et se cite lui-même comme on parle de soi à la troisième personne. C'est rarement bon signe.

Seul sur Mars. Ridley Scott

C'est vrai que pour commencer un film sur l'isolement d'un homme face à la mort devrait donner lieu à de grands moments de silence, de recueillement, de contemplation béate ou d'instants de détresse absolue... Je repense forcément au très réussi Seul au Monde de Robert Zemeckis. Or voilà que notre personnage organisé et pointilleux comme c'est pas permis nous débite un verbiage qui n'en finit pas face caméra... Je comprends bien par ailleurs l'ode en creux à l'inventivité à une époque où plus aucune place ne semble faite à l'improvisation, mais comme l'on ne s'inquiète pas le moins du monde ni la moindre seconde pour le héros, bah forcément on finit rapidement par se tourner les pouces... Et puis ajoutons que c'est d'une durée monstrueuse par rapport à une idée qui aurait pu faire l'objet d'une petite série B astucieuse d'une heure vingt tournée dans le désert australien... Bref à regarder seulement si on se retrouve seul sur Mars avec ce seul film à voir... Et encore..

lundi 14 mars 2016

The Frankenstein Chronicles Saison 1


Certes Sean Bean est un excellent acteur qui vieillit bien et à qui sied idéalement ce rôle d'anti-héros pas très fut-fut et qui va l'apprendre à ses dépends... La reconstitution de l'époque est également assez bluffante, rien à redire de ce côté-là d'où une immersion curieusement agréable dans les eaux saumâtres et pestilentielles d'un décor criant de réalisme. En revanche, ça ronronne trop, les méchants sont rapidement identifiés pour des motifs que l'on connaît depuis la nuit des temps (vouloir devenir Dieu soi-même pour tuer l'ennui entre soi, entre gens de la haute société) et la série en pâtit rapidement épousant le regard un peu perdu, benêt du personnage incarné par Sean Bean qui alterne l'incrédulité et la colère. Le comble vient de ce qu'on voit hélas arriver le triste final de très très loin  surtout sur un sujet pareil (ramener les morts à la vie, mode d'emploi). Bref une série sympathique, avec de gros moyens mais souffrant d'une mollesse et d'un académisme au niveau de l'écriture et du rythme qui fait qu'on pourra tranquillement passer son chemin.

dimanche 13 mars 2016

False Flag Saison 1


Série israélienne qui tente assez vainement de creuser la veine de 24. PAs une seconde de répit. Des agents triples à tous les coins de rue et des rebondissements qui arrivent à l'écran comme des hoquets... Ca fonctionne le temps d'un épisode et puis ça devient vite indigent. On peut éviter !

Sorcerer. William Friedkin


Quelle extraordinaire séquence finale dans ce bourbier du bout du monde où le capitalisme continue d'acérer ses griffes, de se jouer de l'homme devenue quantité négligeable sur l'échiquier d'intérêts pharaoniques, où le grand capital aiguise encore et toujours l'appétit des affamés en agitant sous leurs yeux de biche une pitance dérisoire. Et puis ce mouvement de caméra un peu dingue par delà la forêt de toits de tôle d'un purgatoire à ciel ouvert redonne sa pleine mesure au film noir, revenant   convoquer les fantômes du passé qui ne nous ont jamais vraiment quitté...

Elle fait aussi écho à cette entrée en matière si moderne dans sa construction, si dissonante et qui déjà rappelle combien l'argent pour l'argent alimente le terrorisme aveugle, engendre des tueurs à gages, donne vie à des patrons véreux, stimule le grand banditisme... Rien que pour cette ouverture en "united colors of tranches de mort" (les effets néfastes de la mondialisation capitaliste y serait-elle déjà montrée du doigt ?) et ce final grandiose, Sorcerer est un immense film qui s'affranchit du Salaire de la peur de Clouzot pour en faire quelque chose de bien plus sombre, dantesque et politique.

Le coeur du film n'est pas en reste, convoquant le destin de 4 mercenaires en quête de rachat et qui cherchent une issue au purgatoire pour rejoindre le monde des vivants. Cette opportunité s'offre sous la forme d'un chemin de croix, traversée furieuse de fleuves en crue et de rivières de troncs au coeur d'une nature hostile et déchaînée. Des séquences dantesques qui longtemps restent en mémoire. 

S'il fallait peut-être trouver un défaut, ce serait la difficulté à créer du suspense avec les soubresauts de la machine folle quand la dynamite se résume à deux cageots pris dans le sable à l'arrière. Les champs contrechamps peinent à créer cette tension folle dans les moments de crise. Quelques effets spéciaux bien sentis auraient peut-être contribué à rendre la peur et le suspense encore plus palpables, mais à l'époque Sorcerer a forcément fait souffler un vent de modernité parce qu'on le sent encore souffler aujourd'hui, chaud, enveloppant...  Depuis la structure même du film, son coeur intact. Le charme agit toujours et je confesse m'être laissé ensorceler.

samedi 12 mars 2016

Foxcatcher


Le fameux film Canada Dry qui nous joue toutes les ficelles du drame psychologique autour de la manipulation d'un esprit faible par un homme aussi puissant que pervers...

Mais il y a tout au long du film quelque chose qui cloche. Quelque chose se refuse obstinément au spectateur. C'est le problème qu'on rencontre avec certains films de Paul Thomas Anderson (The Master notamment). Il y a comme une raideur dans la construction, dans la caractérisation des personnages surtout. je pense par exemple à Steve Carrell qui n'est jamais que l'acteur grimé, ce qui rend toute immersion impossible. A la limite du ridicule. Et qui en fait des tonnes et des caisses sans jamais exprimer le moindre scrupule sous son maquillage.

Seul Mark Ruffalo surnage comme d'habitude. Acteur monstrueux qui donne chair et vie à ce personnage du grand frère comme personne. Alors que son petit frère Channing Tatum a comme l'a justement relevé la critique de La Voix du Nord  "une carrure de zébu et un regard de koala". Rien que ça.

Etonnant par ailleurs sur un sujet comme celui-là que le problème du dopage ne soit jamais abordé. Comme sont tout aussi étonnantes ces innombrables ellipses incompréhensibles : pourquoi diable le grand frère se décide finalement à rejoindre la team ???? On ne le saura jamais clairement. Pourquoi autant de sous-entendus sur l'homosexualité des deux protagonistes centraux (le jeune lutteur et le milliardaire) sans aucune révélation ou piste de réflexion pour accréditer cette thèse alors qu'on semble surtout être dans un rapport sadique de manipulation ?

Et puis mince, sur ce thème, très franchement, la comparaison faut mal si l'on revoit le très grand  Ma vie avec Liberace.de Soderbergh. Même thème mais on atteint alors des sommets de cinéma !

Bref Foxcatcher reste une arnaque molle, un de ces "produits d'auteur", joliment proprets, avec ce qu'il faut d'aspérités (la scène d'ouverture laissant deviner l'odeur de la craie mêlée à celle de la transpiration) pour oser venir affirmer à qui voudrait l'entendre sa folle envie de tâter de l'Oscar...

Birdman


Etonnant film que Birdman. Inattendu parce que je n'imaginais pas un instant Inarritu dans un tel registre.

Sur le plan de la mise en scène, il n'y a guère à redire. C'est même époustouflant. Enormément de superbes moments émaillent le film, entraînés que nous sommes dans un tourbillon qui n'est jamais aussi puissant efficace que dans l'excès, la surenchère, un trop plein divinement incarné par  Edward Norton proprement hallucinant. Il y a une sorte d'hyperactivité qui se dégage de Birdman, le genre d'épilepsie qui peut agacer mais la pilule est passée pour moi car l'outrance et la satire rendent la chose jouissive.

Le film pêche davantage dans ses moments mélodramatiques, lorsqu'il se veut plus sombre, plus empesé notamment dans un pseudo dénouement à la Black Swan (en l'occurence au masculin). Le mélange des genres n'est hélas pas très heureux, qu'on suive ces longues discussions avec l'ex-femme du personnage principal ou qu'on assiste tièdement à la relation naissante de sa fille avec le personnage incarné par Norton sur fonds d'Action / Vérité. Ces intermèdes peinent à intéresser, et n'apportent pas grand chose à un schmilblick narratif qui à mon sens aurait gagné à rester dans la veine hilarante de cette folle échappée en slip dans Times Square. Divin moment parmi tant d'autres. C'est là que le film fait mouche, quand il ne se prend pas aux sérieux. Parmi les ratés, je pense également à ce face à face avec la critique de théâtre qui n'enfonce que des portes ouvertes sur le pouvoir de quelques personnes aussi mesquines soient-elles pour décider du sort d'une oeuvre..... Comme cette dernière scène et son envolée lyrique qui vient explorer une dernière piste, poétique, celle-là, histoire d'avoir bien balisé tous les genres au passage... Ce côté touche à tout finit par laisser froid parce qu'on ressent bien trop l'effet recherché pour la énième fois. Trop de calcul pour finir.

En fait le film n'est jamais aussi brillant sur lorsqu'il nous plante là, nous laisse éclaté de rire devant un Norton qui s'étouffe sur scène parce que son verre a remplacé l'alcool fort par de l'eau claire. Simple, direct et hilarant. Dès qu'affleurent les clins d'oeil au Fantôme de l'Opéra, Shining etc, ou qu'on cherche vainement à nous raconter le destin shakespearien de ces acteurs maudits qui veulent mourir sur scène, le film redevient à l'image du cinéma d'Inarritu, poussif, un peu prétentieux, et surtout prévisible (l'histoire du faux revolver qui nous fait entrevoir une heure trop tôt le dénouement du film)...

Mais il faut néanmoins le voir pour ses immenses prouesses techniques et ces moments "viagresques" qui secouent nos carcasses de rires sonores et caverneux. 

American Sniper. Clint Eastwood



Je vais essayer d'être objectif sur mon ressenti : même s'il est fort inégal, American Sniper sur le plan de la réalisation et du rendu à l'écran est d'abord très efficace avec même une cadence et une maestria dans les scènes de combats qui hissent le film au rang de grand spectacle sans jamais négliger une vraie cinéphilie dont quelques clins d'oeil bien sentis à de glorieux aînés (Full Metal Jacket en tête). Ce qu'il semble apporter de plus et de fascinant se situe surtout dans une critique habile et discrète de la propagande en temps de guerre et de son implacable méthode pour façonner, écraser les esprits.... Emballé c'est pesé !

Propagande initialement incarnée par le père qui lors d'un repas familial va figer dans l'esprit du fils le rêve un peu flou d'un gardien de troupeau qui ne cessera plus de l'habiter aveuglément jusqu'à la révélation artificielle qu'il en sera devenu un devant les terribles images du 11 Septembre. Ou comment l'aveuglement d'un homme (d'une nation ?) le pousse vers un combat sans vrai mobile profond.

Propagande dans le fait d'ériger un tueur au long cours (plusieurs centaines de victimes souvent civiles, soldats de plomb, improvisés, de pacotille) en légende : quoi de plus cynique !

Propagande dans le fait d'ériger son alter ego (celui qui au fond est pourtant chez lui, "envahi", occupé) en ennemi public insaisissable, Le Boucher... D'où cette scène  symptomatique du face-à-face qui rappelle furieusement Face Off. L'un n'étant jamais que le versant obscur ou lumineux de l'autre. Deux faces d'une même pièce. Dès lors qu'il tue son double on devine qu'il vient aussi de mourir un peu... Ce qui amène logiquement le retour du zombie exhibant ses cicatrices invisibles dès lors qu'elles sont morales. 

Propagande qui aura eu raison du cerveau de la Légende au point qu'il explique paisiblement chez son Psycombien les morts provoquées le hantent bien moins que les vies non sauvées de ses camarades... Retour à la problématique binaire de l'enfant toujours prisonnier des lunes manichéennes de son propre père et incapable de véritable empathie ou de complexité qui pourraient soudain nous le rendre sympathique. Mais c'est probablement le but recherché. J'insiste d'ailleurs sur l'antipathie manifeste qu'inspire le personnage tout au long du film, manquant cruellement de finesse d'analyse ou d'héroÏsme véritable (il est à l'origine de la bataille finale qui provoque indirectement la mort de beaucoup d'hommes dont nombre de ses compatriotes)... On le sent tout le temps jouet de ses obsessions, confortablement planqué derrière son viseur avec ses idées reçues.

Et l'on se reprend à penser à ces scènes où maladroitement, une femme, un enfant, un vieillard font preuve d'amateurisme, d'hésitation humaine au coeur de sa lunette... Et sa posture interroge soudain, met mal à l'aise. Le spectateur devenant comme lui spectateur et acteur assez lâche d'une scène qui met en jeu une morale et des choix éthiques profonds. La lunette rend-elle justice à ce qui se trame réellement sous ses/nos yeux ? N'est-elle pas au fond le miroir déformant de cette propagande à l'oeuvre - et habilement critiquée - durant tout le film ? N'est-elle pas de même une façon de nous interroger sur les vraies valeurs du tueur en planque confortablement dissimulé sur son toit à siroter un coca-cola en enfilant les victimes comme le High Score d'un First Person Shooter pendant que ses enfants naissent et grandissent dans un confort de carte postale à l'autre bout du monde ?

Le résultat ne donne finalement pas raison à cette analyse, question de tonalité peut-être de maladresses dans certains choix, dont une scène finale trop univoque ou trop intelligemment équivoque...  Mais l'intention semble être là, dans une volonté d'interroger silencieusement les manoeuvres d'une nation pour envoyer au charbon ses enfants, pour les traumatiser en fixant dans leur esprit une idéologie primaire censée les convaincre de s'engager, sans réflexion personnelle.. L'histoire du gardien de troupeau est là pour en attester. Une forme d'atavisme qui interdit toute réflexion salutaire chez le personnage principal qui finit de fait drogué à la violence comme le cowboy à l'adrénaline qui précède l'entrée dans l'arène calé sur le dos d'un taureau prêt à tout pour rester, contrairement  à lui, libre et sauvage.

Clint Eastwood filmerait-il dès lors la guerre comme les conséquences d'un embrigadement, d'un aveuglement qui culminent avec cet épilogue (à l'instar de l''affiche et du titre du film) rappelant que la seule légende qui vaille en pareil cas c'est toujours celle que le pays écrit avec le sang de sa jeunesse sur de belles images vendeuses d'un triste rêve américain.

C'est pour cela que malgré ses défauts de fabrication, American Sniper mérite amplement d'exister et devrait avec le temps retrouver son statut de film de guerre beaucoup plus ambigu qu'il n'y paraît au premier regard.

vendredi 11 mars 2016

Sous X


Sous X a d'emblée les défauts du film qui se voulait brut, sans fioritures, proche du documentaire. C'est du coup, pas de bol, assez laid, pas très emballant, d'autant que le scénario loin d'être irréprochable enfilent les problèmes de rythme comme des perles. Mais voilà, le charme agit malgré tout, il y a d'abord la belle et grande interprétation de l'acteur principal, fabuleux de vérité. Il contribue à la véracité du projet qui nous saisit à la gorge. Et rien que pour lui, pierre angulaire du projet (c'est aussi le réalisateur et l'on sent le vécu affleurer tout au long du film) Sous X est malgré d'immenses défauts une curiosité qui vaut amplement le détour. Voilà notamment qui dans le registre change du tout venant hexagonal. Et  que ça fait du bien ma bonne dame !

mercredi 13 janvier 2016

Charlie et la chocolaterie


Autant je n'ai pas du tout aimé la version de Tim Burton écoeurante d'effets numériques et de "trop plein la vue", autant j'encourage à redécouvrir celle-ci, visionnaire dans sa première partie, y faisant la part belle à une satire audacieuse, une critique sans faiblesses de la société de consommation qui a fait de nous ce que nous sommes devenus... Des êtres affamés des prochaines soldes, à l'affût du gain phénoménal qui à la loterie des petits espoirs fera de nous les rois abusés d'un jour.... Un monde où le règne des apparences n'est pas prêt de finir... Et puis quel plaisir de redécouvrir ce fantastique Gene Wilder dans le rôle trouble de Wonka. Car, derrière la comédie musicale se joue un drame morbide (la disparition brutale de plusieurs enfants), une méchanceté jouissive et un regard d'une acuité folle sur le monde actuel accouché par le tout puissant capitalisme, depuis lors sans rival.

Une fois dans le monde de Wonka, la film est moins puissant, longuet par moments, mais garde franchement de fantastiques atouts comme cette scène du couloir où l'on doit de courber pour avancer et qui aura probablement influencé Spike Jonze pour son fameux étage et demi de Being John Malkovitch.

Class 84

Je ne sais pas si ce film a la place qu'il mérite dans nos souvenirs de cinéphiles... Rarement on le voit repasser à la télévision, rarement je le vois diffuser dans des rétro, rarement j'en entends parler dans des discussions passionnée sur les soirées video club du début des années 80. Or Class 84 a été pour moi un choc. Il tient une place toute particulière dans ma mémoire. Une violence pas vraiment suggérée, la démonstration d'une jeunesse déboussolée et offerte à la cruauté la plus crue qui plus est dans un cadre scolaire censé la contenir, la canaliser...  Traumatisant comme cette scène finale où "l'ennemi de l'ordre" pend au bout d'une corde vaincu par le gentil prof qui s'est entretemps mué  en vengeur implacable voire en bête sauvage... C'est l'époque qui voulait ça en même temps de Mad Max au Justicier dans la ville de Mel Gibson à Charles Bronson. mais se greffe ici la dimension scolaire, l'univers de ce qui faisait notre quotidien à l'époque avec en plus une référence évidente à Orange Mécanique. Petite série B soit mais curiosité donc que cette déflagration scolaire de l'année 1984. 

dimanche 10 janvier 2016

Magic in the moonlight


Voilà le genre de film qui n'est léger qu'en apparence, frivole qu'à la surface... Ici comme ailleurs chez Woody Allen lorsqu'il est en forme l'alchimie est particulièrement réussie entre intrigue quasi policière (les fantômes d' Agatha Christie ou de Conan Doyle sont évidemment convoqués) et comédie franchement romantique... Cette dernière ne venant remporter la partie qu'à l'instant magique où l'éternel sceptique (formidablement campé par Colin Firth) réalise que c'est en s'abandonnant,  que c'est en lâchant prise qu'il peut enfin atteindre aux grands sentiments et gagner le droit d'être amoureux, de s'assumer comme tel, jusqu'à décider d'aller déclarer sa flamme, rien que ça... Le  film touche alors à une forme de perfection qui cloue le bec et enterre pas mal de comédies romantiques de ces dernière année tant la narration opposant science et magie, rationnel et sentiments fous, fait mouche en permanence... Terriblement touchant et follement intelligent comme souvent avec Allen

jeudi 7 janvier 2016

Le Pont des espions. Steven Spielberg


Il faut d'abord préciser aux amoureux des passerelles en tout genre que de Pont il est finalement très peu question dans ce nouvel opus de Spielberg qui se veut être une ode à la détermination, à une forme de jusqu'au-boutisme en matière d'honnêteté et de foi aveugle dans la "justice des hommes"... Justice évidemment jamais rendue dans les faits sans une contrepartie, sans un sacrifice à la clé (qu'il soit une monnaie d'échange sur le plan diplomatique ou le deuil d'une partie de soi sur le plan familial).

Dans l'ensemble le plus intéressant restera à mon sens la dimension ubuesque, les pièges tendus, les doubles sens, les fausses identités, le fait d'entretenir en toute chose le flou pour avancer à couvert sans perdre de vue son objectif (quitte à y laisser un manteau et sa santé)... D'où l'impérieuse nécessité de se doter d'une colonne vertébrale, d'une vision pour savoir vers où l'on chemine... C'est le cas de ce personnage principal, incorruptible, indéfectible défenseur des droits universels. Et force est de reconnaître que Tom Hanks, ample et lumineux, incarne assez puissamment cette soif de justice avec un grand J ! 

Mais dans l'ensemble, Le Pont des espions est tout de même un petit cru de son auteur, plat, longuet, et surtout versant trop dans le bon sentiment, la guimauve qui finit par empester le spectateur... C'est dommage parce qu'en restant sur le terreau paranoïaque et schizophrène des négociations à mots couverts il y aurait eu matière à accoucher d'un objet vertigineux sur la diplomatie et la partie d'échecs silencieuse dont elle est bien souvent l'objet, surtout dans des périodes de tensions pareilles. La fin est assez réussie, rigolote parce qu'elle rappelle l'épilogue de l'Homme qui en savait trop (James Stewart retrouvant ses amis qui ont dormi tout le temps que l'aventure aura duré...). Clin d'oeil intentionnel ? Difficile à dire mais ça fonctionne...

mercredi 6 janvier 2016

A most violent year


Juste après avoir vu ce A Most Violent Year, impression curieuse... Un peu comme si je venais de voir la version Disney de Scarface... Alors je me dis que le titre est une boutade ou que le réalisateur se fiche éperdument de son sujet voire de son spectateur... La sève d'un tel sujet est désespérément absente, impalpable, phagocytée par le besoin du réalisateur de tout édulcorer, de tout simplifier, de s'en tenir à la chronologie et rien qu'à la pauvre chronologie, à la soporifique droiture d'un personnage principal en butte à la voracité de sa compagne, prête à tout contrairement à lui...

Mais que c'est lourd, que tout est souligné de mille traits. Alors voilà, ensemble ils incarneraient Janus aux deux visages, la face lumineuse et celle, cachée, du capitalisme dévoreur d'âmes en quête perpétuelle d'espaces à conquérir... Pauvre film et pauvre métaphore sur un sujet où tout a tellement été dit que même le choix de ces années 80 n'a rien de très judicieux. Autant se replonger dans des films ayant abordé ce cynique rêve américain en ayant été tourné dan les seventies / eighties !

El Ardor


Pour le joli travail sur l'image, la torpeur ambiante et la transposition d'un genre dans une jungle inextricable et humide à vous bousiller les articulations, El Ardor est un petit western tropical qui peut se regarder sans déplaisir. Mais en revanche que les personnages manquent de charisme et que l'intrigue est fainéante au possible parce que le film paraît rapidement très long...

Restera pour moi cette très belle séquence du tigre qui apparaît lorsque le mystérieux héros s'est endormi au pied d'un arbre majestueux, sorte de fromager. titanesque... Image pas mal pompée au passage sur l'univers fantasmagorique de Weerasetakhul mais qui envoûte malgré tout.