samedi 12 mars 2016

Birdman


Etonnant film que Birdman. Inattendu parce que je n'imaginais pas un instant Inarritu dans un tel registre.

Sur le plan de la mise en scène, il n'y a guère à redire. C'est même époustouflant. Enormément de superbes moments émaillent le film, entraînés que nous sommes dans un tourbillon qui n'est jamais aussi puissant efficace que dans l'excès, la surenchère, un trop plein divinement incarné par  Edward Norton proprement hallucinant. Il y a une sorte d'hyperactivité qui se dégage de Birdman, le genre d'épilepsie qui peut agacer mais la pilule est passée pour moi car l'outrance et la satire rendent la chose jouissive.

Le film pêche davantage dans ses moments mélodramatiques, lorsqu'il se veut plus sombre, plus empesé notamment dans un pseudo dénouement à la Black Swan (en l'occurence au masculin). Le mélange des genres n'est hélas pas très heureux, qu'on suive ces longues discussions avec l'ex-femme du personnage principal ou qu'on assiste tièdement à la relation naissante de sa fille avec le personnage incarné par Norton sur fonds d'Action / Vérité. Ces intermèdes peinent à intéresser, et n'apportent pas grand chose à un schmilblick narratif qui à mon sens aurait gagné à rester dans la veine hilarante de cette folle échappée en slip dans Times Square. Divin moment parmi tant d'autres. C'est là que le film fait mouche, quand il ne se prend pas aux sérieux. Parmi les ratés, je pense également à ce face à face avec la critique de théâtre qui n'enfonce que des portes ouvertes sur le pouvoir de quelques personnes aussi mesquines soient-elles pour décider du sort d'une oeuvre..... Comme cette dernière scène et son envolée lyrique qui vient explorer une dernière piste, poétique, celle-là, histoire d'avoir bien balisé tous les genres au passage... Ce côté touche à tout finit par laisser froid parce qu'on ressent bien trop l'effet recherché pour la énième fois. Trop de calcul pour finir.

En fait le film n'est jamais aussi brillant sur lorsqu'il nous plante là, nous laisse éclaté de rire devant un Norton qui s'étouffe sur scène parce que son verre a remplacé l'alcool fort par de l'eau claire. Simple, direct et hilarant. Dès qu'affleurent les clins d'oeil au Fantôme de l'Opéra, Shining etc, ou qu'on cherche vainement à nous raconter le destin shakespearien de ces acteurs maudits qui veulent mourir sur scène, le film redevient à l'image du cinéma d'Inarritu, poussif, un peu prétentieux, et surtout prévisible (l'histoire du faux revolver qui nous fait entrevoir une heure trop tôt le dénouement du film)...

Mais il faut néanmoins le voir pour ses immenses prouesses techniques et ces moments "viagresques" qui secouent nos carcasses de rires sonores et caverneux. 

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