dimanche 30 novembre 2014

Le Pacte des Loups. Christophe Gans


Incompréhensible succès ! Je me rappelle d'une vraie grande séance de rigolade devant Le Pacte des Loups. Le ridicule ne tue pas et c'est tant mieux parce que la paire Le Bihan (qui détient la palme) - Cassel en atteint des sommets dans une scène de ratatinage de citrouilles... Très, très mauvais film jusque dans l'apparition finale d'une bête à pleurer de rire... Décidément, Christophe Gans a sûrement du talent mais il manque de recul ou d'auto-dérision. Son Cryng Freeman était déjà aussi creux et affecté que celui-ci est ridiculement empesé. C'est ce qu'il lui manque le plus : de l'humour. Peut-être faudrait-il qu'il s'attaque à la Comédie pour tuer le signe indien. Mais d'ici là, passons, y compris notre chemin !

Adaptation. Spike Jonze


Certains ont évoqué pas complètement à tort un film de "petit malin". Même si je comprends ce qu'ils ont voulu dire par là, je ne suis pas totalement d'accord... Bon c'est vrai, je n'adore pas l'intrusion d'une force irrésistible, du hasard, de la fatalité à la toute fin du film pour justifier un truc qui du coup ne fonctionne curieusement pas vraiment... Une façon comme une autre de se tirer une balle dans le pied. Curieux, comme de l'auto-mutilation, du sabotage intime... En même temps, je vois ça comme une façon de nous dire que tout ceci n'est qu'une vue de l'esprit, une habile et humaine construction, Forcément imparfaite. L'un des multiples scenarii pour nous raconter cette histoire-là. Et même si j'ai toujours été gêné, assez peu convaincu par la chute, tout ce qui vient avant est tellement fort de mémoire, tellement intelligent, tellement généreux à l'image de cette interprétation fragile, toute en nuances de Nicolas Cage), qu'il faut voir et revoir ce film. Parce qu'il fait aimer le cinéma et ses créateurs. Bigrement ! Fichtrement ! A la folie !        

samedi 29 novembre 2014

Alexandre. Oliver Stone


Colin Farrel en Alexandre le Grand ? On dirait surtout un footballeur espagnol peroxydé. Le Fernando Torres des débuts peut-être ? Et chaque nouvelle tirade vous arrache des gloussements ... "Ooooh par l'Euphrate, je jure que l'aventure commmeeeence ici mes amis. Darius nous vaincrons ici et maintennnnnant". Gros violons derrière, ralentis aussi... Confier le destin d'Alexandre sur pellicule à Olivier Stone c'est un peu comme si on demandait à Patrick Sébastien d'écrire les mémoires de Rimbaud voyez... Y a comme un problème de casting, A éviter, sauf si on veut rigoler.   

vendredi 28 novembre 2014

L'empreinte de la mort. Philippe Martinez


L'empreinte de la mort reste un film fauché, bancal, une série quasi Z mais il a curieusement un certain charme qui fait qu'on n'a pas envie de le massacrer... Ca n'est d'abord pas exactement le film de Baston classique auquel nous avait habitué jusque là JCVD. Parce qu'il y a comme un parfum de Film Noir qui flotte sur cette histoire de vengeance. Mais il y a surtout que c'est la première fois qu'un réalisateur arrive à faire de Van Damne un véritable acteur, une authentique gueule cassée... Et rien que pour cette sensation à la vision du film, ce dernier valait le coup d'exister !

A Touch of Sin


Il y a d'abord dans A Touch of Sin un réalisme fracassant. On a vraiment le sentiment de côtoyer les personnages et de se promener dans ces décors parfois urbains parfois industriels (de grandes friches, des carrières...), parfois étouffants (Lieu de charme, usine). La Chine populaire n'a jamais si bien porté son nom. Cette immersion dans le réel tranche avec le soin méticuleux apporté aux scènes de fulgurances. Car il est ici question de personnages (femmes et hommes) qui déchaînent soudainement leur violence parfois au bord de la crise de nerfs, par émotivité, y compris contre eux-mêmes et parfois beaucoup plus froidement, cliniquement, pour exécuter un contrat par exemple... Ces histoires mises bout à bout seraient inspirées de faits divers. Ce qui se sent très fort à l'écran. Il n'y a pas de hasard.

J'adore particulièrement le premier segment dont le personnage principal est un fusil, littéralement. Très vite le tireur s'efface derrière le canon qui chaque fois qu'il apparaît provoque des sueurs froides. Je suis moins fan des 3 suivants (le tueur masqué puis la passeuse qui pète les plombs puis la bluette d'adolescents et leurs inévitables désillusions...).

On se demande d'ailleurs si le film aurait eu la même force, la même intensité, sans cette constante d'un épilogue sanglant ou simplement choc au terme de chaque nouvelle histoire. Je veux dire par là : ces déflagrations gardent-elles leur efficacité lorsqu'elles sont aussi systématiques ? Je ne le crois pas. Enfin, j'ai surtout un problème avec l'enchaînement des segments d'histoires qui sonnent souvent comme des trucs bien commodes et pas très réfléchis (un camion renversé, un bus,...) pour créer un lien, une harmonie quelque peu factice au final.. Mais sinon, c'est fort, mieux que n'importe quel voyage en Chine. Regardez ce film, ça prend aux tripes.             

Zodiac. David Fincher


Excellent film, longuet il est vrai, mais passionnant sur le soin apporté à la complexité des personnages principaux (qui sont nombreux) et curieusement pas vraiment sur la chute (qui d'ordinaire constitue le seul véritable intérêt dans ce type d'exercice à savoir le "Whodunnit?"). Un contrepied qui est louable et rapproche le propos du film d'une radiographie (pas piquée des vers) de la faillibilité en matière de jugement (justice, subjectivité propre à l'Homme, imparfaite parcelle d'humanité, pièce d'un puzzle qui le dépasse)... Le film met aussi à l'honneur un dessinateur et nous rappelle que chacun est légitime pour contribuer dans des domaines d'expertise qui ne sont pas les siens dès lors que LA passion est là.  A la fin, on aimerait d'ailleurs pouvoir retrouver les personnages encore des années plus tard, dans un futur opus à naître, pour savoir ce qu'ils sont devenus. Et rien que pour ça, Zodiac est une réussite...


Notes additionnelles après re-vision

Je viens de le revoir. C’est vrai qu’il y a un sens ondulant du rythme qui rend sa vision et sa re-vision pas chiantes pour un sou. Et quelle direction d’acteurs : tous phénoménaux, guère d’autres mots. A le revoir, j’ai trouvé très fort cette charge contre un « fédéralisme » exacerbé qui rend la reconstitution du Puzzle criminel d’autant plus délicat. Quand des crimes sont commis dans divers Etats, la responsabilité de la police s’en trouve nécessairement diluée, morcelée, et ça sert évidemment l’atmosphère ubuesque et parfois comique de cette véritable odyssée de la recherche éperdue de sens, à défaut de vérité. Une tour de Babel centrée sur la résolution d'une énigme. L’autre message qui passe toujours aussi bien est celui de cette passion reine (du dessinateur apprenti policier, du créatif apprenti scénariste, de toute personne animée par une envie saine et « pure » et pas encore emberlificotée dans un professionnalisme susceptible d'éteindre cette lumière…) qu’il faut savoir garder intacte en toutes circonstances. Et à y repenser, les badges « I am not Avery » (du nom du journaliste devenu la cible prioritaire du Zodiac) ne sont pas sans rappeler les récents slogans « je  suis Charlie » et « je ne suis pas Charlie » stigmates d’une époque de surmédiatisation de tout fait divers surgissant dans l’actualité et auquel il faut donner un sens à tout prix... Sous peine de dérailler, de sombrer corps et âme. Or tout le film nous crie le contraire. Donner du sens à tout prix n'est pas l'essentiel, pas plus que trouver la vérité ou la solution à un problème. C'est en toute chose le chemin qui compte. L'invisible échaffaudage de nos vies à l'oeuvre. Fincher est grand !

mardi 25 novembre 2014

La vie d'Adèle. Chapitre 1 & 2


Mon coup de gueule de l’année. Il y a pour commencer un énorme problème de construction narrative sans la moindre complexité. Trop linéaire. Mise en situation lycéenne classique puis relation à naître de l’héroïne (Adèle) et du beau type de la classe. Et ça ne se passe pas bien. Evidemment. Alors ça se termine et Adèle n’a pas vraiment l’air heureux. Elle lui dit "c'est fini" et voilà que Môssieur part fâché. Elle décide donc pour se changer les idées de sortir avec son copain homo. Et là, Adèle rencontre enfin sa future déjà entraperçue dans une première scène anodine et téléphonée (après une  scène de baiser lesbien au lycée qui laisse comprendre qu'elle en a du goût pour les femmes). Ca fait déjà une heure et c'est d'une platitude à toute épreuve.

Puis arrive le temps de la relation physique. Et on se dit que c’est un peu comme si Gus Van Sant avait eu la (très) mauvaise idée d'obliger River Phoenix et Keanu Reeves à se travailler au corps pendant une plombe à coups de langue sur un lit dans My Own Private Idaho ? Ca ne fonctionne pas. On sent un regard masculin posé sur ces corps qui rappellent davantage un étalage de viande. No Feeling. D'ailleurs la scène de cul avec le garçon était déjà pas très intelligemment filmée. Des plans trop larges, trop fixes, une lumière trop crue. Tout le contraire des ébats adolescents qui recherchent souvent la ritualisation de l’acte quand il y a des sentiments comme cela semble être le cas ici... On n’est jamais dans la tête de ces jeunes gens mais aussi extérieurs à la scène que le réalisateur derrière sa caméra ! Voilà le deuxième gros problème du film : les scènes de sexe sont complètement ratées et bien trop longues... Il suffira de revoir un chef-d‘œuvre comme Intimité de Patrice Chéreau pour le comprendre immédiatement. Des scènes qui mettent davantage mal à l’aise pour les 2 actrices qu’en empathie pour les personnages… Il aurait fallu qu'elles soient vraiment dedans, qu'il y ait un vrai regard, de la caméra à l’épaule, des plans qui tremblent qui vivent qui respirent avec les personnages… Au contraire s'empare de nous la crudité mécanique la plus totale, une tension vaine sans vrais échanges de regards, qui interroge d’ailleurs sur la nature du film : est-ce un traité sensuel et sensible sur une passion physique ou une réflexion autour des sentiments passés au crible de l'éternelle lutte des classes ? On peut légitimement s’interroger en observant ces parents un peu simples, mangeant des spaghettis d’un côté, un peu bourgeois et gobant des huîtres de l’autre… Si tel était le cas, il aurait alors fallu donner aux personnages secondaires une importance bien plus grande qu'ils ne l'ont. Or on se contente de silhouettes pleines de clichés crasseux sur leurs conditions respectives.

Arrive ensuite la longue Pâtes Expo. Adèle est devenue instit. Léa expose enfin. Plus de copains homos, plus de copains tout court, plus de famille, plus de parents… Juste les amis de celle qui expose pour bien faire comprendre que l’une a absorbé l’autre dans son univers. Ca ressemble furieusement à une bouffe de fin de tournage sans grand intérêt y compris dans le contenu. On pourrait très bien voir une scène où un personnage parle mollement de ses hémorroïdes. Le réalisme ou la vraisemblance ne fait pas un cinéma vérité à tous les coups. On a par ailleurs coupé les cheveux de l’une et changé la couleur de ceux de l’autre pour faire comprendre qu’on est désormais plus loin dans le temps. Binaire, encore et toujours. Il y a aussi dans cette séquence des anecdotes pas fines autour de la problématique des « t’aimerais avoir un enfant ? » « les femmes sont-elles différentes des hommes au pieu ? »… Ensuite évidemment la causalité binaire se poursuit. « Tes amis me mettent mal à l’aise. Je me sens complexée ». Et Léa une fois au pieu de bien faire comprendre qu’elles sont entrées dans le cycle de la monotonie qui tue l’amour. C’est plus trop la passion. La preuve, Léa à Adèle « j’ai mes règles »… Comble de la connerie et du déroulement mécanique d’une rupture annoncée avec ses étapes plan-plan du soir où le corps ne veut plus exulter.

Puis le temps fait son oeuvre, inexorablement, L’une rentre tard, l’autre va danser… Et se laisse un peu aller. Elle dira plus tard « s’être sentie seule ». Une révélation cosmique ! Elle ne serait donc pas complètement homo, juste une femme délaissée ? Et hop 1+1=2. Le soir de la rupture est là devant la porte. Le mec la dépose en voiture pas bien loin. Il est d’ailleurs pas bien malin. Que veut-il au juste ? On ne le saura pas. Encore un personnage de façade sans autre intérêt que de passer les plats. Ils s’embrassent alors. Léa a tout vu. Crise de larmes et on se sépare. L’une peut imposer à l’autre de la virer… Lutte des classes en filigrane sans grand relief. Toute personne installée chez une autre quelle que soit sa situation d’origine aurait pu faire les frais d’une telle crise après un sentiment de trahison vécu douloureusement. Ou alors il fallait se pacser les filles ? Acheter ensemble ? Je ne sais pas moi…

Adèle a toujours le même regard perdu qu’au début du film dans le bus avec le beau gars du lycée… Toujours la même ossature de personnalité, toujours la même bouche charnue entrouverte (tic ultra énervant) et offerte à la caméra d’un réalisateur fétichiste ou obsessionnel ou les deux.

Puis c’est le climax kleenex dans le bar : irréel. Seuls 2 plans permettent de comprendre qu’elles ne sont pas seules mais ça ne fonctionne pas… Le verre de vin censé arrivé n’arrive jamais. Et ça pleure et ça pleure et j‘ai surtout vu des comédiennes à bout de souffle, j’ai imaginé la durée des prises, des prises de tête, et j’ai vu de vraies grosses larmes comme chez les 2 victimes expiatoires d’un obsessionnel. On ne sent jamais l’histoire d’amour, on sent 2 actrices exsangues…

La scène de plage comme celle de la fête de fin d’année à l’école sont plutôt réussies même si elles n'apportent comme les scènes de classe pas grand chose… Arrive alors la toute dernière. Celle du vernissage, quelconque si l'on repense là encore à la force tellurique du final de Splendor in the Grass d‘Elia Kazan. Celle-ci en comparaison paraît tellement plus mièvre, insipide qu'elle ne l'est déjà. On rappelle bêtement que voilà deux mondes différents qui ne parviennent pas toujours à se comprendre. Alors que tout le film s’est voulu à l’écran comme l’immersion dans une relation surtout physique et passionnelle. Contraste étrange. Le réalisateur n'aurait pas su choisir complètement sa voie ? C'est ce que je pense en plus des maladresses.

Je termine en disant qu’adjoindre une structure fictionnelle sur ces thématiques sentimentales, amoureuses, passionnelles, physiques (le polar mystérieux et métaphysique dans Mulholland Drive. Le genre fantastique et catastrophe dans Melancholia, la structure  rationnelle dans 5*2) n’est jamais en option mais ajoute souvent un vrai truc, une colonne vertébrale qui est absente de ce film. Et même quand elle paraît ne pas y être et bien bingo elle y est quand même : l'unité de temps et de quasi lieu dans Faces de Cassavetes par exemple. Ce qui change tout ou presque. Décidément, je ne comprends pas l’emballement devant un truc aussi mal fagoté. Mais bon on dira que je suis peut-être passé à côté…

dimanche 23 novembre 2014

Machete Kills. Robert Rodriguez


Rodriguez ne fait même plus semblant de faire des efforts et Danny Trejo ressemble à une vieille momie qu'on aurait retrouvée dans le grande Pyramide de Gizeh. Hazanavicius en aurait sûrement fait un truc dément mais là,vraiment trop c'est trop ... A fuir !

vendredi 21 novembre 2014

Les sorcières de Zugarramurdi. Alex De La Iglesia


De La Iglesia n'est plus que l'ombre de lui-même parce qu'il est à l'image de ses héros masculins du début, en totale roue libre... La séquence d'intro est rigolote dans l'esprit (une attaque à mains armées par des gars en tenue de carnaval) mais la réalisation est indigente au possible. Plus aucune exigence d'aucune sorte... Comme un ours mal léché qui roterait en oubliant de s'excuser. Seul passage à sauver le fameux sabbat de Zugarramurdi sur les accords éternels de Baga Biga Higa, Laga Boga Xega...

jeudi 20 novembre 2014

OSS 117. Le Caire Nid d'espions


C'est fort, c'est très fort. J'avais peur d'un truc qui ferait sketch étiré sur 1 heure trente, mais non, au contraire. le scénario se tient vraiment (à part la chute, enfin la dernière ligne droite un peu bâclée de mémoire) et on suit les élucubrations de ce héros pas très malin. Et on rit, et on rit.... Le plus grand rôle de Dujardin sans conteste. Ce costume et ce côté français râleur et inculte à l'ancienne lui vont comme un gant. Allez osons le qualificatif : un presque grand film !

Tabou


Le tout début n'est pas rassurant. On est empêtré dans un présent immobile et à certains égards on pense à du film d'auteur dans ce qu'il peut avoir de plus prévisible et de plus énervant. Plans interminables, silences censés en dire long, visages interdits... Et puis voilà il s'agit forcément de la chronique d'une vieillesse aux abois dans un quartier populaire de Lisbonne... Bref ça va heureusement vraiment décoller dans la deuxième partie formellement très travaillée (noir & blanc, muet) avec ce récit initiatique qui nous est conté au passé, en privilégiant une narration simple et pleine d'une candeur délicieuse. Une passion dévorante et paradoxalement quelconque, sans surprises. C'est d'ailleurs la limite de Tabou. On pourrait lui appliquer une morale de l'histoire qui ne surprendra personne : les histoires d'amour finissent mal en général, même sous d'autres cieux, même au temps du Portugal grande puissance coloniale, même en noir & blanc, même à l'époque reculée du muet... Sinon c'est beau, surtout la partie remémorée.

mercredi 19 novembre 2014

Vol au-dessus d'un nid de Coucou. Milos Forman


En 1976, les Cahiers du Cinéma évoquent au sujet de Vol au-dessus d'un nid de coucou le "droit de résister, de ne pas se résigner à tout ce qui brime l'Homme". Comme tout était si bien dit ! Vol au-dessus d'un nid de coucou façonne un remarquable hymne à la survie de l'esprit, réaffirme la liberté de penser que nous devons nous échiner à préserver, coûte que coûte quelle que soit l'adversité. Penser par soi-même mais plus encore rester soi-même y compris quand on se retrouve broyé par un système... Un très film du grand Milos Forman et qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler Une femme sous influence et le drame que constitue la tentative d'une institution (d'une société) de couler un être original, hors normes, dans le moule étouffant des conventions !

mardi 18 novembre 2014

Le nom de la rose. Jean-Jacques Anneau


C'était le premier thriller du temps de l'inquisition. Un Sean Connery épatant, d'ailleurs toute une jouissive galerie de personnages secondaires pour l'entourer... Une pléiade de gueules cassées comme aux plus belles heures du western Leonien et puis l'intrigue valait également le détour (étonnante révélation dans les recoins obscurs de quelques livres secrets autour du rire qui pervertit) tout comme l'atmosphère unique de cette Abbaye. Pas revu depuis 1986, mais sûrement toujours aussi étrangement envoûtant.

lundi 17 novembre 2014

Là-Haut


Là-Haut comme souvent chez Pixar possède un point de départ assez fabuleux en s'attaquant assez frontalement au sujet (tabou) de la vieillesse, de l'isolement, d'une fin de vie laborieuse... L'idée d'un maison qui s'envole littéralement n'est d'ailleurs pas sans rappeler le largage des amarres du gigantesque immeuble du Sens de la vie.... Comme un Paquebot prenant le large ! Oui mais voilà, comme parfois quand le point de départ est à ce point extraordinairement poétique, la suite a du mal à tenir la distance. La fin ralentit le rythme et amortit l'air de rien ce démarrage en fanfare. Ca reste bien mais trop sagement écrit par la suite. Pixar semble alors être devenu ce vieil homme trop raisonnable du prologue... Serait-ce l'effet contraignant du cahier des charges Disney ? Peut-être...

dimanche 16 novembre 2014

Quantum of Solace


Dans ce James Bond, le meilleur et de loin c'est encore le titre. Il claque ce titre, il fait fichtrement envie ! Le film est une déception à la hauteur de ce que fut au rayon bonne surprise Casino Royale. Une première demi-heure plutôt réussie avec ce qu'il faut de sensationnalisme porté par un Daniel Craig toujours aussi bon - là dessus rien à dire. Et puis on revient ensuite sur un déroulement aussi basique que possible avec notamment un Mathieu Amalric pas crédible une seconde en super méchant... On a coutume de dire que la réussite d'un film de ce genre est souvent le fait d'avoir donné vie à un méchant très réussi... Et bien voilà une preuve que cette règle est ici respectée ! Pas bon ce Quantum of Solace , pas bon du tout !  

Les Autres. Alejandro Amenabar


Amenabar au top. Franchement guère de défauts dans un thriller fantastique intelligent qui s'inscrit parfaitement dans l'héritage de films comme Les Innocents (Clayton) ou The Changeling (Medak). Sobriété, étrangeté, suspense, théâtralité revendiquée d'un petit monde anxiogène de fantômes, et au bout des interrogations qui s'accumulent légitimement une révélation renversante mais qui tient la route. Bref, presque tout y est. On pense aussi forcément côté dispositif au Sixième sens de Shyamalan.

vendredi 14 novembre 2014

L'Arnacoeur


Ô que ça fait plaisir de voir enfin une jolie comédie française, bien troussée, bien jouée, qu'on sent écrite avec intelligence et une envie de plaire plutôt que de vendre... De mémoire voilà un film très sympathique et finalement assez original dans le genre (Comédie Romantique). Prime à l'écriture donc et chapeau bas au scénariste. Pour un résultat somme toute assez sage.

jeudi 13 novembre 2014

Apocalypse Now. Francis Ford Coppola



Quel que soit l'angle d'attaque, l'humeur pour le voir, l'époque de sa vie pour le redécouvrir, rarement une oeuvre cinématographique aura à ce point exhalé la folie des personnages du film. Rarement d'ailleurs un film aura si nettement coupé le cordon avec l'objet littéraire dont il est issu... Pourquoi ? Parce que la genèse même du film conte l'irrationnel à l'oeuvre - revoir Au coeur des ténèbres est pour le coup indispensable - lorsqu'il est question de se brûler les ailes pour atteindre son rêve.. Martin Sheen en  sursis, Marlon Brando en roue libre, Coppola au bord de la rupture.... La gestation du film devient l'instinct de survie d'hommes trop petits pour leurs ambitions... Du coup, Apocalypse Now sans trahir l'oeuvre dont il est l'adaptation, existe néanmoins pour lui-même. Et ce long voyage au bout de la nuit et d'eux-mêmes reste à mon sens inégalable sur la folie des grandeurs qui habite le genre humain. L'atmosphère de fin de monde, d'une humanité qui aveuglée par l'orgueil va sans le savoir vers sa propre extinction, n'est d'ailleurs pas sans rappeler la partie Africaine de Voyage au Bout de la Nuit que j'invite à relire toutes affaires cessantes.

Seul au Monde. Robert Zemeckis


Du point de vue de la mise en scène, une fabuleuse entrée en matière qui renouvelle l'air de rien le genre catastrophe en 2 temps trois mouvements d'une sublime efficacité. Puis arrive le plat de résistance qui remet à sa juste place et les idées et l'imaginaire dans la conduite de nos vies, dans la réalisation de nos rêves. Robert Zemeckis prouve la vitalité de chaque petit instant fragile, l'importance que nous devons accorder au cure-dent qui vient de finir à la poubelle... Parce qu'il aurait bien pu nous sauver la vie... Seul au Monde fait naître la magie du quotidien le plus quelconque (dont sont issus la plupart des objets qui seront et feront le salut du personnage principal) en nous rappelant que l'imagination doit en toutes circonstances être au pouvoir pour qui veut donner  ou redonner du sens à son existence !

mercredi 12 novembre 2014

Mystic River. Clint Eastwood


Tout était réuni pour accoucher d'un monument de la tragédie familiale façon thriller et on n'en sera objectivement pas passé loin... Les deux seules choses qui m'auront empêché de totalement apprécier le spectacle ? D'un côté la densité émotionnelle du film (sa longueur de mémoire et son épaisseur mélodramatique si je veux décrire assez précisément la sensation que j'eus d'ingurgiter un truc mastoc, limite indigeste) et de l'autre le sur-jeu de Sean Penn lorsqu'il essaye en grimaçant de nous mimer la douleur... Tout est question de dosage et je me souviens qu'il en faisait un chouia trop... Mais il faut que je le revisionne pour clarifier cette impression... Pour le reste tout était en place avec des personnages et une intrigue profonds, prenants et crédibles. L'âme du polar pur et dur et ce qu'il fallait de passé traumatisant pour venir hanter le présent...

Série Noire. Alain Corneau


Alain Corneau n'a jamais tutoyé d'aussi près les étoiles. D'abord parce qu'il avait entre les mains le joyau brut, l'acteur somme, celui qui vous rappelle que derrière le personnage il y a un petit homme de chair à vif et d'os broyés, l'écorché vrai, qui donne toujours tellement plus que ce qu'on lui a demandé... Qui finit le tournage exsangue comme après un combat de boxe dantesque. Evidemment  Patrick Dewaere prend toute la place, porte le film sur ses frêles épaules. Mais reconnaissons aussi que Corneau parlait comme personne le langage du Film Noir et avait parfaitement compris et su restituer l'univers ténébreux de Jim Thomson. Série Noire est un sommet du genre. A redécouvrir fissa fissa !       

mardi 11 novembre 2014

Edward aux mains d'argent. Tim Burton


Tim Burton sait comme personne croiser le mythe de Frankenstein avec l'univers du conte pour enfant, Edward aux mains d'argent convoque l'arme fatale d'un Freddy Krueger ou d'un Serval, des griffes acérées qui sont le prolongement des bras d'un être à part, jamais sorti de l'enfance, sorte de Peter Pan létal, de monstre gentil, de Pinocchio dangereux sans le savoir pour son prochain et qui en souffre évidemment... Une fantaisie cruelle qui nous parle de la différence, de toutes les différences, de ces différences qui sont toujours mal vécues en société (par définition normative). Une ode macabre et romantique à la tolérance.

dimanche 9 novembre 2014

La Planète des Singes : L'affrontement


Je me suis bien marré en lisant la critique du film dans Le Nouvel Obs. Je ne résiste pas à l'envie de la restituer en l'état : "Le film, lui, est un magasin d'exposition pour effets spéciaux, maquillages, 3D et costumes en poil de yak. Bête à pleurer (...), le scénario a été écrit par un gars qui a le QI d'une pelure de banane". C'est excessif mais il y a du vrai. On a le sentiment de moyens qui n'ont pas été déployés à la même viteese ou avec la même conviction que les idées qu'ils sont censés servir. Je m'explique : pourquoi faire autant d'efforts sur le plan des effets spéciaux, pourquoi créer des singes aux traits tellement différenciés, avec chacun une lueur particulière, une profondeur dans le regard, une complexité revendiquée si c'est pour placer ces personnages dans un cadre aussi manichéen ? Premier problème : cette scène d'introduction où Ceasar réprimandant silencieusement son fils pousse un grognement qui se traduit à l'écran par "Pense avant d'agir"...  Et pourquoi pas "Qui ménage sa monture ira loin" ??? On est déjà dans la simplification d'une communication non verbale (pourtant passionnante à exploiter au cinéma) qui peut légitimement provoquer l'hilarité. Deuxième problème : la musique omniprésernte et qui lors qu'elle disparaît se re-déclenche toute seule, larmoyante, dès la moindre contrariété d'un des personnages principaux. Troisième problème : la communauté d'humains totalement délaissée par le scénario malgré un final qui privilégie le parallèle lourdingue entre gentils et méchants. Du coup, ça se résume chez les humains à de gentils bobos écolos d'un côté face au grand méchant Gary Oldman de l'autre... Binaire vous avez dit binaire ? Pour couronner le tout, les singes qui avaient fait preuve d'une telle attention dans l'écriture et les effets spéciaux vont également se résumer à un Caesar sagement benêt (Singe pas tuer Singe... Ah bon première nouvelle ? je croyais que le singe était un loup pour le singe...) face à un très très très méchant "bras droit" sanguinaire au possible (la faute aux hommes) et sans la moindre nuance ni lueur d'humanité. Reste une excellente séquence où le très méchant Singe rejoue l'animal de cirque pour mieux endormir deux humains plus décerébrés  tu meurs... Mais dans l'ensemble, un bien beau gâchis.

Hijacking


Le film se veut anti-spectaculaire au possible et ça se respecte ! Pour nous faire ressentir la puanteur des corps pas lavés depuis trop longtemps, pour nous plonger dans la torpeur de ce voyage immobile au bout de nulle part, le réalisateur ne recule devant aucune crudité d'essence documentaire (refus de l’artifice d’une musique de circonstances ou de celui la fiction la plus convenue). Je pense à l’anecdote de l’absence de toilettes en collectivité, à l’état de cette cuisine qui ne cesse de se dégrader, aux auréoles de transpiration qui ne cessent de s’agrandir… Le hic, c’est justement que sur la durée ce dispositif un peu répétitif finit par accabler au lieu d'élever l’âme du spectateur. On passe trop mécaniquement des entrailles du bateau et de son air vicié à une salle de réunion climatisée, aseptisée où la représentation donnée de la classe dominante se résume à des possédants maladroits qui, malgré une bonne volonté évidente tâtonnent entre amateurisme et déconnexion des réalités. Le réalisateur semble alors nous murmurer entre les atermoiements du Patronnat que le meilleur est trop souvent l’ennemi du bien… Mais une fois qu'on a dit ça d'un côté et de l'autre que les pirates Somaliens sont des pieds nickelés, que reste-t-il vraiment du film ? Car sa mécanique entièrement dédiée à cette attente interminable ne peut du coup que s’essouffler (Jour 1 2 puis 458…) jusqu'à une fin qui arrive mollement – la faute à cette anti-spectacularité revendiquée –. Si mollement que le réalisateur se sent curieusement obligé de faire rappliquer une dernière ficelle fictionnelle (l’histoire de la chaîne de cou provoquant une mort évitable, vrai truc de scénariste). Le morceau finit donc par passer sur une note piquante et prétendument philosophique mais surtout artificielle. On se dit alors que oui, Hijacking est pas mal du tout (chapeau l’absence de manichéisme) mais que tout cela fut quand même difficile à avaler, un peu comme une soupe que le cuisinier aurait oublié de saler.

jeudi 6 novembre 2014

Cobra Verde. Werner Herzog


Klaus est hélas devenu sa propre caricature grimaçante, l'ombre de lui-même dans un Cobra Verde qui cherche en vain à retrouver l'énergie sauvage et libre des exploits amazoniens du couple ensorcelant Kinski / Herzog. Mais ça ne marche guère, le manque criant de moyens se ressent beaucoup trop, l'amateurisme d'une grande partie des acteurs également. Au final un film qui ressembla à une sorte de Aguirre/Tintin qui changerait de continent... Cela marque le début d'une traversée du désert pour Werner Herzog et le vrai grand crépuscule pour le grand Kinski....

Bird. Clint Eastwood


Ils ne sont pas légions les films qui se sont attaqués comme ça au jazz, au vrai, au destin si souvent funeste de grands musiciens réels ou imaginaires... Je reste fan d'un film comme Autour de Minuit de Bertrand Tavernier par exemple. Les Biopic sont beaucoup plus casse-gueule. Bird ne déroge pas complètement à la règle. Il est porté par un Forest Whitaker fabuleux et mérite le détour pour cette atmosphère si particulière, lourde et sombre, comme un long convoi funéraire qu'on accompagnerait du regard... Ce n'est pas un film qu'on traverse guilleret, le coeur léger. Heureusement le génie musical de Bird nous enveloppe comme pour mieux nous dire que la beauté naît toujours du chaos et dans la douleur. Ce qui adoucit une traversée du film par ailleurs laborieuse et parfois déprimante. C'est la seule fois de mémoire que j'ai eu cette sensation étrange au cinéma. J'y étais entré alors qu'il faisait grand beau temps dehors. Lorsque je suis sorti de la séance, c'est comme si l'ambiance du film avait contaminé le monde réel. Il pleuvait, c'était l'orage. Le genre de film qui peut changer nos vies... 

mercredi 5 novembre 2014

Nobody Knows


Le pitch comme l'entrée en matière de Nobody Knows sont captivants. Il faut dire aussi que les critiques avaient fort bien préparé le terrain... Je me dis donc que je vais prendre une vraie grosse claque quand je rentre dans le cinéma. Le problème, et de taille, c'est que passées les 10 premières minutes, les enfants sont livrés à eux-mêmes et je réalise que le spectateur l'est aussi... D'où viendrait donc cette idée que pour traduire l'oisiveté, le laisser-aller d'enfants en roue libre il faille les filmer avec la même absence de conviction ? Ce qui explique mon incompréhension devant l'avalanche de louanges qui sont venues fleurir la sortie du film. L'absence de tout point de vue rend Nobody Knows finalement informe mais pire... assez indigeste.

La Nurse. William Friedkin


La version hitchcokienne de ce thème célèbre s'appelle La main sur le berceau et c'est quand même franchement autrement plus efficace. La Nurse a beau lorgner tout ce qu'elle peut du côté du malaisant Rosemary's Baby, elle n'arrive jamais à se sortir de son apparence de Série Z fauchée de la fin des années 80 où miser sur les effets spéciaux se sera révélé après coup la pire idée de Friedkin tant le résultat même de ce côté-là est navrant.     

dimanche 2 novembre 2014

I Robot


Parmi les innombrables moyens de savoir si un film vaut le détour, il y en a un qui ne trompe jamais... Voyez le film et laissez décanter quelques années, puis essayez d'y repenser... S'agissant d' I Robot (il y avait quand même l'univers d'Asimov et un réalisateur prometteur aux commandes), je l'ai vu au ciné et retombant sur l'affiche il y a peu j'ai réalisé qu'il n'en restait absolument rien, pas la moindre image (à part peut-êttre un amoncellement de robots sur une voiture futuriste). Une forme de néant... C'est dire comme le vulgaire film de commande aura pris le dessus sur l'auteur génial dont la pensée a été follement trahie. Et puis je ne reviendrai pas éternellement sur le sujet, mais Will Smith est objectivement un très très mauvais acteur qui ne sert que très rarement les films dans lesquels il joue... Ce qui n'arrange rien. Oubliable.

The Killing. L'ultime Razzia. Stanley Kubrick


Parmi les influences majeures de Tarantino pour son Reservoir Dogs ! Un groupe de malfrats décide de faire un gros coup qui ne va pas forcément se passer comme prévu.... Sur le papier, un projet somme toute classique dans la mouvance d'un Quand la ville dort de John Huston (la présence de Sterling Hayden y fait beaucoup), mais c'était sans compter sur l'obsession de Kubrick pour le sens du détail, pour des structures narratives qui éclairent d'elles-même et de l'intérieur la nature chaotique de l'histoire qui nous est contée. Or la construction ici a quelque chose de terriblement novateur pour l"époque, se déployant façon puzzle éparpillé à partir de plusieurs repères temporels pour nous dévoiler par petites touches les personnages clés, leurs failles, et les germes surtout, d'abord invisibles, du drame en gestation... Fabuleux !   

Sleepy Hollow. Tim Burton


Revu il y a peu et c'est pas peu de dire que le film (dont je me souvenais qu'il était une série B horrifique efficace, sans plus) garde toute sa force entre poésie macabre (on pense à Edgar Allan Poe) et film d'épouvante. Les 2 points forts ? Ce personnage d'enquêteur, rationaliste échevelé qui se refuse à croire l'impossible tant que l'évidence ne lui est pas tombée toute molle et crue devant les yeux. L'autre force c'est cette résolution qui finit par donner de l'épaisseur au mobile du Cavalier sans tête lorsqu'il coupe tout ce qui dépasse... Evidemment on vient creuser du côté des sentiments, de l'amour brisé pour comprendre le courroux légitime du coupeur de têtes aux dents biseautées. Son "entêtement" à revenir hanter les nuits des habitants de ce hameau devient alors limpide et plus du tout factice. Notons enfin un travail fabuleux sur l'image et le son ainsi que des acteurs épatants dont le toujours appréciable Christopher Walken ou Johnny Depp divinement soumis à la raison la plus froide jusqu'à ce que sa foi bascule et roule à ses pieds...