vendredi 28 novembre 2014

Zodiac. David Fincher


Excellent film, longuet il est vrai, mais passionnant sur le soin apporté à la complexité des personnages principaux (qui sont nombreux) et curieusement pas vraiment sur la chute (qui d'ordinaire constitue le seul véritable intérêt dans ce type d'exercice à savoir le "Whodunnit?"). Un contrepied qui est louable et rapproche le propos du film d'une radiographie (pas piquée des vers) de la faillibilité en matière de jugement (justice, subjectivité propre à l'Homme, imparfaite parcelle d'humanité, pièce d'un puzzle qui le dépasse)... Le film met aussi à l'honneur un dessinateur et nous rappelle que chacun est légitime pour contribuer dans des domaines d'expertise qui ne sont pas les siens dès lors que LA passion est là.  A la fin, on aimerait d'ailleurs pouvoir retrouver les personnages encore des années plus tard, dans un futur opus à naître, pour savoir ce qu'ils sont devenus. Et rien que pour ça, Zodiac est une réussite...


Notes additionnelles après re-vision

Je viens de le revoir. C’est vrai qu’il y a un sens ondulant du rythme qui rend sa vision et sa re-vision pas chiantes pour un sou. Et quelle direction d’acteurs : tous phénoménaux, guère d’autres mots. A le revoir, j’ai trouvé très fort cette charge contre un « fédéralisme » exacerbé qui rend la reconstitution du Puzzle criminel d’autant plus délicat. Quand des crimes sont commis dans divers Etats, la responsabilité de la police s’en trouve nécessairement diluée, morcelée, et ça sert évidemment l’atmosphère ubuesque et parfois comique de cette véritable odyssée de la recherche éperdue de sens, à défaut de vérité. Une tour de Babel centrée sur la résolution d'une énigme. L’autre message qui passe toujours aussi bien est celui de cette passion reine (du dessinateur apprenti policier, du créatif apprenti scénariste, de toute personne animée par une envie saine et « pure » et pas encore emberlificotée dans un professionnalisme susceptible d'éteindre cette lumière…) qu’il faut savoir garder intacte en toutes circonstances. Et à y repenser, les badges « I am not Avery » (du nom du journaliste devenu la cible prioritaire du Zodiac) ne sont pas sans rappeler les récents slogans « je  suis Charlie » et « je ne suis pas Charlie » stigmates d’une époque de surmédiatisation de tout fait divers surgissant dans l’actualité et auquel il faut donner un sens à tout prix... Sous peine de dérailler, de sombrer corps et âme. Or tout le film nous crie le contraire. Donner du sens à tout prix n'est pas l'essentiel, pas plus que trouver la vérité ou la solution à un problème. C'est en toute chose le chemin qui compte. L'invisible échaffaudage de nos vies à l'oeuvre. Fincher est grand !

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