dimanche 28 février 2021

Too Old To Die Young


J'appelle ça un long métrage de 13 heures, que voulez-vous ? Le format et l'univers le plus familier c'est encore celui de Twin Peaks Saison 3. Du cinéma en tranches d'une heure. Un voyage au bout de la nuit dans les volutes d'un récit à la Stephen Wright (Etats Sauvages). L'auteur américain auquel je pense immédiatement.

Une claque formidable, un monument. Faut s'accrocher mais comme pour les grands romans malades (The Sound and the Fury de Faulkner par exemple), ça vaut fichtrement le coup. 

Et comme chez Faulkner, de la forme naîtrait peut-être le fonds, l'un et l'autre s'épousant tour à tour ?  Cette affiche apporte un début de réponse et dit beaucoup du film et de ce qu'il raconte.. Un oeil par lequel une balle aurait pénétré ? A qui cela arrive-t-il dans le film ? Un ex-tueur à gages et son oeil de verre ou une jeune femme trop jeune pour avoir des rapports avec un flic aux intentions troubles ? Une jeune femme déjà trop "vieille" pour mourir jeune ?  Que dire que cette séquence d'introduction qui ressemble étrangement à la scène d'un film que le héros verra plus tard dans un cinéma que ne se trouve nulle par ailleurs que chez sa petite amie ? Celle-là même même meurt d'une balle où vous savez. Vous me suivez ?

Alors quoi ? Cette séquence d'introduction serait une vision déformée issue d'un bout de vérité, d'une parcelle de vraie vie qui se serait agitée quelque part dans la vie d'un des personnages clés du film. Lui ? Elle ? Elle et lui ? 

J'y reviendrai !    


dimanche 14 février 2021

Terminator. Vélizy

 

Je me souviens de Michel Blanc expliquant sur un plateau en évoquant le futur palmarès d'Avoriaz 1985 qu'il doutait fort que Terminator puisse y prétendre... Un film, je le cite, mal fagoté et filmé comme un épisode de Starsky et Hutch... Ca m'avait marqué. Cette référence à Starsky et Hutch.

C'était sans compter sur le temps long qui rétablit toutes les vérités, les effets qu'a eu ce film sur toute une génération d'adolescents en devenir dont je fis alors partie.

C'était le début des ordinateurs personnels Les AMSTRAD, les premières lignes de développement. les premiers jeux immersifs comme l'excellentissime L'Aigle d'or.

Le son strident de la cassette de jeu chargeant lentement mais sûrement son contenu. Un travail de longue haleine.    Peu de temps après, la disquette faisait son apparition raccourcissant le temps de l'attente...

Le week-end, on jouait parfois au Hockey sur l'une des aires de jeu entre nos immeubles. 

Nous avions 12 ans , Terminator était sorti et le mythe (déjà) nous avait absolument emporté sous son aile. On jouait donc au jeu du Terminator.  Principe : désigner l'un de nous comme le Terminator (Jérôme était bon dans le rôle) . Mine patibulaire, lunettes noires et silence de mise.  Le terrain de jeu, c'était les 11 étages du 60 rue de Villacoublay. Etages sans fenêtres de nos immeubles Véliziens. Interdit de sortir dans la rue. Nécessité de faire le moins de bruit possible pour ne pas s'attirer les remontrances des voisins. Et c'était parti... S'agissait de ne pas se faire attraper. Grands souvenirs remémorés de jeux diurnes entre enfants de 12 ans sous l'égide bienveillante du 7ème art.


mardi 2 février 2021

My own private giallo

Août 2009. J'atterris à Brooklyn, Nostrand Avenue pour y suivre une formation de cinéma. Principe actif : réaliser 3 courts-métrages privés de son in, l'histoire devra donc s'offrir sous les traits d'un clip musical.

Devant être écrits quasiment pour le lendemain, l'exercice se révèle drôle parce que m'obligeant à une urgence de tous les instants, mère d'improvisations stimulantes. Matériel loué pour la journée, staff volatile, comédiens à l'état liquide, temps savonneux qui vous file entre les doigts... Résultat, avec quoi, 2 ou 3 prises valables en près de 4 heures de tournage, tout le monde s'éparpille dans la rue comme un vol de chauve-souris à la tombée de la nuit. Je reste seul dans l'appartement avec le matériel et mes idées... 

Mais c'est alors que commence l'une des nuits les plus délectables de ma petite vie remémorée. Parce que je suis seul à tousser, régler la lumière, m'invectiver, positionner la caméra sur un pied, boire une bière, faire le comédien quand c'est nécessaire, finir un paquet de Marlboro, être pris d'un fou rire... avec une pensée, toujours, pour l'inspirateur et créateur de ce genre où le personnage principal apparaît d'abord par morceaux (mains, gants, visage mangé par l'obscurité), Dario Argento


D'ailleurs en le regardant on peut s'amuser à identifier les plans qui sont réalisés par une tête brûlée au coeur de la nuit new-yorkaise.

Et l'histoire dans tout ça ? Je suis parti d'une idée farfelue : un novice italo-américain entre par la fenêtre chez une victime désignée, chargé qu'il est de l'éliminer puis de maquiller le meurtre en suicide. Appliqué comme pour un entretien d'embauche, il sait au moment de quitter les lieux du crime déguisé, sur le pas de la grande porte, qu'il n'a pas droit à l'erreur. Mais tout s'enraye en 3 petites minutes lorsqu'il réalise en bas de l'immeuble que son téléphone portable est resté bien au chaud à l'intérieur. Enfermé dehors, impossible pour lui d'y revenir, prisonnier qu'il est de son funeste destin d'outsider aux mains trop moites...



Parmi les musiques qui m'ont inspiré, l'inénarrable Nelson Cavaquinho. Respeito.



lundi 1 février 2021

Twin Peaks. J'y reviendrai...

Je l'avais loupé à l'époque (j'étais en prépa et peu dispo pour les joies de la télévision le soir). J'ai découvert l'univers à travers le film Fire walk with me qui ne m'avait d'ailleurs pas fait grosse impression. Sentiment d'un fatras décousu de scènes coupées et de desseins effleurés ou manqués au moment de l'écriture de la série. Cela m'avait quand même livré le pot aux roses (l'identité du coupable) m'enlevant tout envie de me refaire la série par la suite.

Je n'y suis revenu qu'avec la saison 3 qui malgré quelques lourdeurs et incongruités, ressemble fort et souvent à ce qu'un long métrage de Lynch peut avoir de meilleur. Puis me laissant peu à peu happé par le récit, j'ai fini par déceler ce qui selon moi donne à comprendre toute la mystique de Twin Peaks. Me suis donc coltiné les 2 premières saisons pour m'en convaincre et voilà ce que j'ai trouvé :

Le choix du tout premier plan n'est jamais fortuit. Le choix du dernier non plus. Si je m'en tiens aux 2 premières saisons. La série s'ouvre quasiment sur le visage de Josy Packard devant une glace et se termine avec le visage de Dale Cooper devant ce même miroir... Intéressant si l'on se souvient que la saison 1 se termine sur la tentative d'assassinat de Dale Cooper par Josy Packard.  Ce qui me laisse à penser que la vérité se situe quelque part entre ces 2 personnages dans ce lieu mystérieux qu'est la chambre de Dale.  

Dès le début, Dale Cooper est dans un véhicule, qui le transporte d'un lieu vers un autre. De son passé vers son futur ? D'une réalité vers un purgatoire. On enquête sur un meurtre mais n'est-il pas question du meurtre de Dale Cooper et des mobiles de cette tentative d'homicide.  

Dale Cooper s'exprime en permanence dans un petit magnétophone et s'adresse à une personne qui n'est pas là... C'est ce qui se passe à peu de choses près lorsqu'il parle au téléphone dans sa chambre au moment où l'on frappe à la porte et que quelqu'un lui tire dessus (dernier épisode de la saison 1).

Tout me semble se situer là, dans cette chambre de Dale Cooper d'où l'univers du créateur (de l'inspecteur ? ) se déploie, se révèle comme la photographie dans la chambre noire. Rétrospectivement, Mulholland Drive reprend la même recette et avant lui Carnival of Soul.

Tout commence donc et tout finit dans cette chambre. Pour moi.

Ce faisant, on comprend beaucoup mieux les 3 saisons d'autant que la dernière renforce par beaucoup d'aspects cette approche interprétative.

Lorsque Laura Palmer hurle à la toute fin de la dernière saison c'est évidemment le cri de la victime implorant l'enquêteur de ne pas l'oublier, c'est aussi possiblement le hurlement d'une jeune femme qui vient d'arriver dans la chambre de Cooper et qui le découvre inconscient au sol et dans un bain de sang.

J'y reviendrai...