samedi 27 avril 2024

True Grit

La dernière image ? Evidemment cette chevauchée nocturne suivie de l'épilogue qui laissent des traces indélébiles.

True Grit est un grand western porté par un trio formidable. John Wayne revit sous les traits du divin Jeff Bridges pendant que ce personnage de jeune fille rigide, déterminée, avec des valeurs, est inoubliable.

Peut-être que le coeur du film laisse un peu sur sa faim par son côté trop linéaire mais dès que l'emballement se fait sur les berges de cette rivière où la jeune fille se retrouve face-à-face avec l'assassin de son père, alors c'est du très grand art que les Frères Coen nous concoctent jusqu'au dénouement qui arrache plus qu'une larmichette. 

  

The Game

La dernière image ? J'aime le côté "enfin fendue l'armure" l'orsque l'émotion remonte (au gré des images de video amateur de lépoque) à mesure que nou suivons la chute du héros de la toute fin.

Mais j'avais pas aimé du tout lors de sa sortie. Parce qu'évidemment on ne peut s'empêcher de se dire "Tout ça pour ça ? ". Je viens de le revoir. Mon avis a quelque peu changé. D'abord parceque la maîtrise de Ficher est à saluer, le rythme, le suspense, cette ambiance paranoïaque, schyzophrène, qui t'amène à penser même lors de ce denier plan que le jeu n'est peut-être pas encore tout à fait fini... C'est ce que j'aime finalement, cette idée qu'une fois dans le jeu (dans le film), on peut se perdre entre fiction et réalité. Où commence l'une, où finit l'autre ? Cette dimension bien restituée est plutôt séduisante (plus que dans mes souvenirs en tout cas).

En revanche, je maintiens que The Game reste un film très mineur pour tout ce qu'il contient de pas crédible une demi-seconde... Tout ce qui est développé par la fameuse société (malgré toutes les précaution du monde) dépend de tellement de facteurs, peut si facilement comme dans la vraie vie provoquer de drames et  de morts accidentielles (dans la préciciptation au volant d'une voiture, un arrêt cardiaque lorsque la voiture plonge dans l'Hudson etc etc...) dans un monde aseptisé, peureux comme c'est pas permis, où tout se judiciarise pour un oui pour un non, qu'on ne marche pas une seconde pour accepter l'hypothèse que tout ceci ait été possible... Surtout dans la perspective d'un stratagème déployé avec de "bonnes" intentions pour faire émerger l'humanité chez le héros... Alors oui on revient toujours à la même question : tout ça pour ça ?     

vendredi 26 avril 2024

Pulp Fiction

La dernière image ? Le final sympathique, positif et pour lequel pour une fois le style "bavard" de Tarantino sert vraiment le propos car il est utile à faire émerger la moralité légère, lorgnant du côté d'une forme de rédemption positive et gaie de Pulp Fiction.

Mais c'est aussi là que le bât blesse. Un film que je n'avais d'ailleurs guère adoré à l'époque, dont il ne reste finalement pas grand chose à part peut-être une BOF sympa. Tout ici est trop frivole, dans l'air du temps, oubliable et donc de nature à vieillir prématurément... Ca se confirme en le revoyant.

S'agissant de la structure, j'avais gardé le souvenir d'une architecture solide habile pensée...En fait elle n'est pas si complexe et sophistiquée que ça, elle est même plutôt basique. Le segment d'entrée et de sortie (qui se répondent) restant pour moi le plus intéressant, le plus cinégénique. Mais sinon et même si Bruce Willis dégage toujours un truc très fort à l'écran sans avoir besoin d'ouvrir la bouche, son histoire n'inspire vraiment pas grand chose, on ne croit pas à son histoire d'amour et les hasards successifs qui le font tomber nez à nez avec le perso de Johh Travolta puis avec le grand méchant milliardaire (parti faire ses courses lui même à pied à l'épicerie du coin wtf) sont objectivement faiblards, provenant d'idées paressseuses. Toute la partie entre la nana du pseudo "parrain" et le perso de John Travolta idem est aussi longue qu'elle est tristement dénuée de tout intérêt. Toujours provoc et chic et toc. Et pire encore tout la séquence nettoyage de voiture après la bévue d'un des 2 tueurs à gages...

Bon et franchement, globalement, un film truffé d'effets choc, de tics adolescents, symptomatique de ces années 90, avec des persos caricaturaux au possible et pour lesquels on ne ressent rien à part peut-être (je le disais plus haut) pour le jeune couple de braqueurs et le perso de Samuel L Jackson qui en s'humanisant nous permet enfin de compatir mais c'est beaucoup trop tard...  

 


mardi 23 avril 2024

Le Stratège

La dernière image ? Les images d'archives qui défilent lors de la fameuse vingtième victoire historique. Très émouvant.

Mais le mieux dans ce film c'est encore le fameux bouquin Moneyball qu'il faut lire pour les amoureux de Football Manager dont je fus dans la jeunesse...

Car le film est assez plan plan, académique, très linéaire, monocorde, n'attachant que peu d'intérêt aux personnages, aux joueurs recrutés à vil prix... Tout est centré sur Brad Pitt qui lui-même est beaucoup trop lisse.

Mais cet esprit Moneyball qui irrigue de très loin le film vaut quand même le détour... Cette idée qu'en allant au-delà des apparences, au-delà des intuitions, on peut juger du potentiel des joueurs (comme des salariés d'une entreprise) pas sur leur bagoût, leurs silhouettes ou leurs styles respectifs mais sur des résultats concrets, des réalisations, des statistiques...

On imagine alors bien qu'en L1 on pourrait aller repêcher des joueurs écartés des écoles de formation parce que "ingérables", trop petits, trop grands, trop fragiles, aimant trop la vie...  Et monter avec une équipe de feu.

Mais je comprends aussi toutes celles et tous ceux qui trouvent dans ce BIG DATA spirit l'ombre malfaisante du capitalisme à tout crin.

 

samedi 20 avril 2024

Killers of the flower moon


 La dermière image ? Probablement la séquence nocturne juste après le dynamitage de la maison de la soeur de Molly. Belle atmosphère crépusculaire. Presque fantastique. Qui reste en mémoire. D'ailleurs les scènes de flammes dans la nuit m'ont rappelé la beauté  irradiante des Moissons du ciel (Malick).

Ca fait quelques films que je m'acharne à répéter que le Scorsese qu'on a aimé n'est plus là et que ça ne date pas d'hier. La caméra tourne mais d'âme, d'émotion vraie, vous ne trouverez pas. 

D'abord quel intérêt d'étirer un film sur près de 3 heures ? Surtout quand le rythme est aussi monocorde, le style aussi académique, l'intrigue aussi plate... Je veux dire que tout ce qu'on voit rapidement ne fait que se répéter inlassablement jusqu'à l'épilogue. Aucune surprise. Tout est donné d'entrée. "On va tous les spolier via des arnaques à l'assurance, à l'héritage avec de crapuleux empoisonnements et assassinats à la clé". Voilà le programme. Maintenant on va vous dérouler le programme pendant plus de 3 heures. Indigestion quand tu nous tiens...

Le seul piquant résidait peut-être dans l'ambiguité du personnage campé par Di Caprio et sa relation (sincère ?) avec Molly. Mais c'est trop peu et surtout jamais développé. Tellement peu développé qu'on ne ressent rien quand ils perdent leur fille (???). Repensons simplement ici à la douleur ressentie lorsque le personnage campé par Ryan O'Neal dans Barry Lindon perd son fils... Ici pas plus d'émotion pour la fille que les soeurs de Molly, sa mère, ou même la longue maladie (provoquée) de Molly... Le film anesthésie patiemment son spectateur.  

Ce qu'on peut bien sauver de façon certaine dans Killers of the flower moon, c'est son titre bien sûr, beau comme c'est pas permis, mais aussi et surtout  le devoir de mémoire qu'il légitime. Mais sorti de l'intention, il me semble clair qu'en pareil projet il eut fallu mener l'intrigue du point de vue de l'enquêteur du FBI (personnage ici secondaire et probablement beaucoup plus intéressant à suivre y compris dans ses motivations et devoirs). Dévoiler ainsi l'horreur au fil de son enquête. Un peu comme Alan Parker le fit dans Mississipi Burning (sur une thématique pas si éloignée). Je crois que cela aurait permis au spectateur de découvrir progressivement la machination diabolique en commençant par les apparences d'un monde où la cordialité et la cohabitation entre les communautés semble toujours à première vue harmonieuse... 

Le problème ici est de toute façon multiple. J'ai parlé de cette intrigue qui déroule son programme sans aucune aspérité, de façon lisible et prévisible. Bêtement linéaire. Les acteurs sont par ailleurs en cause. Ils en font 100 fois trop. Je pense surtout à Di Caprio (pourtant génial, peut-être le meilleur de sa génération) qui cabotine à outrance, singeant le plus souvent le Brando du Parrain et sa bouche pleine de je ne sais quoi... Ayant toujours le sourcil froncé, le regard soucieux avec ce côté chien battu "je souffre, je suis tiraillé, j'aime Molly mais j'aime mon oncle, je participe à des trucs horribles mais il faut le faire, je suis un homme de devoir"... De Niro n'est pas en reste. Mais pour une raison simple. Les personnages sont monolithiques. L'un obsédé par l'argent est un pourri sans la moindre étincelle d'humanité jusqu'au bout. L'autre est un lâche, amoureux mais perdu et qui se laisse facilement manipuler. Il n'ouvre les yeux que lorsqu'il est finalement pris la main dans le sac... Tous deux sont énervants au possible. La durée y est pour quelque chose évidemment. Impossible de s'attacher. Comme il est impossible de s'attacher à Molly et sa mollesse de tous les instants. Qui ne finit par en vouloir à son mari non pas pour son implication directe dans la mort de sa mère, de ses soeurs et de son ex mari mais seulement après le procès quand elle comprend que l'insuline n'était pas son seul remède quotidien... Pauvre petite oie blanche. Quelle zénitude ! Un somnifère à elle toute seule. Et dans sa communauté, personne pour s'indigner, la défendre, se rebiffer ?   

Voilà donc comme d'hab j'ai envie de dire (en gros depuis A tombeau ouvert puis Gangs of New-York ) un film indigeste de Scorsese qui finalement ne fait que reproduire avec platitude et moultes clichés le schéma des Affranchis. Enlevez l'univers des indiens du vingtième siècle naissant, mettez des mafiosis avec De Niro en Parrain grimaçant et Leonardo Di Caprio campant Ray Liotta en fils spirituel qui finit par trahir pour sauver sa tête. Et nous y voilà...

vendredi 19 avril 2024

It Follows


La dernière image ? La vie dans l'habitacle traversant des quartiers comme on en trouve à Haddonfield  dans Halloween. On the Road. L'esprit du road movie. La beat Generation version série B. J'aime beaucoup ces désamorçages, ces respirations dans le film. La  bande de copains soudée (esprit Breakfast Club) dans la voiture et qui file vers son destin. La musique est également raccord, envoûtante mais inquiétante. Toujours ! 

Dans l'ensemble, je trouve l'idée d'It Follows intéressante surtout pour son esprit Sundance, très film indépendant américain qui viendrait se télescoper avec le genre matriciel horrifique (l'une des références centrales qui apparaît rapidement est The Entity aka Emprise de Sidney J Furie).

Côté genre précisément, je salue la séquence d'introduction (d'exposition) plutôt réussie. Car elle installe bien la peur et démontre l'horreur qui peut se faire jour et découler de ces rencontres "post coïtum animal triste".     

Ce qui me laisse perplexe c'est d'abord cette idée que le mal se transmettrait sexuellement. Point de départ pas inintéressant mais sous exploitée à mon sens ou alors aurait-il fallu jouer davantage la carte du second degré. Certes, on comprend bien les intentions au coeur des références, des Griffes de la nuit à Carrie en passant par Halloween... Tant que tu es "vierge"  tu ne risques rien nous murmurent ces oeuvres. Dès que les premières règles et l'âge adulte arrivent (Carrie) le péché est en toi... Métaphore éternelle des métamorphoses adolescentes qui font le deuil de l'enfant que nous fumes. Mais cela doit justement fonctionner comme métaphore et pas comme pillier narratif de l'intrigue. Ca crée une confusion malvenue : Pour me sauver, je vais devoir refiler ma maladie "honteuse" à ces petits cons sur un bateau là-bas... Ah bon ? Malsain oui. Sauf à manier l'outrance et l'ironie. Ce qui n'est jamais le cas ici. Première grosse faute de goût à mes yeux.

Par ailleurs, cette idée d'une entité qui vous poursuit quelle que soit sa nature (surnaturel, SF...) est divinement traitée dans Terminator (c'est un peu une Sarah Connor cette héroïne) ou dans Les Griffes de la Nuit : Ne t'endors pas sinon Freddy Krueger viendra te chercher... Voire dans Halloween Michael Myers est précisément décrit comme un fantôme à chaque coin de rue et qui pourrait bien (au moins au début) n'exister que dans la tête de Laurie Strode. Je trouve que dans chacun de ces univers (même s'ils sont tous différents) on sent à chaque fois une volonté de maintenir une intensité et une cohérence, un jusqu'auboutisme qui force l'admiration et n'en rend que plus mémorable la traque infernale. Or ici, passée l'installation qui intrigue, la deuxième partie, en gros à partir de la séquence de la plage, bascule dans quelque chose de différent, dans des univers qui finissent par affadir le propos et surtout faire perdre en crédibilité le postulat de départ. Ca tatônne, ça finit par "se chercher" quelque part entre Le sixième sens (elle est d'abord la seule à voir arriver ces Candyman aussi dérangeants qu'un moustique au moment de s'endormir), Ring (la malédiction vient sur toi parce que tu as regardé la cassette maudite) voire L'homme invisible (les autres ne voient pas l'entité mais voient les objets bouger autour etc). Gloubiboulguesque !

Si on rajoute l'idée farfelue que ces esprits ne feraient que marcher (ah bon ? wtf ?) comme dans un bon vieux film de Zombie, arpentant bêtement le macadam sans jamais pouvoir traverser les murs ni se téléporter... On se dit que trop c'est trop. Quant à la séquence finale dans la piscine, elle n'arrange pas les choses (revoir l'incroyable séquence de piscine de Morse pour s'en convaincre). Tout y devient premier degré, l'entité peut être éliminée, électrocutée, transpercée, recouverte avec un drap, ligotée, noyée, rasée, enduite de goudrons et de plumes... Du grand guignol ! Ce dérapage a commencé sur la plage où tous voient bien les cheveux de l'héroïne se dresser tout seuls sur sa tête... Elle s'enfile ensuite un champ de maïs, s'évanouit. Mais l'entité, elle, se sera perdue en route... Entre cette séquence et celle de l'hôpital, personne n'aura rien filmé, personne n'aura essayé de contacter les parents ou de se rendre à la police pour leur expliquer les choses forts d'un discours collectif convaincant et d'indices qu'ils ont pu réunir après la rencontre avec la victime "n-1". Bref, dès lors, dans un tel contexte, ça ne fonctionne plus. On n'y croit plus.

Voilà pourquoi je retiens de ce film le style, l'image, l'élégance, l'ambiance. Pour le renouvellement d'un genre, on repassera. Beaucoup trop de références qui partent dans tous les sens et mal digérées donc mal restituées.

jeudi 18 avril 2024

Le mal n'existe pas

La dernière image ? Cette séquence de fin déchirante dans une brume matinale dirait-on... Une rêverie de crépuscule ou de petit matin. Qui sait ?

Un film vraiment étrange mais pénétrant. Qui laisse des marques profondes, tout en ruptures, très personnel, entre transe musicale vivante, aérienne propre à la projection mentale et une réalité crue se déployant lentement dans un cadre (celui de la caméra) statique, empesé.

En cela, le film restitue parfaitement le mystère de la nature immuable, insondable qui toujours nous met au défi d'exister, nous incite au travail respectueux, harmonieusement. Un labeur qui nous donne l'illusion d'une solidité, d'une permanence, qui ne sont jamais qu'illusion. La vérité se niche dans les basculements imprévisibles de la vie comme l'épilogue nous en réseve et qui soudain vous ramène à beaucoup beaucoup d'incompréhension et d'humilité.

S'ajoute à ces sensations une réflexion fine et palpable sur le temps qui s'écoule différemment qu'on soit à la ville ou aux champs. Interminable d'un côté campagne, presqu'immobile. Et de l'autre, liquide, mouvant, d'un bureau à un habitacle, d'une visioconférence à une visioconference... Une affaire de sablier, d'argent qui brûle les doigts, de perte de sens...  

je tiens à souligner l'habileté de la mise en scène qui parvient à surprendre au moment de l'épilogue pour ce  qui est une réflexion pleine d'émotion sur la fragilité de nos vies. Une surprise qui devient désarroi, désespoir, face auxquels la placidité apparente du héros laisse admiratif, sans voix. 

Reste une fin ouverte qui peut décevoir dès lors qu'on s'est attaché à tous ces personnages jusqu'au maire de cette petite bourgade. Et que l'on espérait légitimement peut être comprendre ou juste savoir... Parce que l'énigme de cette installation finale laisse un peu sur sa faim : Voit-on vraiment ce qu'on nous donne à voir ? Qu'adviendra-t-il par la suite ? On veut savoir. On a trop aimé vivre aux côtés de ces personnages tous vrais et attachants pour des raisons chaque fois différentes.

Compte tenu de la multiplicité des points de vue revendiquée (depuis le regard abstrait d'un wasabi sauvage jusqu'à la caméra arrière d'un SUV en passant par le prologue vécu à travers les yeux et l'imagniation de la jeune Hanna) on peut tout à fait imaginer que cette séquence de fin soit la projection mentale d'un des personnages. Oui mais lequel ? Tout ici est affaire de "moment présent", dès que le temps s'accélère, que l'anticipation se fait jour, que l'on imagine ce qui viendra, alors le pire peut arriver... La peur engendrerait l'hésitation, l'hésitation engendrerait la réalisation de toutes nos peurs. Ici le projet du Gampling et sa malhonnêteté assumée pour des raisons bassement matérielles  peut mettre en péril touts les équilibres dans ce coin de paradis. Par ailleurs, un simple cerf blessé par une balle perdue peut injustement provoquer la mort de l'innocence. Le fameux battement d'ailes du papillon...

L'épilogue est là pour rappeler "how fragile we are"... Chaque être, chaque instant, chaque inspiration, chaque gorgée, le miracle de cette eau au fond de la vallée qui ne tient à rien... Nous sommes prévenus !

mardi 2 avril 2024

Oppenheimer

La dernière image ? Le grand silence pendant ce premier essai terrifiant, aveuglant. Toujours facile mais efficace. Forcément. Un tel moment laisse sans voix, sans yeux, sans ouïe... Un silence de mort.

Sinon quoi ? Pour moi, un biopic absolument quelcconque, très années 90, c'est à dire clinquant, nerveux, ampoulé, dans le plus pur esprit Oliver Stone des mauvais jours depuis les Doors jusqu'à JFk en passant par Nixon. je veux dire qu'on ne sent aucun véritable point de vue, pas de vision particulière. Ni à charge ni vraiment hagiographique quoi que... Juste une galerie de beaux portraits de papier glacé avec des personnalités historiques remarquables (waow, on en est baba) qui affleurent derrière le maquillage d'acteurs ultra connus sur un rythme soutenu de blockbuster sans âme émaillé d'allers retours temporels... Fatigant exercice qui en outre est interminable : 3 heures pour en conclure quoi au juste ? Que ce monsieur aurait trahi ses penchants et idéaux de gauche (ce qui pourrait d'ailleurs le perdre) pour fabriquer la plus terrible arme létale... Il s'en repent mais justifie l'horreur par le fait que l'Allemagne devait être empêchée d'aller plus vite que les Ricains sur le sujet. What else ? Il y a tellement de Biopics passionnants à créer. Qu'est-on allé chercher dans cet Oppenheimer sans grande aspérité : il aime les femmes, il a des idéaux, il sait aussi louvoyer et pactiser avec les grands de ce monde... Le génie au service du mal aurait des remords ? 

Mais le pire dans tout ça ? La musique non stop pour tout et pour rien. Avec des effets visuels et sonores vraiment datés pour suggérer que dans la tête d'Oppenheimer c'est vraiment le Bin'z ! Quelle fantastique audace !

A oublier bien vite. De Nolan, je reste sur Le Prestige ou Dunkerque, voire Memento. Pour le reste... 

dimanche 31 mars 2024

Ad Astra


La dernière image ? Probablement ces "salons de détente" spatiaux qui en convoquant des lieux terrestres vivants et colorés me rappellent certaines séquences magiques de Soleil Vert (Richard Fleisher).

C'est curieux mais le début comme la fin et le retour sur Terre me rappellent Gravity. Le coeur du film me rappelle davantage le côté pseudo philosophique de Interstellar. Et la voix off lancinate elle évoque le  Terence Malick dans des films comme Tree of Life ou La ligne rouge. Donc déjà une impression de déjà vu et de manque de caractère, de personnalité peut-être.

Sur le positif, j'aime bien le rythme lancinant, le côté désincarné, ce cinéma intérieur qui résonne dans le vide intersidéral. On sent l'hommage sincère au Kubrick de 2001.

Sur le négatif, le coeur de ce que je ne digère pas c'est cette voix off qui paraphrase tout... C'est fatigant de faire dire à un personnage qu'il a peur d'affronter son père quand son regard et son attitude suffisent à le dire. Voire même la situation qui en soi a de quoi inquiéter... 

Même les dialogues comme celui du père et du fils sont lourdingues. Lourdingues par ce qu'ils font dire aux personnages ("Papa, viens... Non mon fils Laisse moi partir") mais aussi par le maniement à outrance de gros symboles psychanalytiques... Le fils doit tuer le père (le dépasser, le supplanter) pour se libérer... Et tout arrive tranquillement aux confins de la galaxie avec pour enjeu de sauver l'humanité. Rien que ça !

D'ailleurs on peut finalement résumer le film comme une sorte d'Apocalypse Now du trou noir. Le père incarmant ce Capitaine Kurtz devenu zinzin. Et Willard/Sheen alias Pitt serait son fiston chargé de le "débrancher" ou de le ramener... Donc rien de bien neuf sous le soleil exactement.

Par ailleurs toute la sphère "anticipation" résumée par l'attaque de "pirates" sur la surface de la Lune dysfonctionne et me rappelle vraiment du mauvais Nolan (Inception ou Tenet). 

En revanche j'ai adoré le segment autour des singes de laboratoire. Puissant passage.

Le film est donc inégal, globalement un peu plan plan. Assez ampoulé. Bavard malgré l'économie recherchée (personne ne vous entendrait crier mais tout le monde vous entend penser). Mais bon James Gray a quand même du talent et Ad Astra vaut déjà mieux que Interstellar par exemple.

Rubber


La dernière image ? Ces hommages sans détour, rigolos mais inoffensifs, à Scanner, Duel ou Zombie... Toute l'histoire du Club Video de nos jeunes années est convoquée en quelques plans sympathiques.

Je suis dans ma période Quentin Dupieux et j'ai beau avoir de la tendresse pour Le Daim ou Au Poste, j'avoue avoir été passablement déçu par Yannick et pour Rubber, la déception esst encore plus grande.

Comme souvent, il y a un point de départ absurde qui force l'admiration. C'est certain. On se dit qu'en déroulant ce fil, on ne peut que déboucher sur des moments d'anthologie. Le problème est hélas multiple.

D'abord avec cette ambition, il faut pouvoir faire peur, créer de la tension. Mais 1 l'humour désarmorce absolument tout et surtout 2 n'est pas Carpenter, Cronenberg ou Spielberg qui veut.

On dit souvent que l'amour est une affaire sérieuse... C'est un peu ce que je ressens ici... Le genre autorise bien sûr le second degré (Sam Raimi ou Wes Craven mais d'autres n'en manquent pas pour ne prendre que ces deux exemples) mais le genre matriciel tout puissant doit remplir son office, doit nous emmener quelque part et très loin... Une immersion, un voyage sans retour qui permet des réflexions profondes sur la vie, la mort le sens de ce qui nous arrive.

Et Rubber hélas n'en reste qu'au film sketch, potache. C'est rageant, on ne croit d'ailleurs guère à ce pneu revenu à la vie, capable de se dresser tout seul, doté d'une pensée qui peut tuer... On ne croit à rien.  Et tous les blas blas autour du "no reason" (justifier l'absurde par une séquence d'intro, bof bof, dépeindre un meta public comme un groupe de touristes dans un parc pneunimalier, bof bof) ne font qu'agacer encore plus... Ce qui rend le film (pourtant court) interminable avec une répétition épuisante des mêmes têtes qui explosent comme chez Cronenberg...

C'est donc ça le pire, c'est que Rubber ne cherche même pas du côté de l'hommage sincère, de l'émotion qu'ont suscité chez nous toutes ces formidables pépites de la fantastique ère Video. Il ne fait que pasticher, un petit sourire cynique au coin des lèvres. C'est vraiment dommage. Ce cinéma là en a sauvé des vies entières, il mérite mieux.

samedi 30 mars 2024

Copenhagen Cowboy


La dernère image ? Innombrables... NWR est un génie visuel. Ces mouvements rotatifs incessants donnent le tournis. L'image hypnotique est aussi sublime que l'univers est macabre. Des extraterrestres y côtoient des vampires de la haute et des parrains de la mafia, qu'elle soit chinoise ou serbe.

Je ne sais pas être objectif avec ce réalisateur qui sait créer des formes qui n'appartiennent qu'à lui.

Maintenant il faut être honnête. Cette fois il y a des choses qui ne fonctionnent pas. Les combats notamment pour ce petit bout de femme sont terriblement moches et mal chorégraphiés. Il aurait fallu lui trouver d'autres moyens de supprimer ses adversaires. La posture karateka a quelque chose de risible. On n'y croit pas. Tout simplement.

Et puis ce dernier épisode offre un final pas abouti, beaucoup trop ouvert, presque ridicule avec ces femmes extraterrestres qui se retrouvent toutes dans la forêt avec la même tenue... On sent qu'il essayer de nous vendre un futur hypothétoque avec affrontements d''entités maléfiques aux pouvoirs sans limites.   

Comme toujours avec Winding Refn, il reste ici des moments sublimes qui parviennent l'air de rien à faire se rencontrer l'univers mental glacé de Neon Demon ou Only God Forgives voire celui de Too Old To Die Young et celui ancré, enraciné de la trilogie Pusher des quartiers populaires de Copanhague. Je pense surtout à l'épisode 1, à ce point de départ aussi "réaliste" qu'étouffant. Mais cette fois je confesse être resté sur ma faim, surtout à cause du dernier épisode, surtout si jamais aucune suite ne vient prolonger cet élan. Et puis parce que je déplore cette faute de goût d'avoir cédé à la tentation de rendre crédible les combats de cette petite puce contre des géants de la cruauté.

Mais comme à chaque fois, on retiendra qu'il y a plus de cinéma ici que dans 99,9% des séries TV qui sortent tous les jours comme des produits manufacturés sans âme et qui oublient que le cinéma c'est la science du "shot" comme langage, pas de l'exposition d'une ligne de scénario. Le cinéma est trascendance. Et celui de NWR nous le fait si bien ressentir.

Yannick. Trop peu à donner...

La dernière image ? La montée en pression de Pio Marmaï pour ce qui restera comme sa plus belle prestation du film, la plus habitée. Il en récolte d'ailleurs des applaudissements.

Sinon Yannick est un film hélas en roue libre qui comme souvent lorsqu'un film démarre sur une bonne idée ne vous emmène pas très loin dès lors que l'idée reste larvée, sous-exploitée.

Je pense évidemment à La Venus à la fourrure, la sublime réflexion de Polanski sur le cinéma, le théâtre et la création qui avait tant à offrir. Or ici, le prétexte est à faire sourire au mieux. Raphaël Quenard apporte il est vrai quelque chose d'attachant au personnage, une certaine profondeur,  mais cela ne suffit pas dès lors qu'on en reste à une mise en joue, une tentative d'écrire un pseudo sketch sans intérêt. Et d'ailleurs, le film se piège un peu lui-même puisqu'il accrédite d'entrée le fait que cette pièce que nous découvrons est toute pourrie et que ce qui va la remplacer ne vaut pas tellement mieux... Quel intérêt dès lors ? Yannick est sympathique, attachant, mais fort oubliable.

dimanche 17 mars 2024

Le règne animal


 La dernière image ? J'adore ce moment où le Papa attend son fils avec l'envie d'avoir une explication. Il a découvert le pot aux roses, lui court après, le ratrappe, ensemble ils tombent au sol, Papa étreint son fiston et le rassure.. Très beau moment  et il y en a d'autres du même tonneau. Dans l'ensemble, la relation père-fils avec la figure absente de la mère (deuil métaphorique et réel à la fois qu'il faut traverser ensemble) est touchante, va droit au coeur. Ceci est rendu possible grâce à ce jeune acteur Paul Kircher vraiment doué. Romain Duris est bien aussi mais on l'a déjà vu comme ça, nerveux, jouant la carte de l'humour (ses rires à la ronde, ses cris dans la nuit) teinté d'une forme de désespoir.      

Pour cette relation et l'univers toujours cinégénique des merveilleuses Landes, le film (j'avais déjà aimé Les Combattants) vaut le détour.

Maintenant si l'on creuse un peu... J'ai quelques griefs malgré la sympathie générale que m'inspirent ce réalisateur et son film.

Commençons par la fin. Je n'ai pas été convaincu par cet épilogue. Le papa est enfin résolu à laisser son fiston voler de ses propres ailes. So what ? Il va s'installer à 800 mètres dans un nid maousse créé par un homme oiseau ?  Mais rien n'est réglé ! D'abord son fils est-il vraiment d'accord ? Peut-être pas... Lui a-t-il vraiment demandé son avis ? Pas vraiment. Toute leur relation parle justement de cette ill communication, de l'humilité du rôle de parent. Ensuite on imagine bien dans la droite lignée des premiers "ratissages" en régle effectués par la police quelques temps plus tôt que le fiston finira bientôt atrappé voire pire... tué ? Si une fois sa transformation achevée on le trouvait par exemple à tourner autour de quelques poulaillers du côté de Lit-et-mixe. D'ailleurs voilà une question jamais abordée : Qu'est-ce qu'ils mangeront ? S'entredévoreront-ils ? La chaîne alimentaire se remet-elle en place ?

C'est le deuxième point qui pose problème : ces créatures sont vécues comme fondamentalement humaines et qui le restent par delà leurs mutations. Comme ayant, comme gardant des notions du bien et du mal... Elles ne font du mal que parce que l'homme est méchant (la blessure involontaire infligée à un camarade vicieux qui manie les ultra sons comme d'autres la trique). Cet angélisme est agaçant. Les animaux sont par principe sympas, semblent vivre en communauté, en toute quiétude... Le problème ce ne serait pas eux ce seraient les hommes nous dit-on entre les lignes... On rejoue en cela toute la cosmologie des super-héros (tant de films déjà sur le sujet des mutants) qui sont vécus comme différents et haïs par le genre humain donc obligés de vivre cachés etc. Je pense aussi à La forme de l'eau qui abordait avec la même ambition le sujet de la différence, de l'exclusion, des appétits aiguisés de quelques puissants ici ou là pour cette chose déviante et ses potentialités sur un plan commercial...  

J'ajoute sur le genre qu'il y a des précédents... Evidemment Manimal dans les années 80 mais plus près de nous la série Sweet Tooth. Et ça me fait penser justement que ce film m'évoque finalement plus le pilote d'une série qu'un véritable long métrage. D'abord parce que cette fin comme je le disais reste assez ouverte. Ensuite parce qu'un personnage comme la fliquette ne mène (en l'état) nulle part. Une fausse piste qui nous laisse penser qu'elle peut mener quelque part et puis rien... Evidemment enfin l'absence d'explication sur ce phénomène laisse légitimement à penser que peut-être nous sera révélé un jour la façon dont tout ceci a commencé... Voilà donc un pilote sympa d'une série qui pourrait être une Sweet Tooth à la française, à la Landaise.   

Pour finir et c'est peut-être ce qui me gène le plus le film s'empare d'un genre (le fantastique) pour filer une métaphore somme toute classique sur des thématiques éternelles. Comme d'un prétexte en somme.  L'absence de la mère, de son corps rappelle ces deuils impossibles à faire lorsqu'un proche est porté disparu mais dont on ne sait dire avec certitude s'il est encore de ce monde ou pas. Par ailleurs ces métamorphoses chez le fiston sont évidemment le reflet direct de ces tranformations adolescentes (croissance, poils qui poussent, dents de lait qui tombent, désir physique qui s'éveille). Leur rapport toujours juste à la cruauté (entre eux, concurrence en jeu en vue des premiers émois) à la mort (celle de l'enfant qu'ils ont été). La scène de la découverte des dents rappelle par exemple la fameuse confrontation où le parent demande des explications à l'enfant après avoir découvert que ce dernier fume... La séparation finale évoque le départ de l'enfant du foyer familial.  Un deuil parmi d'autres. Bref je regrette pour ces raisons un matériau finalement un peu trivial et un genre utilisé comme pretexte.

Mais je garde au film ma sympathie pour sa poésie, son couple père fils un peu perdu mais si touchant. Par les temps qui courent, un film qui fait du bien. 

The Last of us

La dernière image ? Vraisemblablement celle qui secoue le plus... La perte de son enfant pour le héros masculin à l'issue du segment introductif de la série. Cela témoigne aussi d'un volonté de créer des personnages, en chair et en os, avec leurs traumatismes, leur sens de l'humour aussi (la jeune femme qu'on doit sauver à tout prix est à cet effet intéressante, beeaucoup de dérision propre à son âge et quelques mystères aussi).

A vrai dire, le premier épiode de cette saison 1 est appétissant. Il fonctionne. Probablement que le deuxième épisode, passe encore.  Mais dès le 3ème puis le 4ème, l'indigence est absolument partout. Une épidémie. Cela ramène à la difficulté d'écrire avec honnêteté et passion sur un sujet vu et revu, qui plus est en repartant de la matière d'un jeu video, sans tomber dans des clichés grossiers. La facilité en de pareilles extrêmités c'est ce qu'on s'autorise le plus directement.

Côté narration et même si je défends l'épisode 1 on ne pourra pas ne pas relever que ces intros chocs ont déjà été explorées maintes fois d'abord dans le génial L'Armée des Morts (Zack Snyder) quand le fantastique s'invite dans le réel le plus trivial. Et je crois même me rappeler que dans le poussif Walking Dead il en va aussi d'un premier plan qui voit un enfant (même zombie) mourir exécuté et une histoire de deux frères "cowboys" déjà... Donc à part cette histoire de "champignon", d'originalité fondamentale, on ne trouvera guère par ici.

Le principal problème qui surgit à l'épisode 3 c'est ce tunnel, cet interminable flash back pour conter par le menu l' "attendrissement" d'un survivaliste chevronné dès l'irruption d'un beau mâle blanc dans son horizon et la révélation que tous deux étaient destinés à vivre ensemble... les deux beaux au bois dormants retranchés dans leur résidence surprotégée. C'est non seulement dans un contexte d'apocalypse risible, pas crédible, mais on sent également beaucoup trop les clichés de scénaristes désireux d'expliquer, d'expliquer... Ainsi quand les 2 héros arrivent en fin d'épisode 3, il n'y a plus qu'à dérouler le programme.

Même combat avec l'introduction des deux frères noirs à la fin de l'épisode 4. Et que dire des retournements de situation de l'épisode 5 et ces zombies sortis de nulle part pour empêcher l'un des héros d'être exécuté manu militari ??? Non décidément quand ça veut pas, ça veut pas... La grande série "Zombiesque" on l'attend encore.         

   

dimanche 3 mars 2024

Onimusha


La dernière image ? Ces parents privés de vie (et de tête) par le héros (Toshiro Mifune revit littéralement) sous les yeux de leur propre fille. Quelques images comme celle-ci sont très marquantes dans cette adaptation animée d'un jeu video que je ne connaissais pas.

L'ensemble est assez vu et revu (le gant façon anneau du Seigneur des A. qui corrompt l'âme du héros) mais sont à saluer des moments forts (tous les affrontements titanesques) dans le village au début, autour de la falaise puis lors des séquences caverneuses et minières de la toute fin. L'équipe de héros (et d'anti-héros) est également plutôt sympathique et même attachante (rappelant en cela l'équipée d'un Apocalypse Now le long du fleuve ménageant avec parcimonie ses dangers mortels). Je le mets dans la mouvance d'un Blue Eye Samouraï, certes moins réaliste et beaucoup plus "défouloir" dans un esprit "je dégomme tout", avec les mêmes moments inégaux. Mais je confesse être allé jusqu'au bout de cette saison parce qu'Onimusha se laisse vraiment regarder sans déplaisir. 


jeudi 29 février 2024

Anatomie d'une chute

La dernière image ? Probablement ce moment père-fils dans la voiture qui dit les choses (la voix du fils sur les lèvres du père), le non-dit, la culpabilité du père, ses envies secrètes peut-être, tout ce moment émeut sincèrement. Beau passage, comme la longue séquence de dispute est également à saluer.

Le film dans l'ensemble est de bonne facture. Il est bien construit, bien joué, porté surtout par une actrice fantastique. Mais cela méritait-il une Palme d'Or ? Autant de prix reçus ici et là ? Je ne pense pas.

Ce que je peux regretter ou déplorer d'abord c'est le travail sur l'image. Une image fade, un manque objectif d'ambition sur le plan esthétique, servie par une mise en scène statique. On sent que la réalisatrice s'appuie beaucoup sur le dispositif texte / acteurs. Le cinéma c'est aussi de la mise en scène. C'est une ambition formelle malheureusement absente ici, deux séquences mises à part via le flash-back narratif (la dispute et le tête à tête dans la voiture). Pour ne reprendre qu'un exemple, Shining est immense pour tout ce qu'il met en branle sur le plan de l'utilisation des lieux, de la steadycam, des plongées, de la structure en chapitres, de la musique, d'un cinéma mental (le labyrinthe comme circonvolution du cerveau d'un écrivain s'écrivant à l'écran, y projetant ses propres culpabilités surgies du passé) qui exulte, émerge d'un fonds et d'une forme. On notera d'ailleurs que le scénariste ici emprunte allègrement le postulat de départ du roman de King (l'enfant "pas normal" en raison d'un traumatisme issu du passé et dont le père se sentirait coupable. Un père qui cherche à retrouver l'inspiration comme écrivain dans un cirque enneigé, la solitude disséquée de ces 3 personnages...).      

Je regrette par ailleurs le manque de nuances sur la psychologie de certains personnages. L'avocat forcément sympathique, intelligent, séduisant. Amoureux même. L'adversaire à la cour, franchement agaçant, antipathique. Tous les experts à charge ou décharge sont aussi à l'avenant, très voire trop caricaturaux. et puis au final cette femme accusée à tort et dont tout finit par démontrer l'honnêteté, les valeurs morales le courage quand on finit par se convaincre que le problème venait plutôt du côté du mari dépressif.... Un homme défaillant parmi tant d'autres.

Enfin et c'est peut-être le plus regrettable : ce couple revient dit-on sur les terres du mari. Soit, mais de voisinage, d'amis d'enfance, rien... Pas même de "qu'en dira-t-on ?" au village tout proche où l'on fait ses courses. Pas de parents d'élèves pour témoigner, pas de copains du fils, Pas de collègues profs du père ? Non, juste un vague psy qui viendra témoigner. C'est maigre. Je veux dire que cette situation de deux "créateurs" manifestement à l'aise materiellement (il faut pouvoir nourrir un aussi gros chien) chacun avec ses petites ambitions d'écrire dans un lieu aussi lambda que ce chalet de montagne, c'est finalement pauvre, c'est faible, c'est bien trop léger. Comme les enjeux dérisoires : "Je veux du temps pour écrire... et ben vas-y qu'est-ce qui t'en empêche petit d'homme ?" Bourgeoisie quand tu nous tiens... Et les parents des deux côtés ? Et les frères, et les soeurs ? Rien non plus... C'est comme si ce monde clos se limitait au père, à la mère au fils, au chien, au chalet. Et pis voilà. Bien trop peu. Il aurait été tellement bien d'avoir droit au chapitre de l'enterrement pour scruter, comprendre les forces en présence, apréhender au plus près les deux familles, le climat, les reproches, les haines larvées, les voisins... Juste d'un mouvement de caméra ample mais au plus près. Silencieusement. 

Pour exister, un monde doit vivre, s'étendre, abattre ses propres murs, dépasser sa réalité, donner à voir par tous les moyens possibles imaginables autre chose que ce qui nous est dit ou seulement suggéré. Ces personnages même un an après de longues enquêtes n'existent au fond que par le truchement de la machine-justice, qu'en suivant scrupuleusement son fil vers un jugement qui tombera, prévisible.

Anatomie d'une chute (titre hideux en passant) n'est donc pas si mal, se révèle sérieux, sagement appliqué, plutôt bien joué (surtout l'actrice principale), mais sans grand génie, pâtissant d'une image quelconque, de personnages souvent lisses et d'une intrigue finalement binaire où il manque beaucoup de choses (d'ambiguité ?) pour être véritablement transporté... Peut-être y manque-t-il la folie et le vertige d'une chute, une vraie !

vendredi 9 février 2024

Cannes des années 40 aux années 2000... Petit florilège pour chercher la Palme des Palmes

Passons en revue les grands films en compétition officielle à Cannes, l'on peut ainsi chercher l'humeur, chasser le mouton à 5 pattes, traquer la révélation Cannoise qui ne révèle son parfum, son nectar qu'à l'épreuve du temps, qu'ave le recul des années ...

Années 40 et 50



Soit, j'aime beaucoup Le poison, Le troisièle homme, All abour Eve, Los Olvidados, El, Orfeu Negro, Hiroshima Mon Amour ou Les 400 coups.

Mais pour ces années 40 à 50, je ne vois guère que deux films, français de surcroît. La France tellement au-dessus en ce temps-là. Même si La Belle et la Bête a connu le triste sort de ne pas se voir octroyé la Palme d'or que 1000 fois le film mérita.


Années 60 


Evidemment, je pourrais choisir To kill a Mockinbird ou Accident voire La Dolce Vita ou Le procès de Jeanne d'Arc.  Mais côté années 60, il n'y a que deux films à retenir (italiens cete fois) pour moi : Le Guépard et Blow Up.


Années 70



J'adore les choses de la vie, Solaris, Raphaël ou le débauché, M Klein, Profession Reporter, Série Noire, Les moissons du ciel.

Je pourrais d'ailleurs intégrer dans la sélection  de cette décennie Conversation secrète mais pour l'impact qu'ils ont eu Taxi Driver et Apocalypse Now sont incontournables. les USA écrasent tout au cours de cette décennie.


Années 80



All that Jazz, Sous le soleil de satan, Droxning by numbers, la grande époque de Peter Greenaway... 

Mais cette décennie 80 est dominée par le phénoménal Excalibur qui pour moi dépasse tout en terme d'ambition et de résultat imprimé sur la pellicule. On ne peut pas non plus ne pas saluer Kagemusha de Kuroswasa. Le japon commence à faire sa place au sein des palmarès Cannois (La ballade de Narayama). et l'Europe revient en force (Paris Texas, Papa est en voyage d'affaires, Le temps des gitans, Les yeux noirs, Le ventre de l'architecte... toujours Greenaway).


Années 1990


J'ai aimé Tout sur ma mèreAdieu Ma Concubine, Breaking the waves, La vie est belle, Ceux qui m'aiment prendront le train, La classe de neige, Dead Man. Même Fargo.

Difficile d'en garder 2. Mais dans mon souvenir, Sailor et Lula arrive très haut. My name is Joe aussi.  En tout cas ce qui s'affirme alors c'est un certain cinéma US d'auteur qui sait se mêler à la lutte du Box office en épousant habilement le genre (Lynch, les Frères Cohen, Jarmush) et on peut aussi relever une capacité d'un certain cinéma social européen (Loach) à épouser habilement lui aussi le genre tout puissant (My name is Joe).  


Années 2000



De grands films : Le ruban blanc, Zodiac, Volver, Le pianiste, La vie est uin miracle, Bright star.  

Pas facile là non plus mais Mulholland Drive est tellement indiscutable. Si je dois relever un autre coup de foudre. C'est incontestablement Les Démons à ma porte


Les années 2010 et 2020



Puissants Holy Motors, Inside Llewynn Davis, La venus à la fourrure.

Mais ici, tout est clair pour moi. Après 2020 c'est la cata, mais entre 2010 et 2015, je retiens  aisément mes 4 préférés :  MelancholiaLeviathan. Dheepan. Ma vie avec Liberace.

Restera donc avec ces 16 films à organiser un tableau de 1/8 eme de finale (tirage à venir) pour décerner la Palme des Palmes de mes 16 films préférés de Cannes (en ayant été oblugé de dégager 2 films par décennies pour équilibrer).




mardi 30 janvier 2024

Blue Eye SamouraÏ. 7 épisodes et puis...


La dernière image ? Probablement n'importe quel affrontement de la (finalement) fragile Blue Eye Samouraï qui s'en prend plein la gueule et passe plus d'une fois près de la correctionnelle... Etranglée, embrochée, laissée pour morte... C'est d'ailleurs la force de ce film d'animation qui sait créer chez le spectateur la peur, la vraie, pour cette jeune femme comme pour la flamme d'une bougie menacée par le moindre courant d'air. Ici, chaque mise en péril de sa vie peut être fatale. Pour un film de vengeance, on prend donc le contrepied d'un Kill Bill parce que l'on recherche ici le réalisme et la vraisemblance (au moins un temps).

Parmi les points positifs, soulignons l'épaisseur de tous les personnages principaux, on sent que leurs psychés, leurs motivations ont été creusées. Ce qui les rend chacun fort intéressant. L'image est par ailleurs sublime presque durant les 7 premiers épisodes. Notamment ces longs plans cotonneux de paysages poudrés d'une armée de flocons légers, comme suspendus. On pourra regretter quelques incohérences ou manque de crédibilité (les combats et l'épilogue dans la maison close, l'assaut de la forteresse et l'improbable résistance de l'héroïne face à la gravité, accrochée à la paroi, un grand gaillard sur le dos) et le manque de nuances ou de profondeur psychologique du seul vrai méchant (Cowboy et roi de la gâchette "à l'américaine").

Mais l'ensemble est intéressant, digne d'intérêt. C'est pourquoi il est incompréhensible que ce dernier épisode (le 8ème) soit bâclé à ce point, du point de vue de l'écriture comme de l'animation (on sent qu'il n'y avait plus de sous-sous). Epilogue cataclysmique d'une série qui vaut quand même le détour pour tout le reste, tout ce qui vient avant. Mais quel dommage de finir sur une telle impression de sabotage...

dimanche 28 janvier 2024

Anime / Manga : Monster !

La dernière image ? "Astérohache" évidemment. Le Manga explose tout paraît-il. On finit par oublier que ma génération est la première à avoir été abreuvée par les divins Goldorak, Cobra, Chevaliers du Zodiaque ou Ken le Survivant.

Et je ne parle même pas des Candy ou des séries tv telles que X.OR, Sankukaï, Spectroman, tout ce qui fait le lit, l'imaginaire d'une grande partie des oeuvres nippones de l'époque.

De temps en temps je reviens au Manga papier. j'ai beaucoup aimé Récemment Undercurrent et plus loin de nous Vinland Saga.

Et voilà que je me suis mis récemment à Monster (très Seven), Berserk (médiéval sombre, inspiré d'Excalibur je trouve). ou L'attaque des titans. Autant ce dernier me semble bruyant, assez quelconque sur la galerie de personnages et les rebondissements, autant Monster vaut vraiment le détour. Puissamment inquiétant.

samedi 27 janvier 2024

Leviathan

 

Un morceau de bravoure,

de tragédie Grecque

Ou plutôt Ukrainienne

Aux accents bibliques,

où le drame inéluctable,

Fruit amer ou pourri

De la victoire infâme

Du fort sur le faible,

Se noue sournoisement

à l'abri des regards

Mais dans la lumière crue

D'une justice aveuglée,

Aux ordres comme on dit.

La justice des hommes corrompus,

Celle de Dieu n'est pas en reste

Et pour cause,

"la vertu ne se décrète pas,

N'exige aucune contrepartie,

ton chemin de croix sera

Celui de la rédemption"

susurre le croyant à l'incroyant

jusqu'à ce que ce dernier courbe l'échine

et finisse comme ce squelette de baleine

Ou cette épave de bateau...


Ironie du sort, la maison la maison de Kolia

Sera finalement remplacée par une église.

Les écrits saints ne sont-ils pas

Les premiers arguments commerciaux

Pour faire prospérer une foi dont les promoteurs

(les mêmes qui détiennent le pouvoir)

Exploitent sans vergogne la fragilité d'hommes brisés.

Notre héros va payer sans broncher

Pour un crime qu'il n'a pas commis.

L'enfer c'est parfois la religion.


Tout dépend de ce qu'on en fait,

De ce qu'on lui fait dire.

La satire, redoutable arme de Leviathan,

Opère sa critique frontale d'une religion d'Etat,

D'une croyance érigée en cadre dogmatique

Qui va donner bonne conscience au bourreau

Lorsque le moment sera venu d'écraser

Le citoyen comme un vermisseau.

Derrière son ineffable noirceur

Le film réveille les consciences,

Nous ouvre les yeux,

Nous fait réaliser combien les donneurs de leçons,

Les chantres de la morale (religieuse en l'état)

Sont souvent les mauvais payeurs,

Parce que du coté des puissants. 

Jamais des faibles... 


Du côté des influences,

La légende Arthurienne est partout.

Pas que pour ces décors grandioses

Qui finissent par nous convaincre

Que l'homme moderne est né quelque part

Sur les rives de la mer de Barents.

Mais aussi pour le héros Kolia

Cet Arthur de devoir qui ne voit pas Guenièvre

S'amouracher de Lancelot,

Pourtant son premier défenseur,

L'avocat venu de Moscou,

Bien trop occupé qu'il est à préserver

L'unité de son royaume :

La maison héritée de générations,

Les souvenirs, son sang.

Sur cette terre du bout du monde

On l'imagine bien s'écriant

Après le verre de trop

"Une terre, un roi".

Quel rôle pourrait alors jouer son fils,

Mordred alias Roma,

Dans la décomposition du foyer familial ?

Celui d'un adversaire en devenir ?

L'un des responsables indirects

De la tragédie à l'oeuvre ?

Certainement et ces grilles de lecture

Disent d'elles mêmes

Toute la grandeur du sujet,

Des "sujets" du film

Se débattant pour s'arracher au joug

D'un destin malicieux,

Au sens de messager discret,

Invisible du "mal".

Sorte de visiteur du soir indélicat

Et difficile à repousser

Comme lors de cette incursion

Nocturne et menaçante

D'un maire aviné, crapuleux

Dans les retranchements de Kolia.


Leviathan se construit avant tout sur le réel,

Sur des personnages qui existent

Dans une géographie, dans une société,

Sous l'autorité d"une administration

Centralisée, tentaculaire (l'allusion du titre)

Dont les rouages létaux apparaissent rapidement.

C'est alors le cinéma qui vient à notre rencontre,

Le vrai, à l'état brut et qui vous saisit à la gorge

Comme les goulées de Vodka

Coulant dans le gosier de personnages

En sidération devant les coups durs,

Les vents contraires, mais qui tiennent debout,

Coûte que coûte, en essayant modestement

De préserver ce qui subsiste en eux de dignité humaine.

Un peu comme des roseaux qui plieraient sans rompre

Espérant sereinement le jour où le destin aura le bon goût

De déraciner le chêne (le puissant, l'Etat, la religion)

Pour lui ôter un peu de son insolente superbe,

De cette morgue hautaine et insultante

Qu'il étale depuis trop longtemps... 

Lost In Translation. Hommage aux hommes ici assis devant

 


C'est ainsi,

Tout part souvent

D'un temps mort,

D'un ennui latent,

De jour comme de nuit.

Tout commence toujours

Par une absence à l'autre

Et d'abord à soi-même,

A son propre désir.

En cause ? La force de l'habitude,

De l'oubli à l'épreuve de la routine,

La peur de devenir

Ou d'assumer

D'être qui on est.

S'en remettre à l'heureux malentendu,

En attendre tout, 

Pourvu qu'il y soit question de tendresse.

Allez comprendre !

L'incompréhension est bien la langue

De tous les décalages

Entre les deux sexes

A travers le temps

Et les territoires.

De ce décalage naît

La possibilité d'une rencontre :

Celle de deux étoiles filantes

Sur le point d'être aspirées

Dans un trou noir

Aux confins de notre galaxie...

La peur de se louper ?

Langage universel.

mardi 16 janvier 2024

Obsession. Brian De Palma

La dernière image ? Ce long couloir d'aéroport et ces vraies retrouvailles entre un père et la fille qu'il pensait envolée à tout jamais... Emouvant et synthèse déjà des ambitions formelles, du travail sur l'image et le son de De Palma.

Le film est touchant en ce qu'il contient déjà son esprit et ses tics géniaux, lui qui sait comme personne exploiter des lieux, leur donner une coloration particulière, une identité, une épaisseur, tout ce qui contribue à les étirer en les faisant échapper à la morsure du temps.

Malheureusement, dès qu'on est sorti du mystère de cette rencontre, que la magie de dissipe, le film devient assez quelconque. Car ce qui emporte le spectateur ici c'est toute la veine Hitchcokienne de Vertigo à Rebecca (puisque les 2 films sont équitablement cités mais des clins d'oeil au Crime etait presque parfait sont également présents) en gros jusqu'au twist qui en d'autres circonstances aurait été puissant et efficace. Ici, le château de cartes s'effondre. Parce qu'on ne croit guère à cette fille assez remontée contre le père pour désirer sa perte au point de pousser le bouchon jusqu'à le séduire... Pas plus que le destin qui se répète (nouveau chantage dans les mêmes condtions et au même endroit) ne convainc vraiment. Enfin tout le flash back destiné à démontrer que la fille à l'époque fut épargnée est tout aussi lourdingue.

On ne m'enlèvera donc pas que De Palma excelle particulièrement dans Phantom of the paradise, Blow Out, Pulsions, Carrie ou même L'ImpasseObsession met en branle les obsessions de De Palma pour Hitchcock mais il le fait maladroitement (sorte de film brouillon des grands films à venir) et ne fait que rendre hommage, que se courber respectueusement devant l'idole, allant jusquà confier la création du score à Herrmann. On sent encore trop la soumission au Maître. Mais l'émancipation est proche...