vendredi 27 février 2015

Repo Men


Mad Movies a résumé le problème : "Ennuyeux et prévisible, Repo men n'a simplement pas bénéficié du script que méritait son sensationnel argument". Et oui, gros point de départ autour de trafics d'organes devenus denrées rares et chères dans un monde ultra cynique… On démarre quelque part dans un univers potentiellement "K Dickien" et puis voilà, plus rien, le néant… C'est d'autant plus rageant.

jeudi 26 février 2015

Arlington Road


Je ne m'attendais à rien de spécial avec ce petit thriller paranoïaque et bien dites-moi, c'est pas mal du tout, efficace, flippant, trouble et indistinct jusqu'au bout de sorte qu'on reste sur le cul quand le dénouement se pointe enfin, amoral au possible, "anti-conventionnel" si l'on se réfère à ce genre souvent brossé dans le sens du poil… Pour cette lente montée en puissance d'une paranoïa plus vraie que nature, pour ce final dantesque, Arlington Road se mérite ! Une critique de l'époque résumait ainsi :  "Le monde est détraqué. Arlignton Road est là pour nous le confirmer. Avec, dans le rôle du gentil, un Jeff Bridges bouleversant en paranoïaque qui voit le mal partout et, dans celui du méchant, un Tim Robbins machiavélique". Fortiche la série B. Avec un grand B.      

mercredi 25 février 2015

Pinocchio. Enzo D'Alo


Je l'ai vu sans a priori particulier avec ma fille de 5 ans. Je dois dire que le film s'adresse presque davantage aux adultes. D'abord, il est construit sur des figures irrationnelles et cauchemardesques qui ont quelque chose d'anxiogène. Ces visions accompagnent la "descente aux enfers" (il n'y a pas d'autres mots) de notre petit héros. Du coup c'est fort, c'est visuellement ébouriffant et ça rend justice à la dureté du conte qui n'a rien il est vrai de candide. Et du coup que cette fin gaie et positive rend pleinement heureux. Belle expérience donc que ce Pinocchio pas si tendre avec les enfants, mais sacrément fidèle à l'esprit de l'oeuvre et généreux pour le reste !

lundi 23 février 2015

Mars Attacks. Tim Burton


Avec Mars Attacks ! on est d'abord ébloui par l'univers, les personnages secondaires (nombreux et truculents comme dans le style choral d'un film catastrophe). On est d'abord emballé par l'humour grinçant, conquis par les nombreuses références aux grandes heures de la SF du temps des Ed Wood et autres rois de la production fauchée qui privilégiait l'inventivité... Puis s'opère la montée efficace du suspense jusqu'à la première rencontre avec l'extraterrestre. La seconde arrive et c'est toujours drôle, savoureux jeu de massacre où les humains se font pulvériser comme des grains de pop corn dans un micro-ondes. Mais hélas après, ça devient le bordel, le scénario se cherche un second souffle (l'intrusion de l'extraterrestre déguisée en femme à la maison blanche, la fuite du groupe de héros à deux balles au sortir d'un casino de Las Vegas etc.) et la résolution arrive ultra vite et de façon binaire (la musique pour exterminer cette mauvaise herbe venue de l'espace)... Un petit sentiment de gâchis, de bâclage en règle du coup s'en dégage. Curieusement. Mais après tout, ça reste drôle et sans conséquence.

dimanche 22 février 2015

Gomorra


Le film était déjà le pilote idéal pour une série TV. C'est d'ailleurs ce qu'on pouvait légitiment lui reprocher. Quelque chose d'un peu lâche et de pas vraiment tenu qui démarrait où il le voulait et se terminait de la même façon, un peu n'importe où, dans la vie âpre et réaliste de ces deux petites frappes mais de plein d'autres personnages gravitant autour… La série est donc logiquement arrivée à son tour. C'est pas mal du tout, le réalisme et la cruauté de certaines scènes en font toujours le sel mais les personnages sont vraiment trop stéréotypés : Don Pietro (sorte de Jean Reno rital avec en tout et pour tout une expression sur le visage) va en prison, se sent menacé et veut préparer le terrain pour son couillon de fiston qui, trop couvé, n'a pas vraiment la fibre. La femme du parrain se rebiffe et le copain du fiston (figure centrale), lui, sert de guide pour faire avancer l'intrigue qui avance gentiment, de façon trop linéaire et feignante, développant des éléments narratifs ultra attendus, vus et revus 100 fois. Ce qui fait qu'on a curieusement l'impression de l'avoir déjà vu cette série… Mais je retiendrai surtout les 2 derniers épisodes de la série, qui font enfin monter la sauce et l'intensité à des sommets, avec des personnages qui commencent à être passionnants (le fils surtout transfiguré). Pour ce furieux épilogue, la série vaut amplement le détour.

The Strain. Guillermo Del Toro


Dès les premières secondes, on comprend qu'on a à faire à un truc plus rigolo qu'autre chose (sans jamais le vouloir à mon sens). Des références en veux-tu en voilà (La nuit des vers géants, Hidden, L'invasion des profanateurs de sépulture, Alien, The Thing) mais qui ne s'intègrent pas vraiment dans un scénario inepte porté à l'écran par des acteurs sans une once de charisme donnant vie à des personnages ridiculement caricaturaux. Et je passe sur les innombrables rebondissements à l'avenant…  La seule petite chose appréciable c'est comme souvent avec Del Toro une inventivité même lorsqu'il est question de gore bien dégueu ! On se dira aussi que The Strain à défaut d'être bon aura cherché à renouveler le mythe du vampire. Bref, à regarder en faisant la vaisselle ou le repassage, mais ne pas y investir trop de soi pendant le visionnage, ce serait risquer une lobotomie comme le monstre les fait subir à ses victimes jamais consentantes. J'ajoute que venant d'achever la saison 1, il y a un côté bizarrement cartoonesque, plus réaliste du tout, qui prend le dessus dans la seconde partie de la saison, la rendant finalement moins impropre à la consommation. Parce qu'un second degré réjouissant fait progressivement son apparition… En espérant que la saison 2 saura rester sur ces rails qui conviennent mieux à l'esprit de The Strain.

vendredi 20 février 2015

Babysitting


L'entrée en matière, le pitch comme on dit n'est pas vraiment dégueu, c'est même plutôt sympathique  jusqu'à la découverte au petit matin de la caméra. Après, c'est comment dirais-je... Indigent, pas drôle une demi-seconde, c'est l'éternel problème de l'outrance à gogo. On veut en faire beaucoup, et puis on en fait trop, et de notre côté, nous spectateur, on ne croit à rien, tout ça étant d'un lourd peu ordinaire à commencer par les dialogues… Et je ne parle par du réchauffé des idées (pompé sur un milliard de trucs ricains déjà pas folichons mais tellement mieux en comparaison). Pas la moindre idée de mise en scène non plus et des acteurs à la rue... bref rappelons à toutes fins utiles que le found footage est un genre avec des codes mais même ça les réalisateurs semblent l'avoir oublié ou s'en seront affranchis à tort ! Rien à sauver par ici.

mercredi 18 février 2015

Le dernier pub avant la fin du monde



Dommage qu’il y ait une telle surenchère de bastons de Paint Ball à base de bleu et de longueurs dédiées à de l’action sans intérêt parce qu’il y a des tas de choses ultra positives dans ce Buddy Movie qui arrive pour commencer à créer une forme de mélancolie de cette époque alcoolisée, de cette jeunesse, de cette insouciance qui a fui les 5 compères. Puis la virée nocturne de pub en pub suivie de la première baston dans les chiottes (avec le quiproquo sur la maman pas morte) sont vraiment drôles. J’adore aussi la scène de parano où les cinq compères se montrent leurs cicatrices respectives pour s’assurer qu’il s’agit bien d’eux et pas de profanateurs de sépulture (l’une des jolies influences du film, le triptyque Don Siegel / Philip Kaufman / Abel Ferrara). Il y a sur ses temps forts d'inventives trouvailles, une tonalité juste, sincère et qui fait mouche. C’est pourquoi je me répète c’est dommage  d’avoir « meublé » autour de ces grands beaux moments avec les ingrédients typiques de l'exercice et pour tout dire pas folichons.

mardi 17 février 2015

Blood Ties. Guillaume Canet


Durant la première heure, j’étais presque gêné pour les acteurs, pour le réalisateur, pour le film. Impression bizarre… Ca s’enchaine avec tellement de platitude, en l’absence de toute vision (novatrice ou pas), du moindre sens (personnel ou pas) de mise en scène, qu’on a presque l’impression par instants (la faute aux costumes, aux moustaches, au papier peint) de regarder Message à caractère informatif.


Côté intrigue, quand on pense aux recherches formelles et narratives d’un Fincher dans Zodiac ou Gone Girl, on se dit franchement que Blood Ties ne présente absolument aucun intérêt, qu’il reste juste une image désuète et sans saveur d’un cinéma qu’on a aimé, sans qu’on puisse jamais se raccrocher à un film en particulier. Un exemple ? Les ébauches de poursuites de voiture qui tiennent plus du GTA3 like (la BO éclectique et sans colonne vertébrale y contribue) que de l’hommage aux grands films de la dite époque (Bullit, To live and die in LA). Côté narratif, c’est pire. Le film est prévisible de bout en bout sans jamais proposer la moindre prise de risque pour ne serait-ce que surprendre un peu... Le père tousse on sait qu’il va mourir, la caricature vivante du méchant en prison (quand on voit les personnages complexes que propose aujourd’hui la série Tv ou le cinéma US digne de ce nom, on prend peur) dont on sait qu’il va essayer à un moment ou à un autre de tuer son rival, le policier gentil, et je ne parle pas de ce final sur un quai de gare trépidant et appétissant comme un hamburger mal décongelé… Tout est téléphoné et rien hélas ne fait de ce fait authentique.

The Fisher King. Terry Gilliam


Je viens de le revoir. Un des grands films sur les ravages de la quête de réussite matérielle, de notoriété, de gloire, de reconnaissance, de toutes ces recherches débarrassées de sens profond…  Cet animateur radio cynique (extraordinaire séquence d’intro) qui rêve de passer du statut de voix à celui de visage... Quelle plus belle métaphore du culte de la personnalité, du narcissisme exacerbé de ces êtres perdus et irresponsables. Prémonitoire aussi la perspective de son premier grand rôle qui l'incite à déclamer "Fooorgive me" mais sans y mettre (encore tout à fait) la vibration juste, le vécu.

Un des grands films aussi sur la culpabilité qui peut être bonne conseillère et mère de grands destins. L’irresponsable prenant en charge les rêves un peu fous d’un clochard dont il a en partie précipité la chute. Episode qui nous dit également que les mots tuent parfois davantage que les gestes ou les actes (cf le monologue introductif de Jack Lucas juste avant le carnage dont il endossera légitimement une grosse part de responsabilité)…

Le destin commun de ces deux hommes ouvre des horizons sur le message le plus important du film. La magie, le rêve sont partout autour de nous, ils ne dépendent que de nous. Cette vulgaire coupe rouillée est peut-être le Graal si nos yeux, notre âme consentent à cette idée merveilleuse. Se foutre à poil dans Central Park ou aux Buttes Chaumont après la fermeture est probablement l'expérience la plus exotique, le plus lointain voyage, la plus grande aventure humaine qui soit dans un tel contexte… Pas besoin de s'envoler pour le bout du monde, d'ambitionner d'en faire le tour pour être heureux. Et non, bien sûr, tout est là, partout à chaque instant. Il est là le bonheur, depuis toujours, sous notre nez… Ne le laissons pas passer.

Bon, je sais que les détracteurs du film m'opposeront un côté trop sucré, trop "trop" par moments, une difficulté chez Gilliam à ne pas tartiner de façon exagérément généreuse... C'est pas faux, en même temps, à l'image de cette scène où Jack Lucas parle à Pinocchio, je pense qu'il faut regarder The Fisher King comme ce qu'il est, un conte, une fable, où tout est exacerbé, comme dans le fabuleux monde de notre enfance.

dimanche 15 février 2015

L'illusionniste. Neil Burger



Il y a un problème et de taille : Le Prestige est passé par là ! Et Le Prestige de Nolan est à la magie du cinéma ce que L'Illusionniste est à l'esbroufe un peu vaine de ce qu'il convient d'appeler un vulgaire film de commande Je reprends ici un florilège de critiques bien senties de l'époque :  : S'il est (...) question de magie et d'illusion, c'est seulement à l'appui d'un récit poussif et couru d'avance. Il eût fallu un réalisateur bien plus doué pour nous faire gober cette surenchère de bluff, véritable bulle de savon filmique. D'un intérêt déjà faiblard, L'illusionniste cumule également poncifs esthétiques (...) et protagonistes stéréotypés, qui ne sortent jamais de leur condition première. Tout ça semble bien laborieux, comme apprêté et empoussiéré à la fois, sans guère pouvoir laisser filtrer les sensations attendues du suspense, du vertige, du romantisme et du fantastique. Des sentiers trop souvent battus dans les mains d'un réalisateur (...) qui, stylistiquement, est loin d'être un battant.

Centurion. Neil Marshall



De mémoire il y a avait à boire et à manger dans ce Centurion mais il me souvient qu'il puisait intelligemment à la source de nombreuses et belles références (comme souvent avec le très cinéphile Neil Marshall) et surtout qu'il s'appuyait sur une violence complètement dingue, sans concessions et pas aveugle, loin de là : les combats ne sont pas juste chorégraphies pour la forme, ils sont pensés et ingénieusement mis en scène, ce qui leur donne une épaisseur. Il y a également comme chez Friedkin (Police fédérale Los Angeles) un côté "je me fous des conventions" avec des personnages principaux qui dégagent fissa et jamais proprement... Centurion reste donc malgré les écueils obligés de ce genre un peu bourrin une jolie curiosité qui sait notamment éviter les passages obligés en matière de moralisation ou d'"héroïsation" à deux balles. Et pour tout dire, Marshall a le bon goût de lorgner vers l'horrifique et le sauvage car dans le genre "chasse à l'homme", on pense inévitablement à l'ovni Apocalypto (Mel Gibson). IMPACT y allait lors de la sortie en salles de son bon mot. "Le cinéaste concocte une tambouille à son image, enthousiaste et généreuse (...). Certes plus bourratif que subtil (...), Centurion a l'immense avantage de traiter son sujet avec une absence totale de cynisme. Tout y est : batailles sanglantes (...), personnages féminins marquants (...), honneur, sacrifice...". POSITIF  aussi "la violence extrême des combats (...) est contrebalancée par la beauté lyrique, mélancolique ou majestueuse des paysages (...)."Je souscris pleinement. Neil Marshall est toujours aussi efficace et généreux lorsqu'il s'attaque à un genre. Mais il n'a hélas pas encore la renommée qu'il mériterait pourtant. De s'inscrire dans l'héritage d'un John Mc Tiernan. Mais je sais que ça viendra...

samedi 14 février 2015

The Omega Man. Le Survivant. Boris Sagal



Soit ! The Omega Man a bel et bien vieilli (la première attaque sur le héros arrivé trop tard à son abri... Pas très inspirée en termes de mise en scène) ce qui en fait un film bancal et kitschissime par moments. Mais les plans hallucinants de la ville déserte en plein jour, la séquence (mémorable) du revisionnage de Woodstock dans un vieux cinéma poussiéreux, la partie d'échecs avec un mannequin et par-dessus tout une fin nihiliste au possible (le héros littéralement empalé dans une fontaine) font qu'il mérite encore le détour. Une bien meilleure adaptation en tout cas de Richard Matheson que le foireux Je suis une légende avec Will Smith.

Le grand bleu. Luc Besson


Forcément, il faut que j'en parle de ce Grand Bleu de Luc Besson, de Jean-Marc Barr, de Jean Reno, d'Eric Serra... L'été où je l'ai vu j'avais fait l'acquisition d'un walkman à deux entrées... Le subterfuge idéal pour emballer... On écoutait Lady Blue à deux au soleil quelque part où on pouvait être tranquille et puis voilà, le film, sa musique faisaient le reste. Jean-Marc Barr y incarne un personnage aussi hermétique au monde qu'un enfant qui ne voudrait pas grandir. Le sujet idéal pour l'ado en route qui voit ainsi toutes ses craintes à l'idée de devenir adulte légitimées.. ah les critiques, elles, gloussaient, se moquaient devant l'inconséquence, l'immaturité du film dans ce qu'il avait à dire au monde. Alors que nous à 15, 16 ans, on kiffait grave !!! Alors je suis emmerdé parce que je l'ai aimé ce film, parce qu'il agitait sous nos nez de "pré-grandes personnes" ce désir morbide d'en finir avec la vie, avec le monde responsable dit "des grands". Mais il faut être honnête, aujourd'hui, il parait presque benêt avec ses sentiments sucrés et ses personnages façades, sans la moindre profondeur (Rosanna Arquette véritable potiche, mais au fond Jacques Mayol pas beaucoup mieux)... Du coup je sais pas trop quoi en dire. A 15, 16 ans c'était un grand moment, oui, aujourd'hui c'est beaucoup trop daté côté image (trop publicité années 80 pour un dentifrice), côté musique (trop clavier électronique), côté intrigue (trop simpliste), côté personnages (pas creusés)… Resteront mes jolis souvenirs d'un walkman à deux entrées, Lady Blue et quelques belles séquences dont celle des profondeurs abyssales de la fin et bien sur celle du lit englouti par des eaux comme descendues du ciel...

vendredi 13 février 2015

The Squeeze. Le piège infernal. Michael Apted



Pour Stacy Keach à la limite, on peut y aller... Un acteur trop rare mais incomparable surtout dans Fat City. C'est d'ailleurs fou que la mâchoire carrée mise à part il y a chez cet acteur dans ce rôle en particulier beaucoup de Patrick Dewaere dans Série Noire. Sinon, même si l'on conçoit bien l'idée de creuser la veine du film noir avec la silhouette avinée d'un privé en dessous de tout, le résultat n'accroche guère ou a trop vieilli : les mouvements de caméra, la musique intempestive, le jeu approximatif des acteurs rappellent davantage les films policiers avec Bebel début des années 80 que la belle tradition cynique british. Pourtant y avait de l'idée et Michael Apted n'est pas manchot loin de là. Je pense à la scène où le héros manipulé, insulté, foulé aux pieds, fait montre de si peu d'amour propre qu'il en accepte tout, même de marcher tout nu dans son quartier populaire jusqu'à se présenter à son fils, ahuri, qui voit déjà les moqueries à l'école le lendemain... Une scène très belle sur le papier, dans l'esprit, et pas terrible, assez inoffensive à l'écran. Décidément...

Daybreakers


A li'mage de cette scène d'ouverture très belle, toute en poésie, il y a un point de départ fort intéressant dans Daybreakers parce qu'on sent une volonté d'apporter du sang neuf chez les suceurs de sang. Mais franchement tant de séries ont depuis dépoussiéré le mythe que le projet fait déjà ultra daté ! Ici des vampires capitalistes (pléonasme) réinventant la lutte des classes en opprimant les humains. Métaphore filée de l'imminence des  fins dernières par la faute des hommes (ici des vampires) dont la petite musique du désastre nous dit rapidement que la pénurie de sang va obliger ces derniers à s'essayer à la malbouffe... A leurs risques et périls. Comme souvent en pareilles circonstances, un film qui ne développe rien à partir d'une idée de départ pourtant pas inintéressante se révèle rapidement être une daube où même Willem Dafoe a l'air de cachetonner comme un malheureux... Chronic'art avait ce mot d'esprit "Romero et Carpenter cités à chaque plan doivent avoir les yeux qui piquent". Je confirme ! Filmactus ajoutait à juste titre "Un naufrage artistique desservi par une réalisation brouillonne et un montage monotone, mais aussi par le non-jeu de son acteur principal Ethan Hawke". Et oui, trop de facilités scénaristiques, un film qui semble fait par dessus la jambe et ça ne se sent que trop. Bref on ne le voit pas, on n'a rien loupé ! 

mercredi 11 février 2015

Le convoi sauvage. Richard C. Sarafian


On sent bien que le réalisateur se plonge corps et âme dans ce qui se veut être un western "nouvelle vague" qui y va de ses incongruités (le personnage de John Huston scrutant l'obscurité à la recherche d'on ne sait quoi ou exigeant de faire tirer des boulets de canon ... au milieu de nulle part) et de son étrangeté un peu trop fabriquée à mon goût. Evidemment quelle belle idée que cette arche de Bass se baladant d'un bout à l'autre de l'Ouest pour des raisons purement mercantiles. Mais n'est pas Werner Herzog qui veut (on pense forcément à Fitzcarraldo) ? Sarafian a la main lourde et n'a pas vraiment le rythme (narratif) dans la peau. L'idée du Survival (malgré ses trouvailles et son réalisme appréciable) ne fonctionne pas terrible parce qu'il use de la répétition et des mêmes cordes et qu'on passe bien trop de temps sur les efforts de Bass pour rester en vie (la scène des loups, les pièges, réapprendre à faire du feu...). Les flashes back surgissent de façon pas très fine non plus (la femme accouchant près d'un arbre mort et s'y agrippant, jolie scène puis regard sur Richard Harris puis flash back avec son bébé galopant sur une plage... Mouais) et lorsqu'on revient sur le personnage incarné par John Huston, il y a comme une impression de surplace autour des mêmes questions : "est-il mort ? Que regarde-t-il ? Où nous emmène-t-il ?... Trop de brouillard autour des intentions du Capitaine finissent par lasser. D'ailleurs l'histoire de vengeance n'accroche pas beaucoup plus. Pour résumer, de très bonnes idées (ce bateau roulant dans des décors enneigés, la lutte d'un homme revenu à l'âge de pierre pour survivre, sa relation trouble à son père de substitution) mais que c'est lourdingue dans la construction et l'alternance des scènes de l'homme seul et du groupe d'hommes attendant avec angoisse son retour...

mardi 10 février 2015

Fury. David Ayer


Un film de guerre au déplacement fastidieux, bruyant comme depuis l’intérieur d’un char. La lourdeur et les grincements de chaque roulis sont perceptibles jusque dans les dialogues et la structure même du film. On appelle ça de la grosse ficelle ou du roulage de mécanique sans une once de finesse. Bon il faut dire pour commencer que coté char Kevin Reynolds est passé par là avec son très beau La Bête de guerre. Côté claustro. Wolfgang Petersen est également passé par là avec sa référence sous-marine Das Boot.
 
Mais alors, que reste-t-il au juste ? De la suie et des costumes souillés, une couleur marron virant au Sepia, des cigarettes sans filtre, tous les ingrédients pour une pub Chevignon années 80, ou pour un Whisky irlandais, voire pour des Lucky Strike. Les dialogues d’une pauvreté rare ne viennent jamais racheter une intrigue qui ressemble fort au rite de passage à l’âge adulte d’un « bleu bite » sous l’égide du grand et beau manitou qui l’initie tour à tour à la mort, aux femmes, au serrage de dents courageux, au sens du devoir désintéressé, au rire gras… Le sommet du ridicule est atteint avec cette scène où Brad Pitt torse nu engage son jeune disciple à batifoler dans une chambre avec une jeune allemande d’où cette dernière ressort la banane et le sourire aux lèvres. C’est à cet instant que l’on comprend : Fury a été écrit par des ados boutonneux. La musique omniprésente n’arrange rien et le combat final échappe à tout réalisme. On serait plutôt dans une parodie de Portés Disparus 2, Des centaines d’allemands se font zigouiller par une seule balle (traçante ?) et cinq hommes. Alors que pour faire tomber le seul Brad Pitt, il faudra pas moins de 5 coups tirés depuis l’arme de poing d’un sniper puis au moins 2 grenades à bout portant ! Consternant. Comme l’esprit d’équipe affiché par les 5 collègues filmés comme le 5 majeur d’une Equipe de Basket US qui se prépare au dernier quart temps décisif dans les vestiaires. Viril et idiot.

La seule scène à sauver est celle de 2 chars se tirant la bourre dans une morne plaine. On est alors quelque part entre Duel (l’adversaire filmé comme un monstre animé d’une vie propre) et l’abordage d’un Master And Commander mais sans navires et sur un océan de boue. Enfin, côté horreur de la guerre on n’est pas en reste, mais franchement je recommande plutôt le modeste et fauché Rambo (dernier volet) qui jouait de façon plus explicite la carte du « film de guerre qui est aussi un film d’horreur » et vice versa. Cette violence était intelligemment rachetée par la figure de Rambo, subtil prétexte à créer une fiction du réel dans ce qu'il a de pire. Avec la distance qui sied en pareil cas. Alors que dans Fury, à force de jouer la carte du réalisme boueux et rouillé, on finit par se demander s’il n’y a pas derrière ces explosions de tête un chouia de complaisance malvenue…

Les gardiens de la Galaxie


De gros clins d’œil rigolos à Star Wars, une ambiance qui lorgne aussi du côté de Willow, enfin je veux dire de tous ces films calibrés pour la jeunesse. Parce que d’humour et de second degré le film ne manque pas. Mais la dérision est souvent salutaire pour casser des codes ou désamorcer le sérieux d’un univers épique, posé, palpable. Or cet univers ici fait vraiment trop toc et patchwork pour exister. Le grand méchant ou le molosse qui crie vengeance par exemple font bien trop catcheurs évadés d'un octogone US. L’évasion de la prison se fait trop comme dans du beurre. Ce qui finit par nous rendre totalement indifférent aux difficultés et aux malheurs des uns et des autres… Il faut se rappeler la dimension dantesque de Star Wars malgré l'humour - le bras coupé du héros, le personnage joué par Harrison Ford coulé dans je ne sais plus quoi. Tout ça pour dire que Les gardiens de la Galaxie est un spectacle rigolo et sympathique pour toute la famille mais inoffensif car débarrassé de noirceur ou d’un référentiel plus fort, plus singulier. Voire carrément d’un message ou d’un sous-texte qui en sont cruellement absents. L’humour n’empêchant pas l’immersion dans un univers par le biais d'une vision, d'un auteur, un vrai…

lundi 9 février 2015

Gone Girl. David Fincher


Pour tout dire, au moment de la révélation de l’invraisemblable stratagème en cours vers le milieu de Gone Girl, je me suis d’abord dit qu’une partie du joli mystère nimbant le film jusque-là s’envolait bêtement, que ça virait au grand guignol, que trop, c’était trop. Et je maintiens que ce segment a quelque chose d'un peu lourd qui tue en partie tout ce qui s’est joué d'ambigu auparavant… Sauf qu'un thriller moyen dans les années 90 et 2000 se serait terminé là-dessus. Avec Fincher, on est à peine à la moitié du film et on se demande légitimement comment l’histoire va bien pouvoir rebondir après un truc pareil. Ce moment ne se révèle qu'un terreau fertile sur lequel va s'épanouir une grande deuxième partie. Au lieu de se tasser, le film continue de grandir jusqu’à une forme d'apothéose. D'abord et simplement parce qu’on a un temps pensé qu’elle était complètement cintrée, sorte de vent multidirectionnel dans la tempête, alors que le plus effrayant chez elle, c’est bien de réaliser qu’elle a la folie droite de ces pervers doués comme personne pour une bonne vieille partie d’échecs, capables de tout prévoir, des dizaines de coups à l’avance, capables d’improviser dans une forme de rationalisme échevelé qui rend fou. Le mari victime de ces stratagèmes mortifères finit par se sentir comme dans la peau d'une mouche prise dans une toile d’araignée. Le spectateur étouffe alors avec la victime et le film peut sécréter son venin divin.

D’ailleurs la dernière ligne droite du film est un sommet de cynisme et de cruauté. J'ai pensé au final extraordinaire d'un livre que je conseille : Nuit de Fureur (Jim Thomson). Deux personnages enchaînés ensemble à l’attente d’un dénouement forcément tragique, condamnés l’un à l’autre, et qui attendent, attendent dans un climat irrespirable. Aucune autre issue à ce huis-clos que cette ouverture évoquant le crâne qu'on exploserait bientôt pour regarder se déverser les raisons de l'acharnement, d'une rage qui n’avait évidemment jamais été de l’amour mais une prise d’otage pure et simple. Dans sa compréhension à elle, il devra ramper et se mettre à genoux pour qu’elle revienne, pour qu'elle le sauve de la chaise électrique. Et pour être certaine qu’il ne s’échappera jamais, elle ira jusqu'au meurtre et, cerise sur le gâteau, lui fera un enfant ! On regarde déjà venir cette descendance à l'approche comme une bombe à retardement. Comme ce crâne prêt à exploser, comme ce ventre prêt à expulser la monnaie d'échange pour une paix des lâches. Complicité de façade et petits secrets bien gardés. Pour avoir la vie tranquille, faisons l'autruche et table rase du passé. 

C’est d’ailleurs à mon sens un des plus grands films qui soient sur le mariage depuis Scène de vie conjugale (Bergman) ou Faces (Cassavetes) voire dans un registre plus comique et satyrique La guerre des Rose (De Vito) ou l’Honneur des Prizzi (John Huston). Une scène marquante évoquant ces deux derniers films est celle où elle revient ensanglantée et tombe dans les bras de son mari qui se fend d'un phrase discrète et assassine. Sauf que là où la caricature allait bon train dans les films de De Vito et Huston, on en prend ici pour son grade, plein la gueule, parce ça sonne vrai et vous prend à la gorge comme ce cutter dans celle d'un aristo naïf, aveuglé par une fausse idée de l'amour (ou de la possession ?) et qui en fera cruellement les frais dans une scène qui n’est pas sans rappeler le fameusement sadique Basic Instinct.

Tous les personnages secondaires sont d'ailleurs passionnants. De cette victime collatérale (murée dans son palace et ses illusions de nanti coupé des vraies réalités) au couple crapuleux d'un motel qui rappelle à la jeune disparue que "ce monde", celui d'en bas n'est pas vraiment fait pour elle.... 

Une autre force du film, c'est cette dialectique omniprésente privé / public (sur le plateau de télé/ dans la voiture, dans la maison/dans la rue, au creux de l'oreille/à la cantonade...) qui offre le vrai visage de la famille américaine, puritaine et prompte à défendre ses acquis, ses valeurs sous les projecteurs aussi longtemps que ces derniers restent allumés ou que des intérêts supérieurs (la descendance) sont en jeu, voire menacés.

Et que dire de la narration ? D’une intelligence rare et qui sait ménager ses rebondissements car la première partie est évidemment une version toute partiale de la vie quotidienne et privée de ce couple allant s’installer dans le Missouri (terre de grands écrivains s’il en fut) dans un mouvement presque littéraire (qui parle ? qui s'adresse à nous ? Sommes-nous dans la réalité ? dans le journal intime ?) qui n’est pas sans rappeler le précédent de Shining (les premiers mots – la tête, la cervelle, comment voir dedans ? - y font évidemment allusion comme le grand escalier de la maison du couple).

On tient aussi avec Gone Girl un authentique thriller mettant en scène le pendant féminin d’American Psycho, une sociopathe dénuée de toute empathie pour son prochain. Elle rayonne dans un monde où plus rien ne semble avoir d'importance que de penser à soi, que d'être "pas comme les autres", au sens où les autres coagulent pour devenir cette masse informe, cette agglutination d'objets qu'on utilise puis qu'on jette pour mieux atteindre ses petits rêves de pacotille (le pouvoir, l'influence, la gloire et la renommée).

Dernier point captal dans un film qui achève de faire exploser tous les codes : Combien de fois un meurtrier se fait attraper à la toute fin par un petit micro glissé sous la chemise du héros. Cela donne ici  la scène fabuleuse de la douche où assurée de pouvoir parler en toute "franchise" (dire le fond de sa pensée) - sauf que nous spectateurs sommes là, attentifs, voyeurs aussi - l'épouse retorse monnaye la paix des ménages en exigeant de son benêt de mari de prendre la responsabilité des achats compulsifs de la remise chez sa soeur. Elle a décidément tout prévu jusqu'au dernier petit détail...

Bref Gone Girl est un film d’une infinie richesse. Il ne fait pas que redéfinir un genre, le thriller, il se pose aussi comme une nouvelle référence du film conjugal et nous parle par dessus-tout de l'air du temps. D'un temps où l'individu se perd en confondant amour et propriété, où le pervers narcissique devient monnaie courante, fruit des dérives du Capitalisme. Un bon titre eut d'ailleurs été l'Amour au temps du Capital. Non décidément, Gone Girl est à ce jour pour moi le plus grand film de Fincher, le plus ample. Magistral ! Sublime !

dimanche 8 février 2015

L'Abominable Docteur Phibes. Robert Fuest


Non non, ce n'est pas Fantomas sur l'affiche… Non, non le tueur en série ne reproduit pas pour chaque nouveau crime un des 7 péchés capitaux (7even) mais une des 10 plaies d'Egypte. Non non, Phantom of the Paradise est bel et bien sorti après le film de Robert Fuest (puisque de nombreux éléments nous y font penser hors le mythe de Faust qui leur est commun). Et si, si la seule bonne idée de Saw était radicalement piquée à cet Abominable Docteur Phibes. J'ajoute qu'en littérature en matière de vengeance il y a eu la référence le Comte de Monte Christo. Et bien voilà en mat!ère de cinéma y a ce film délicieusement morbide et gore : L'Abominable Docteur Phibes. Opératique mais dégoulinant d'idées gerbosses, très british et tellement cradingue. Bref L'Abominable Docteur Phibes est à voir. Une référence horrifique peu connue comme il y en a peu. 

samedi 7 février 2015

Ma maman est en Amérique. Elle a rencontré Buffalo Bill


Quelle découverte ! Un film que j'ai mis à ma fille de cinq ans… Bon, elle est encore un peu jeune c'est vrai (rapport à la révélation sur le Père Noêl ou à la mort de la maman) mais elle a pleuré, insisté pour rester jusqu'au bout et a vraiment adoré… Tout comme son papa ! D'une sensibilité folle, un film qui raconte comme peu de dessins animés la nostalgie de ces années 70, l'absence têtue qui prend forme dans un foyer où le père est aussi une figure intermittente, la façon dont les enfants se recréent un monde imaginaire pour conjurer le sort et pardonner aux absents... C'est beau parce que tout sonne vrai, ça prend aux tripes parce que les personnages existent (le dessin est très beau), c'est par ailleurs plein d'humilité, d'humour sensible, bref j'ai adoré ! D'une absolue délicatesse. A voir absolument.      

jeudi 5 février 2015

Tel père tel fils. Hirozaku Kore-Eda


La première heure qui s'étire depuis la révélation choc jusqu'à la photo qui tient lieu d'affiche est assez géniale parce qu'elle pose finement les nombreuses problématiques en jeu, expose les deux familles se jaugeant, apprenant à se connaître, imaginant tous les scenarii possibles. Une partie toute en sensibilité avec des personnages complexes, très bien écrits, divinement interprétés. Quelques échanges brillants d'ailleurs comme lorsqu'un père dit à l'autre "personne ne peut vous remplacer comme père" alors que ce dernier évoque le fait d'être irremplaçable au travail. La deuxième heure (après l'échange effectif) patine en raison d'un fil narratif plus simple et répétitif désormais (mon ancienne famille me manque, vous n'êtes pas mes parents…) mais on finit heureusement par retomber délicatement sur nos pattes avec d'abord la jolie scène sous la tente dans le bel appartement cosy puis surtout avec les retrouvailles dans la maison vétuste de l'autre famille. Bref, un beau film qui évidement joue sur des clichés un peu éculés (comme le fit en son temps La vie est un long fleuve tranquille) mais avec une véritable finesse d'analyse des personnalités, et une très grande empathie pour les personnages qui finissent par nous sembler tellement familiers qu'on est presque triste de les quitter, malgré les longueurs de la deuxième heure ...   

The Lunchbox. Ritesh Batra


Tenons-nous là le Max Ophuls indien, une version "Bombaystique" de Lettre d'une inconnue ? Pas vraiment mais The Lunchbox est tout de même un très joli mélo, enlevé, prenant malgré la répétition du dispositif de départ, et qui exploite à merveille une idée simple : L'improbable trajet d'un message dans une boite de fer (on découvre au passage cette tradition toute indienne de livraison de repas sur le lieu de travail) sera toujours mille fois plus épicé, romantique, goutu, délectable qu'un simple SMS envoyé en un clin d'oeil… Et oui, rien ne remplacera jamais l'inattendu, l'échange vertueux avec une voisine d'immeuble, le plaisir d'écrire à la main sur du vrai papier, le privilège de manger de vrais plats concoctés avec amour (le film en est un à coup sûr), rien ne remplacera jamais l'humanité de cet homme (quel incroyable acteur au passage !), de cette femme, de la plupart des personnages peuplant le film… The Lunchbox offre pour finir une belle métaphore de notre réalité d'aujourd'hui, de cette coexistence dont nous sommes viscéralement les fruits et qu'on ne doit pas laisser mourir pour les mirages du soit-disant progrès !

mardi 3 février 2015

We own the night. La nuit nous appartient. James Gray


J'en attendais vraiment beaucoup de cette nuit prétendument possédée… Or, dans toute possession au sens d'une belle emprise, il faut un minimum de folie, de souffle dément au coeur de la nuit. Et c'est ce qui pour moi manque au film. James Gray a un vrai talent pour les beaux genres balisés. Mais trop de classicisme peut finir par lasser. En dehors d'une belle et folle poursuite en voiture et d'un final champêtre envahi par les flammes qui révèle le personnage principal à lui-même comme au monde, tout ceci ronronne sacrément et se révèle ultra attendu, J'ajoute qu'une forme énervante de manichéisme alourdit un classicisme déjà pesant. Beaucoup trop de bons sentiments et de sirupeux échanges entre frères, entre fils et père, de niaiseries viriles et superflues pour totalement retourner le spectateur… L'exemple typique c'est ce final franchement lourdingue sous la bannière étoilée où toute nuance, toute ambiguïté (si salvatrices en matière de film noir) semblent s'être évaporées pour ne laisser place qu'au bleu calibré d'un uniforme de police. Bref We own the night est certes pas mal du tout mais pas exempt de vilains défauts.

lundi 2 février 2015

Heavenly Creatures. Peter Jackson



Fait divers criminel ? Passion mordide et jusqu'au-boutiste entre deux adolescentes relatée via la découverte de leur journal intime ? Difficile d'imaginer Peter Jackson aux commandes d'un tel projet... Et pourtant, voilà l'une ses belles réussites et la preuve qu'il est aussi doté de sensibilité et d'appétit pour la psychologie fine et décryptage d'un âge épris d'absolu, étanche à toute société normative. On peut aussi le créditer d'une capacité à repérer des talents à éclore (la révélation Kate Winslet). Heavenly Creatures n'est pas exempt de défauts mais il est pour toutes ces raisons une facette singulière et précieuse dans la filmographie de Peter Jackson. Parce qu'il y mélange comme souvent le très inspiré (l'aspect réaliste, rugueux et abrupt qui nous saute au visage dès l'ouverture et cette course à travers champs pour s'effacer puis resurgir au cours d'une sacrée déflagration finale) et un tape-à-l'oeil pas indispensable dont il est coutumier : retour à du figuratif, de l'onirique, des prouesses visuelles, du sur-montrage de biscoteaux en somme... Mais voilà, le final et le retour au réel rattrape l'ensemble et redonne au film sa cohérence de film autour d'un fait divers tragique et qui ne cherche jamais à expliquer autre chose que le choc des générations filmé comme celui de deux civilisations qui viendraient de se rencontrer. "Allô la Terre, ici l'adolescence !"