mardi 17 février 2015

The Fisher King. Terry Gilliam


Je viens de le revoir. Un des grands films sur les ravages de la quête de réussite matérielle, de notoriété, de gloire, de reconnaissance, de toutes ces recherches débarrassées de sens profond…  Cet animateur radio cynique (extraordinaire séquence d’intro) qui rêve de passer du statut de voix à celui de visage... Quelle plus belle métaphore du culte de la personnalité, du narcissisme exacerbé de ces êtres perdus et irresponsables. Prémonitoire aussi la perspective de son premier grand rôle qui l'incite à déclamer "Fooorgive me" mais sans y mettre (encore tout à fait) la vibration juste, le vécu.

Un des grands films aussi sur la culpabilité qui peut être bonne conseillère et mère de grands destins. L’irresponsable prenant en charge les rêves un peu fous d’un clochard dont il a en partie précipité la chute. Episode qui nous dit également que les mots tuent parfois davantage que les gestes ou les actes (cf le monologue introductif de Jack Lucas juste avant le carnage dont il endossera légitimement une grosse part de responsabilité)…

Le destin commun de ces deux hommes ouvre des horizons sur le message le plus important du film. La magie, le rêve sont partout autour de nous, ils ne dépendent que de nous. Cette vulgaire coupe rouillée est peut-être le Graal si nos yeux, notre âme consentent à cette idée merveilleuse. Se foutre à poil dans Central Park ou aux Buttes Chaumont après la fermeture est probablement l'expérience la plus exotique, le plus lointain voyage, la plus grande aventure humaine qui soit dans un tel contexte… Pas besoin de s'envoler pour le bout du monde, d'ambitionner d'en faire le tour pour être heureux. Et non, bien sûr, tout est là, partout à chaque instant. Il est là le bonheur, depuis toujours, sous notre nez… Ne le laissons pas passer.

Bon, je sais que les détracteurs du film m'opposeront un côté trop sucré, trop "trop" par moments, une difficulté chez Gilliam à ne pas tartiner de façon exagérément généreuse... C'est pas faux, en même temps, à l'image de cette scène où Jack Lucas parle à Pinocchio, je pense qu'il faut regarder The Fisher King comme ce qu'il est, un conte, une fable, où tout est exacerbé, comme dans le fabuleux monde de notre enfance.

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