lundi 4 février 2013

The Voice. Patrick Bruel

The Voice est un concept passionnant d'abord parce qu'il dépoussière de vieilles recettes mises au goût du jour par la Star Academy et autres Nouvelle Star, qui étymologiquement parlant starisaient un personnage, consacraient une nouvelle icône de la variété française qui s'octroyait seule aux yeux du public les mérites de sa victoire finale.


Avec The Voice, il est d'abord question de mettre en avant un organe (une voix) en évitant de la personnifier, en ne valorisant pas le physique qui va avec.

Mais cela répond justement aux exigences mêmes du concept, de sa raison d'être : la nature ayant horreur du vide, cette voix sans visage devient paradoxalement celle du coach qui la façonne. Je m'explique : le plateau de l'émission est assimilable à une table de Poker mettant aux prises 4 joueurs (les coaches) qui vont devoir s'affronter avec des jeux différents. Comme lorsqu'on tire des cartes au Poker, personne ne sait vraiment de quoi sera fait son jeu. C'est l'habile principe du candidat qui choisit et pas le contraire, "le jeu qui choisit sa main" si vous préférez. Ce qui de fait oblige les coaches à élaborer des stratégies pour optimiser leurs mains respectives, une fois toutes leurs cartes tirées, afin de se remettre dans les meilleurs dispositions au moment de les abattre (les coaches n'abattent-ils pas symboliquement des candidat sur le chemin de la finale ?), quitte à bluffer (partir trop fort comme Jennifer a première année, ou trouver le titre qui va faire la différence pour Florent Pagny et son outsider transcendé par ce choix lumineux un soir de finale.


Ce sentiment que le vainqueur de la saison 1 fut autant Florent Pagny que son "poulain", a achevé de me convaincre que Patrick Bruel, amoureux et champion de poker, ferait mieux que quiconque, un redoutable coach capable de bonifier ses atouts, un ambassadeur idéal pour ce jeu télévisé dont la maxime pourrait être "Ce qui compte ce n'est pas le jeu de départ, c'est ce qu'on en fait". L'esprit d'un bras de fer entre 4 joueurs, les coaches, qui deviendront paradoxalement les vrais vainqueurs à l'instar d'un José Mourinho dans le football moderne pour reprendre une image qui parlera à tout le monde.

En refusant de participer à la saison 1, Patrick me semble donc avoir sous-estimé les cartes qu'il avait alors en main. Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire.