samedi 27 avril 2024

True Grit

La dernière image ? Evidemment cette chevauchée nocturne suivie de l'épilogue qui laissent des traces indélébiles.

True Grit est un grand western porté par un trio formidable. John Wayne revit sous les traits du divin Jeff Bridges pendant que ce personnage de jeune fille rigide, déterminée, avec des valeurs, est inoubliable.

Peut-être que le coeur du film laisse un peu sur sa faim par son côté trop linéaire mais dès que l'emballement se fait sur les berges de cette rivière où la jeune fille se retrouve face-à-face avec l'assassin de son père, alors c'est du très grand art que les Frères Coen nous concoctent jusqu'au dénouement qui arrache plus qu'une larmichette. 

  

The Game

La dernière image ? J'aime le côté "enfin fendue l'armure" l'orsque l'émotion remonte (au gré des images de video amateur de lépoque) à mesure que nou suivons la chute du héros de la toute fin.

Mais j'avais pas aimé du tout lors de sa sortie. Parce qu'évidemment on ne peut s'empêcher de se dire "Tout ça pour ça ? ". Je viens de le revoir. Mon avis a quelque peu changé. D'abord parceque la maîtrise de Ficher est à saluer, le rythme, le suspense, cette ambiance paranoïaque, schyzophrène, qui t'amène à penser même lors de ce denier plan que le jeu n'est peut-être pas encore tout à fait fini... C'est ce que j'aime finalement, cette idée qu'une fois dans le jeu (dans le film), on peut se perdre entre fiction et réalité. Où commence l'une, où finit l'autre ? Cette dimension bien restituée est plutôt séduisante (plus que dans mes souvenirs en tout cas).

En revanche, je maintiens que The Game reste un film très mineur pour tout ce qu'il contient de pas crédible une demi-seconde... Tout ce qui est développé par la fameuse société (malgré toutes les précaution du monde) dépend de tellement de facteurs, peut si facilement comme dans la vraie vie provoquer de drames et  de morts accidentielles (dans la préciciptation au volant d'une voiture, un arrêt cardiaque lorsque la voiture plonge dans l'Hudson etc etc...) dans un monde aseptisé, peureux comme c'est pas permis, où tout se judiciarise pour un oui pour un non, qu'on ne marche pas une seconde pour accepter l'hypothèse que tout ceci ait été possible... Surtout dans la perspective d'un stratagème déployé avec de "bonnes" intentions pour faire émerger l'humanité chez le héros... Alors oui on revient toujours à la même question : tout ça pour ça ?     

vendredi 26 avril 2024

Pulp Fiction

La dernière image ? Le final sympathique, positif et pour lequel pour une fois le style "bavard" de Tarantino sert vraiment le propos car il est utile à faire émerger la moralité légère, lorgnant du côté d'une forme de rédemption positive et gaie de Pulp Fiction.

Mais c'est aussi là que le bât blesse. Un film que je n'avais d'ailleurs guère adoré à l'époque, dont il ne reste finalement pas grand chose à part peut-être une BOF sympa. Tout ici est trop frivole, dans l'air du temps, oubliable et donc de nature à vieillir prématurément... Ca se confirme en le revoyant.

S'agissant de la structure, j'avais gardé le souvenir d'une architecture solide habile pensée...En fait elle n'est pas si complexe et sophistiquée que ça, elle est même plutôt basique. Le segment d'entrée et de sortie (qui se répondent) restant pour moi le plus intéressant, le plus cinégénique. Mais sinon et même si Bruce Willis dégage toujours un truc très fort à l'écran sans avoir besoin d'ouvrir la bouche, son histoire n'inspire vraiment pas grand chose, on ne croit pas à son histoire d'amour et les hasards successifs qui le font tomber nez à nez avec le perso de Johh Travolta puis avec le grand méchant milliardaire (parti faire ses courses lui même à pied à l'épicerie du coin wtf) sont objectivement faiblards, provenant d'idées paressseuses. Toute la partie entre la nana du pseudo "parrain" et le perso de John Travolta idem est aussi longue qu'elle est tristement dénuée de tout intérêt. Toujours provoc et chic et toc. Et pire encore tout la séquence nettoyage de voiture après la bévue d'un des 2 tueurs à gages...

Bon et franchement, globalement, un film truffé d'effets choc, de tics adolescents, symptomatique de ces années 90, avec des persos caricaturaux au possible et pour lesquels on ne ressent rien à part peut-être (je le disais plus haut) pour le jeune couple de braqueurs et le perso de Samuel L Jackson qui en s'humanisant nous permet enfin de compatir mais c'est beaucoup trop tard...  

 


mardi 23 avril 2024

Le Stratège

La dernière image ? Les images d'archives qui défilent lors de la fameuse vingtième victoire historique. Très émouvant.

Mais le mieux dans ce film c'est encore le fameux bouquin Moneyball qu'il faut lire pour les amoureux de Football Manager dont je fus dans la jeunesse...

Car le film est assez plan plan, académique, très linéaire, monocorde, n'attachant que peu d'intérêt aux personnages, aux joueurs recrutés à vil prix... Tout est centré sur Brad Pitt qui lui-même est beaucoup trop lisse.

Mais cet esprit Moneyball qui irrigue de très loin le film vaut quand même le détour... Cette idée qu'en allant au-delà des apparences, au-delà des intuitions, on peut juger du potentiel des joueurs (comme des salariés d'une entreprise) pas sur leur bagoût, leurs silhouettes ou leurs styles respectifs mais sur des résultats concrets, des réalisations, des statistiques...

On imagine alors bien qu'en L1 on pourrait aller repêcher des joueurs écartés des écoles de formation parce que "ingérables", trop petits, trop grands, trop fragiles, aimant trop la vie...  Et monter avec une équipe de feu.

Mais je comprends aussi toutes celles et tous ceux qui trouvent dans ce BIG DATA spirit l'ombre malfaisante du capitalisme à tout crin.

 

samedi 20 avril 2024

Killers of the flower moon


 La dermière image ? Probablement la séquence nocturne juste après le dynamitage de la maison de la soeur de Molly. Belle atmosphère crépusculaire. Presque fantastique. Qui reste en mémoire. D'ailleurs les scènes de flammes dans la nuit m'ont rappelé la beauté  irradiante des Moissons du ciel (Malick).

Ca fait quelques films que je m'acharne à répéter que le Scorsese qu'on a aimé n'est plus là et que ça ne date pas d'hier. La caméra tourne mais d'âme, d'émotion vraie, vous ne trouverez pas. 

D'abord quel intérêt d'étirer un film sur près de 3 heures ? Surtout quand le rythme est aussi monocorde, le style aussi académique, l'intrigue aussi plate... Je veux dire que tout ce qu'on voit rapidement ne fait que se répéter inlassablement jusqu'à l'épilogue. Aucune surprise. Tout est donné d'entrée. "On va tous les spolier via des arnaques à l'assurance, à l'héritage avec de crapuleux empoisonnements et assassinats à la clé". Voilà le programme. Maintenant on va vous dérouler le programme pendant plus de 3 heures. Indigestion quand tu nous tiens...

Le seul piquant résidait peut-être dans l'ambiguité du personnage campé par Di Caprio et sa relation (sincère ?) avec Molly. Mais c'est trop peu et surtout jamais développé. Tellement peu développé qu'on ne ressent rien quand ils perdent leur fille (???). Repensons simplement ici à la douleur ressentie lorsque le personnage campé par Ryan O'Neal dans Barry Lindon perd son fils... Ici pas plus d'émotion pour la fille que les soeurs de Molly, sa mère, ou même la longue maladie (provoquée) de Molly... Le film anesthésie patiemment son spectateur.  

Ce qu'on peut bien sauver de façon certaine dans Killers of the flower moon, c'est son titre bien sûr, beau comme c'est pas permis, mais aussi et surtout  le devoir de mémoire qu'il légitime. Mais sorti de l'intention, il me semble clair qu'en pareil projet il eut fallu mener l'intrigue du point de vue de l'enquêteur du FBI (personnage ici secondaire et probablement beaucoup plus intéressant à suivre y compris dans ses motivations et devoirs). Dévoiler ainsi l'horreur au fil de son enquête. Un peu comme Alan Parker le fit dans Mississipi Burning (sur une thématique pas si éloignée). Je crois que cela aurait permis au spectateur de découvrir progressivement la machination diabolique en commençant par les apparences d'un monde où la cordialité et la cohabitation entre les communautés semble toujours à première vue harmonieuse... 

Le problème ici est de toute façon multiple. J'ai parlé de cette intrigue qui déroule son programme sans aucune aspérité, de façon lisible et prévisible. Bêtement linéaire. Les acteurs sont par ailleurs en cause. Ils en font 100 fois trop. Je pense surtout à Di Caprio (pourtant génial, peut-être le meilleur de sa génération) qui cabotine à outrance, singeant le plus souvent le Brando du Parrain et sa bouche pleine de je ne sais quoi... Ayant toujours le sourcil froncé, le regard soucieux avec ce côté chien battu "je souffre, je suis tiraillé, j'aime Molly mais j'aime mon oncle, je participe à des trucs horribles mais il faut le faire, je suis un homme de devoir"... De Niro n'est pas en reste. Mais pour une raison simple. Les personnages sont monolithiques. L'un obsédé par l'argent est un pourri sans la moindre étincelle d'humanité jusqu'au bout. L'autre est un lâche, amoureux mais perdu et qui se laisse facilement manipuler. Il n'ouvre les yeux que lorsqu'il est finalement pris la main dans le sac... Tous deux sont énervants au possible. La durée y est pour quelque chose évidemment. Impossible de s'attacher. Comme il est impossible de s'attacher à Molly et sa mollesse de tous les instants. Qui ne finit par en vouloir à son mari non pas pour son implication directe dans la mort de sa mère, de ses soeurs et de son ex mari mais seulement après le procès quand elle comprend que l'insuline n'était pas son seul remède quotidien... Pauvre petite oie blanche. Quelle zénitude ! Un somnifère à elle toute seule. Et dans sa communauté, personne pour s'indigner, la défendre, se rebiffer ?   

Voilà donc comme d'hab j'ai envie de dire (en gros depuis A tombeau ouvert puis Gangs of New-York ) un film indigeste de Scorsese qui finalement ne fait que reproduire avec platitude et moultes clichés le schéma des Affranchis. Enlevez l'univers des indiens du vingtième siècle naissant, mettez des mafiosis avec De Niro en Parrain grimaçant et Leonardo Di Caprio campant Ray Liotta en fils spirituel qui finit par trahir pour sauver sa tête. Et nous y voilà...

vendredi 19 avril 2024

It Follows


La dernière image ? La vie dans l'habitacle traversant des quartiers comme on en trouve à Haddonfield  dans Halloween. On the Road. L'esprit du road movie. La beat Generation version série B. J'aime beaucoup ces désamorçages, ces respirations dans le film. La  bande de copains soudée (esprit Breakfast Club) dans la voiture et qui file vers son destin. La musique est également raccord, envoûtante mais inquiétante. Toujours ! 

Dans l'ensemble, je trouve l'idée d'It Follows intéressante surtout pour son esprit Sundance, très film indépendant américain qui viendrait se télescoper avec le genre matriciel horrifique (l'une des références centrales qui apparaît rapidement est The Entity aka Emprise de Sidney J Furie).

Côté genre précisément, je salue la séquence d'introduction (d'exposition) plutôt réussie. Car elle installe bien la peur et démontre l'horreur qui peut se faire jour et découler de ces rencontres "post coïtum animal triste".     

Ce qui me laisse perplexe c'est d'abord cette idée que le mal se transmettrait sexuellement. Point de départ pas inintéressant mais sous exploitée à mon sens ou alors aurait-il fallu jouer davantage la carte du second degré. Certes, on comprend bien les intentions au coeur des références, des Griffes de la nuit à Carrie en passant par Halloween... Tant que tu es "vierge"  tu ne risques rien nous murmurent ces oeuvres. Dès que les premières règles et l'âge adulte arrivent (Carrie) le péché est en toi... Métaphore éternelle des métamorphoses adolescentes qui font le deuil de l'enfant que nous fumes. Mais cela doit justement fonctionner comme métaphore et pas comme pillier narratif de l'intrigue. Ca crée une confusion malvenue : Pour me sauver, je vais devoir refiler ma maladie "honteuse" à ces petits cons sur un bateau là-bas... Ah bon ? Malsain oui. Sauf à manier l'outrance et l'ironie. Ce qui n'est jamais le cas ici. Première grosse faute de goût à mes yeux.

Par ailleurs, cette idée d'une entité qui vous poursuit quelle que soit sa nature (surnaturel, SF...) est divinement traitée dans Terminator (c'est un peu une Sarah Connor cette héroïne) ou dans Les Griffes de la Nuit : Ne t'endors pas sinon Freddy Krueger viendra te chercher... Voire dans Halloween Michael Myers est précisément décrit comme un fantôme à chaque coin de rue et qui pourrait bien (au moins au début) n'exister que dans la tête de Laurie Strode. Je trouve que dans chacun de ces univers (même s'ils sont tous différents) on sent à chaque fois une volonté de maintenir une intensité et une cohérence, un jusqu'auboutisme qui force l'admiration et n'en rend que plus mémorable la traque infernale. Or ici, passée l'installation qui intrigue, la deuxième partie, en gros à partir de la séquence de la plage, bascule dans quelque chose de différent, dans des univers qui finissent par affadir le propos et surtout faire perdre en crédibilité le postulat de départ. Ca tatônne, ça finit par "se chercher" quelque part entre Le sixième sens (elle est d'abord la seule à voir arriver ces Candyman aussi dérangeants qu'un moustique au moment de s'endormir), Ring (la malédiction vient sur toi parce que tu as regardé la cassette maudite) voire L'homme invisible (les autres ne voient pas l'entité mais voient les objets bouger autour etc). Gloubiboulguesque !

Si on rajoute l'idée farfelue que ces esprits ne feraient que marcher (ah bon ? wtf ?) comme dans un bon vieux film de Zombie, arpentant bêtement le macadam sans jamais pouvoir traverser les murs ni se téléporter... On se dit que trop c'est trop. Quant à la séquence finale dans la piscine, elle n'arrange pas les choses (revoir l'incroyable séquence de piscine de Morse pour s'en convaincre). Tout y devient premier degré, l'entité peut être éliminée, électrocutée, transpercée, recouverte avec un drap, ligotée, noyée, rasée, enduite de goudrons et de plumes... Du grand guignol ! Ce dérapage a commencé sur la plage où tous voient bien les cheveux de l'héroïne se dresser tout seuls sur sa tête... Elle s'enfile ensuite un champ de maïs, s'évanouit. Mais l'entité, elle, se sera perdue en route... Entre cette séquence et celle de l'hôpital, personne n'aura rien filmé, personne n'aura essayé de contacter les parents ou de se rendre à la police pour leur expliquer les choses forts d'un discours collectif convaincant et d'indices qu'ils ont pu réunir après la rencontre avec la victime "n-1". Bref, dès lors, dans un tel contexte, ça ne fonctionne plus. On n'y croit plus.

Voilà pourquoi je retiens de ce film le style, l'image, l'élégance, l'ambiance. Pour le renouvellement d'un genre, on repassera. Beaucoup trop de références qui partent dans tous les sens et mal digérées donc mal restituées.

jeudi 18 avril 2024

Le mal n'existe pas

La dernière image ? Cette séquence de fin déchirante dans une brume matinale dirait-on... Une rêverie de crépuscule ou de petit matin. Qui sait ?

Un film vraiment étrange mais pénétrant. Qui laisse des marques profondes, tout en ruptures, très personnel, entre transe musicale vivante, aérienne propre à la projection mentale et une réalité crue se déployant lentement dans un cadre (celui de la caméra) statique, empesé.

En cela, le film restitue parfaitement le mystère de la nature immuable, insondable qui toujours nous met au défi d'exister, nous incite au travail respectueux, harmonieusement. Un labeur qui nous donne l'illusion d'une solidité, d'une permanence, qui ne sont jamais qu'illusion. La vérité se niche dans les basculements imprévisibles de la vie comme l'épilogue nous en réseve et qui soudain vous ramène à beaucoup beaucoup d'incompréhension et d'humilité.

S'ajoute à ces sensations une réflexion fine et palpable sur le temps qui s'écoule différemment qu'on soit à la ville ou aux champs. Interminable d'un côté campagne, presqu'immobile. Et de l'autre, liquide, mouvant, d'un bureau à un habitacle, d'une visioconférence à une visioconference... Une affaire de sablier, d'argent qui brûle les doigts, de perte de sens...  

je tiens à souligner l'habileté de la mise en scène qui parvient à surprendre au moment de l'épilogue pour ce  qui est une réflexion pleine d'émotion sur la fragilité de nos vies. Une surprise qui devient désarroi, désespoir, face auxquels la placidité apparente du héros laisse admiratif, sans voix. 

Reste une fin ouverte qui peut décevoir dès lors qu'on s'est attaché à tous ces personnages jusqu'au maire de cette petite bourgade. Et que l'on espérait légitimement peut être comprendre ou juste savoir... Parce que l'énigme de cette installation finale laisse un peu sur sa faim : Voit-on vraiment ce qu'on nous donne à voir ? Qu'adviendra-t-il par la suite ? On veut savoir. On a trop aimé vivre aux côtés de ces personnages tous vrais et attachants pour des raisons chaque fois différentes.

Compte tenu de la multiplicité des points de vue revendiquée (depuis le regard abstrait d'un wasabi sauvage jusqu'à la caméra arrière d'un SUV en passant par le prologue vécu à travers les yeux et l'imagniation de la jeune Hanna) on peut tout à fait imaginer que cette séquence de fin soit la projection mentale d'un des personnages. Oui mais lequel ? Tout ici est affaire de "moment présent", dès que le temps s'accélère, que l'anticipation se fait jour, que l'on imagine ce qui viendra, alors le pire peut arriver... La peur engendrerait l'hésitation, l'hésitation engendrerait la réalisation de toutes nos peurs. Ici le projet du Gampling et sa malhonnêteté assumée pour des raisons bassement matérielles  peut mettre en péril touts les équilibres dans ce coin de paradis. Par ailleurs, un simple cerf blessé par une balle perdue peut injustement provoquer la mort de l'innocence. Le fameux battement d'ailes du papillon...

L'épilogue est là pour rappeler "how fragile we are"... Chaque être, chaque instant, chaque inspiration, chaque gorgée, le miracle de cette eau au fond de la vallée qui ne tient à rien... Nous sommes prévenus !

mardi 2 avril 2024

Oppenheimer

La dernière image ? Le grand silence pendant ce premier essai terrifiant, aveuglant. Toujours facile mais efficace. Forcément. Un tel moment laisse sans voix, sans yeux, sans ouïe... Un silence de mort.

Sinon quoi ? Pour moi, un biopic absolument quelcconque, très années 90, c'est à dire clinquant, nerveux, ampoulé, dans le plus pur esprit Oliver Stone des mauvais jours depuis les Doors jusqu'à JFk en passant par Nixon. je veux dire qu'on ne sent aucun véritable point de vue, pas de vision particulière. Ni à charge ni vraiment hagiographique quoi que... Juste une galerie de beaux portraits de papier glacé avec des personnalités historiques remarquables (waow, on en est baba) qui affleurent derrière le maquillage d'acteurs ultra connus sur un rythme soutenu de blockbuster sans âme émaillé d'allers retours temporels... Fatigant exercice qui en outre est interminable : 3 heures pour en conclure quoi au juste ? Que ce monsieur aurait trahi ses penchants et idéaux de gauche (ce qui pourrait d'ailleurs le perdre) pour fabriquer la plus terrible arme létale... Il s'en repent mais justifie l'horreur par le fait que l'Allemagne devait être empêchée d'aller plus vite que les Ricains sur le sujet. What else ? Il y a tellement de Biopics passionnants à créer. Qu'est-on allé chercher dans cet Oppenheimer sans grande aspérité : il aime les femmes, il a des idéaux, il sait aussi louvoyer et pactiser avec les grands de ce monde... Le génie au service du mal aurait des remords ? 

Mais le pire dans tout ça ? La musique non stop pour tout et pour rien. Avec des effets visuels et sonores vraiment datés pour suggérer que dans la tête d'Oppenheimer c'est vraiment le Bin'z ! Quelle fantastique audace !

A oublier bien vite. De Nolan, je reste sur Le Prestige ou Dunkerque, voire Memento. Pour le reste... 

dimanche 31 mars 2024

Ad Astra


La dernière image ? Probablement ces "salons de détente" spatiaux qui en convoquant des lieux terrestres vivants et colorés me rappellent certaines séquences magiques de Soleil Vert (Richard Fleisher).

C'est curieux mais le début comme la fin et le retour sur Terre me rappellent Gravity. Le coeur du film me rappelle davantage le côté pseudo philosophique de Interstellar. Et la voix off lancinate elle évoque le  Terence Malick dans des films comme Tree of Life ou La ligne rouge. Donc déjà une impression de déjà vu et de manque de caractère, de personnalité peut-être.

Sur le positif, j'aime bien le rythme lancinant, le côté désincarné, ce cinéma intérieur qui résonne dans le vide intersidéral. On sent l'hommage sincère au Kubrick de 2001.

Sur le négatif, le coeur de ce que je ne digère pas c'est cette voix off qui paraphrase tout... C'est fatigant de faire dire à un personnage qu'il a peur d'affronter son père quand son regard et son attitude suffisent à le dire. Voire même la situation qui en soi a de quoi inquiéter... 

Même les dialogues comme celui du père et du fils sont lourdingues. Lourdingues par ce qu'ils font dire aux personnages ("Papa, viens... Non mon fils Laisse moi partir") mais aussi par le maniement à outrance de gros symboles psychanalytiques... Le fils doit tuer le père (le dépasser, le supplanter) pour se libérer... Et tout arrive tranquillement aux confins de la galaxie avec pour enjeu de sauver l'humanité. Rien que ça !

D'ailleurs on peut finalement résumer le film comme une sorte d'Apocalypse Now du trou noir. Le père incarmant ce Capitaine Kurtz devenu zinzin. Et Willard/Sheen alias Pitt serait son fiston chargé de le "débrancher" ou de le ramener... Donc rien de bien neuf sous le soleil exactement.

Par ailleurs toute la sphère "anticipation" résumée par l'attaque de "pirates" sur la surface de la Lune dysfonctionne et me rappelle vraiment du mauvais Nolan (Inception ou Tenet). 

En revanche j'ai adoré le segment autour des singes de laboratoire. Puissant passage.

Le film est donc inégal, globalement un peu plan plan. Assez ampoulé. Bavard malgré l'économie recherchée (personne ne vous entendrait crier mais tout le monde vous entend penser). Mais bon James Gray a quand même du talent et Ad Astra vaut déjà mieux que Interstellar par exemple.

Rubber


La dernière image ? Ces hommages sans détour, rigolos mais inoffensifs, à Scanner, Duel ou Zombie... Toute l'histoire du Club Video de nos jeunes années est convoquée en quelques plans sympathiques.

Je suis dans ma période Quentin Dupieux et j'ai beau avoir de la tendresse pour Le Daim ou Au Poste, j'avoue avoir été passablement déçu par Yannick et pour Rubber, la déception esst encore plus grande.

Comme souvent, il y a un point de départ absurde qui force l'admiration. C'est certain. On se dit qu'en déroulant ce fil, on ne peut que déboucher sur des moments d'anthologie. Le problème est hélas multiple.

D'abord avec cette ambition, il faut pouvoir faire peur, créer de la tension. Mais 1 l'humour désarmorce absolument tout et surtout 2 n'est pas Carpenter, Cronenberg ou Spielberg qui veut.

On dit souvent que l'amour est une affaire sérieuse... C'est un peu ce que je ressens ici... Le genre autorise bien sûr le second degré (Sam Raimi ou Wes Craven mais d'autres n'en manquent pas pour ne prendre que ces deux exemples) mais le genre matriciel tout puissant doit remplir son office, doit nous emmener quelque part et très loin... Une immersion, un voyage sans retour qui permet des réflexions profondes sur la vie, la mort le sens de ce qui nous arrive.

Et Rubber hélas n'en reste qu'au film sketch, potache. C'est rageant, on ne croit d'ailleurs guère à ce pneu revenu à la vie, capable de se dresser tout seul, doté d'une pensée qui peut tuer... On ne croit à rien.  Et tous les blas blas autour du "no reason" (justifier l'absurde par une séquence d'intro, bof bof, dépeindre un meta public comme un groupe de touristes dans un parc pneunimalier, bof bof) ne font qu'agacer encore plus... Ce qui rend le film (pourtant court) interminable avec une répétition épuisante des mêmes têtes qui explosent comme chez Cronenberg...

C'est donc ça le pire, c'est que Rubber ne cherche même pas du côté de l'hommage sincère, de l'émotion qu'ont suscité chez nous toutes ces formidables pépites de la fantastique ère Video. Il ne fait que pasticher, un petit sourire cynique au coin des lèvres. C'est vraiment dommage. Ce cinéma là en a sauvé des vies entières, il mérite mieux.

samedi 30 mars 2024

Copenhagen Cowboy


La dernère image ? Innombrables... NWR est un génie visuel. Ces mouvements rotatifs incessants donnent le tournis. L'image hypnotique est aussi sublime que l'univers est macabre. Des extraterrestres y côtoient des vampires de la haute et des parrains de la mafia, qu'elle soit chinoise ou serbe.

Je ne sais pas être objectif avec ce réalisateur qui sait créer des formes qui n'appartiennent qu'à lui.

Maintenant il faut être honnête. Cette fois il y a des choses qui ne fonctionnent pas. Les combats notamment pour ce petit bout de femme sont terriblement moches et mal chorégraphiés. Il aurait fallu lui trouver d'autres moyens de supprimer ses adversaires. La posture karateka a quelque chose de risible. On n'y croit pas. Tout simplement.

Et puis ce dernier épisode offre un final pas abouti, beaucoup trop ouvert, presque ridicule avec ces femmes extraterrestres qui se retrouvent toutes dans la forêt avec la même tenue... On sent qu'il essayer de nous vendre un futur hypothétoque avec affrontements d''entités maléfiques aux pouvoirs sans limites.   

Comme toujours avec Winding Refn, il reste ici des moments sublimes qui parviennent l'air de rien à faire se rencontrer l'univers mental glacé de Neon Demon ou Only God Forgives voire celui de Too Old To Die Young et celui ancré, enraciné de la trilogie Pusher des quartiers populaires de Copanhague. Je pense surtout à l'épisode 1, à ce point de départ aussi "réaliste" qu'étouffant. Mais cette fois je confesse être resté sur ma faim, surtout à cause du dernier épisode, surtout si jamais aucune suite ne vient prolonger cet élan. Et puis parce que je déplore cette faute de goût d'avoir cédé à la tentation de rendre crédible les combats de cette petite puce contre des géants de la cruauté.

Mais comme à chaque fois, on retiendra qu'il y a plus de cinéma ici que dans 99,9% des séries TV qui sortent tous les jours comme des produits manufacturés sans âme et qui oublient que le cinéma c'est la science du "shot" comme langage, pas de l'exposition d'une ligne de scénario. Le cinéma est trascendance. Et celui de NWR nous le fait si bien ressentir.

Yannick. Trop peu à donner...

La dernière image ? La montée en pression de Pio Marmaï pour ce qui restera comme sa plus belle prestation du film, la plus habitée. Il en récolte d'ailleurs des applaudissements.

Sinon Yannick est un film hélas en roue libre qui comme souvent lorsqu'un film démarre sur une bonne idée ne vous emmène pas très loin dès lors que l'idée reste larvée, sous-exploitée.

Je pense évidemment à La Venus à la fourrure, la sublime réflexion de Polanski sur le cinéma, le théâtre et la création qui avait tant à offrir. Or ici, le prétexte est à faire sourire au mieux. Raphaël Quenard apporte il est vrai quelque chose d'attachant au personnage, une certaine profondeur,  mais cela ne suffit pas dès lors qu'on en reste à une mise en joue, une tentative d'écrire un pseudo sketch sans intérêt. Et d'ailleurs, le film se piège un peu lui-même puisqu'il accrédite d'entrée le fait que cette pièce que nous découvrons est toute pourrie et que ce qui va la remplacer ne vaut pas tellement mieux... Quel intérêt dès lors ? Yannick est sympathique, attachant, mais fort oubliable.