dimanche 30 mars 2014

Lantana


Petit polar australien méconnu. Histoire d'amour vénéneuse, casting de feu, mise en scène d'une élégance et d'un raffinement que j'adore parce qu'elle sert idéalement l'intrigue puissamment psychologique où chacun a toujours quelque chose à cacher surtout lorsque la personne disparue est une psychanalyste... Lantana est à voir toutes affaires cessantes pour les amoureux du genre..

Inside Llewyn Davis. Les frères Coen


D'une intelligence rare, ciselé comme un joyau, Inside Llewyn Davis a quelque chose à la fois de divin et de presque trop léger. C'est d'ailleurs peut-être là sa limite. Bien sûr il y a cette finesse d'écriture si appréciable : le retour de flamme d'un deuil mal digéré entre réapparition d'un chat et vraies naissances, fausses morts et renaissance alors que dans la nuit un panneau indique où retrouver les fantômes de son passé... J'adore aussi ces références ultra fines à Detour (Edgar G Ulmer), Angel Heart (Allan Parker) Un jour sans fin (Harold Ramis) ou Le Privé (Robert Altman) qui donnent au film sa densité de film noir quasiment à la lisière du fantastique. Mais on peut légitimement reprocher à l'ensemble de manquer de hauteur ou de profondeur ou d'enjeux plus fondamentaux. Reste un bien beau film.

samedi 29 mars 2014

12 years a slave. Steve Mc Queen


Hélas plat et répétitif, linéaire et démonstratif, à sens unique et à aucun moment intérieur... Steve Mc Queen continue de creuser son sillon. Il est décidément le cinéaste de l'exposition au sens artistique du terme. Le chantre du happening sur grand écran. Je pense à cette scène où martelé de coups par un sudiste dégénéré, le personnage principal est tellement "photographié" dans un plan fixe qui s'étire tellement en longueur qu'on finit par se sentir dans la peau d'un bobo déambulant dans le vernissage d'un artiste ayant pris trop de coke... Autre scène du même accabit : il survit sur la pointe des pieds pendu à une corde. Au lieu de nous émouvoir, la scène par sa longueur finit fatalement par attirer nos regards sur le "dispositif" du créateur, beaucoup trop soigné pour faire mouche. C'est étrange comme en retombant dans ses travers, Steve Mc Queen perd en force, en authenticité pour ne laisser place qu'à un spectacle léché, un peu hautain, carpaccio suffisant de chairs découpées par le fouet tellement esthétisées qu'elles finissent par soulever des ooooo et des aaaaa d'admiration béate... Le comble ! Sur le sujet, je reste sur l'inoubliable série Roots (Racines) de ma jeunesse qui mélait habilement sècheresse de la dénonciation au souffle épique de la fresque avec des saillies furieuses comme ce bébé porté à bout de bras sous une pluie battante au coeur de la nuit américaine...

vendredi 28 mars 2014

Dexter


Acteur principal épatant. Musique et générique fabuleux et un début de saison 1 totalement réussi… Là dessus on est d'accord mais ça fonctionne jusqu'à ce qu'on comprenne qui est le tueur marchant sur les pas de Dexter, ce qui pour le coup n'est pas pas crédible une seconde et nous enfonce dans une soupe psychanalytique de bas étage. La Saison 2 dans l'ensemble retrouve de l'allant, est captivante avec cette chasse à Dexter qui monte en puissance jusqu'à un final assez inattendu. Pour le reste, je suis désolé pour les fans mais ça ne tient plus la route, notamment cette galerie de personnages secondaires à peine ébauchés, pas assez creusés : je pense surtout aux collègues de Dexter plus caricaturaux les uns que les autres...

jeudi 27 mars 2014

Broadchurch


Ce qui me gêne aux entournures à partir de l'épisode 6, c'est la systématisation du statut (tellement enviable ?) de suspect comme pour mieux dire la contamination qui est à l'oeuvre dans cette petite bourgade où tout le monde se connaît, où chacun est lourd de ses petits secrets… Hors mis ces petits trucs (un peu trop visibles) de scénariste, c'est une fois de plus sans commune mesure avec le tout venant de la production hexagonale : des personnages forts, campés, un univers singulier mais qui ne cherche jamais à singer un tel ou un tel (Twin Peaks pour n'en citer qu'un) même si j'aime le clin d'oeil au célèbre Wicker Man qui tissait déjà ce genre d'atmosphère pesante sur une petite île en Pays Celte. Bref, une bonne petite série anglaise, intelligente, carrée, assumée, et qui a la délicatesse de ne pas nous prendre pour des quiches ! Ah si seul hic : cette résolution du dernier épisode assez maladroite à mon goût… Mais ça n'enlève pas grand chose à l'ensemble ni à ces épatants 2 acteurs principaux 

mercredi 26 mars 2014

Die Hard. Une belle journée pour mourir


John Mc Clane n'est vraiment plus, voilà c'est dit. Bon ça faisait longtemps déjà, mais c'est vrai qu'avec cet opus je ne vois pas comment tomber plus bas. Tout ce qui faisait le charme du personnage principal a totalement disparu Il n y' a plus rien, le néant. Les profanateurs de sépulture sont définitivement parmi nous… Sus aux fossoyeurs !

mardi 25 mars 2014

The Place Beyond the Pines


Un film qui semble murmurer sans cesse à l'oreille du spectateur attentif "je suis faux et je le prouve"... C'est terrible comme Ryan Gosling par exemple a l'air grimé pour l'occasion. Un tatouage n'a jamais fait le dur qui en est couvert, tout sonne faux d'entrée avec ce pseudo bandit au grand coeur qui n'exprime hélas pas grand chose d'excitant avec ce regard vide qu'on lui a connu dans d'autres films... Pour prendre un coup dans l'estomac avec une histoire de paternité qui fait d'un être perdu un homme, il faut se replonger dans les délices de Pusher 2 et mesurer la différence d'authenticité, de puissance incarnée à l'écran. Ici tout semble calculé, apprêté, jusque dans le choix de ces acteurs bancables qui cabotinent à qui mieux mieux… Le réalisateur se sera pris pour James Gray ou Nicolas Winding Refn mais ça ne prend vraiment pas, il reste loin, très loin "beyond the pines"... D'ailleurs rien que le titre annonçait la couleur : alambiqué et tortueux comme le sont l'intrgiue (sorte de Dallas du prolo qui s'étire sur 2 générations) et le film  On se dit à la fin : tout ça pour ça ? 

lundi 24 mars 2014

Biancanieves


Nouvelle incursion dans la mouvance des films muets, Le faiblard The Artist souffrait d'un vide scénaristique qui rendait l'ensemble fadasse, sans passion, sans enjeu narratif ou émotionnel. Biancenieves se raccroche à une mythologie puissante, celle de Blanche Neige mais pas que… Tout le folklore andalou est là, quelques clins d'oeil bien sentis à Cendrillon aussi. Mais force est de constater que malgré la beauté des images, le talent pour utiliser souvent à bon escient la musique, le résultat déçoit terriblement. Dans Blanche Neige, il y a une douceur, une fraîcheur, la musique enveloppante de Disney, l'intervention du merveilleux avec les gentils animaux, toute cette féérie qui vient contrecarrer la noirceur du conte pour mieux le sublimer. Ici, aucune nuance, au contraire, on force le trait à tout va, rien ne vient jamais alléger le morbide (les spectateurs ricanants se moquent des nains, même le bras droit de la méchante belle-mère au lieu d'épargner Blanche Neige essaye de l'étrangler puis de la violer… lourdeur caricaturale à tous les étages) et les clins d'oeil (Freaks entre autre) ne font qu'alourdir, qu'empeser l'atmosphère de ce Biancanieves où pour faire ressentir la méchanceté on fait grimacer et re-grimacer des personnages puissamment édentés. A cela s'ajoute un déroulement d'une linéarité affligeante, roman photo prévisible, qui nous laisse de marbre. Décidément, la palme du dernier grand film muet revient toujours et haut la main à Sidewalk Stories !

dimanche 23 mars 2014

Avengers


La loi du genre ? ce qui est rare est cher. Plus tu additionnes les trajectoires exceptionnelles, plus elles vont te paraître triviales. Ajouter les héros aux héros n'augmente pas le plaisir, rien de mathématique en la matière, au contraire cela contribue à diluer l'intensité de l'univers… Une chose est sûre, dans cette galerie qui joue la carte du quantitatif, Stark l'emporte haut la main, par son cynisme, ses faiblesses, bref son humanité. Pour le reste, Avengers n'est rien d'autre qu'un gigantesque pilote pour une série TV à créer, seule voie possible pour faire cohabiter tous ces personnages sur la durée. Alors les producteurs attendent quoi au juste ?

samedi 22 mars 2014

The Grandmaster. Wong Kar Waï


Hybride, inégal, agaçant surtout ! Wong Kar Waï rêvait d'accoucher de sa fresque Léonienne. C'est vachement raté ! Sur un sujet pareil, l'aurait fallu un Chen Kaige ou un Zhang Yimou. Wong Kar Waï en voulant porter à l'écran son Il était une fois la révolution et/ou en Chine se laisse dévorer par ses éternels tics et tocs visuels comme esthétiques ou musicaux. Imagerie publicitaire, combats sous la pluie où on ne voit pas grand chose… et chaque fois qu'un personnage parle ou s'exprime en voix off, c'est pour débiter des phrases creuses comme des calebasses avec toujours à la clé une sagesse à deux balles… Bref trop bavard quand ça doit se taire, trop léché quand ça doit saisir à la gorge, trop docu quand ça devrait revenir sur l'intimiste et la relation entre les 2 personnages principaux. Un coup d'épée, ou plus exactement de pied dans l'eau !

vendredi 21 mars 2014

Tad l'Explorateur


Pas grand chose à se mettre sous la dent pour les parents (cinéphiles ou pas) si ce ne sont les quelques clins d'oeil à la mythologie Indiana Jones. Pour le reste, c'est plat sans surprise et surtout sans grande imagination, un comble pour une histoire de jeune homme qui est censé en déborder depuis son plus jeune âge...

mercredi 19 mars 2014

Cop. James B. Harris


Un polar costaud, viril, âpre, placé sous le signe des 3 glorieux James : B. Harris, Woods, Ellroy, Tous au top dans ce Cop au dénouement difficile à oublier, et puis qui n'est simplement pas assez connu pour ne pas mériter qu'on en parle un peu plus qu'on ne le fait… Done !

Adieu ma concubine. Chen Kaige


Chen Kaige est un démiurge. Il réussit à nous restituer une fresque hors normes, à la fois intimiste (ces 2 personnages divinement incarnés, profondeur psychologique d'un justesse folle) et historique (un siècle sublimé qui coule sous nos regards ébahis). Apporter un tel sens du détail sur un plan vertical comme horizontal confine au génie. Il faut bien reconnaître que c'est d'une beauté à couper le souffle. Inoubliable plongée dans les affres d'une relation passionnelle et tumultueuse à l'épreuve du temps qui passe.

mardi 18 mars 2014

Rebelle. Kim Nguyen


Beaucoup de maladresses hélas, le regard un peu naïf de ces blancs qui s'échinent à dénoncer les horreurs de la guerre en Afrique, ça donne inévitablement une galerie de visages plutôt que de personnages, une succession d'épisodes sans épaisseur plutôt que de vraies tranches de vie. Le choix de la voix off est également un mauvais choix. Elle crée une distance pas très heureuse, trop littéraire par rapport à ce qui nous tombe sans pincettes sous les yeux. Par moments on a même le sentiment que le réal a scrupuleusement recensé tous les passages obligés du Study Case "enfants Soldats" : "enceinte de son bourreau qui l'a obligé à tuer ses parents", "signification du coq blanc dans les villages", "croyances autour des albinos", "comment faire du vin de palme", "accoucher toute seule sur les rives d'un fleuve en une leçon"… Bon je suis dur parce que reste la photographie (les images souvent très belles), l'utilisation de la Rumba Congolaise qui chaque fois qu'elle arrive à l'écran nous transperce les oreilles et le coeur, puis ces envolées fantastiques autour des visions très réussies de la jeune fille sous l'emprise des drogues. Bref, voilà qui va quand même dans le bon sens…

lundi 17 mars 2014

Extension du domaine de la lutte. Philippe Harel


Très doué Philippe Harel, comme réal et comme acteur. José Garcia prouve dans le même temps qu'il est un acteur (il passera la surmultipliée dans le surpuissant Couperet). Belle, très belle adaptation d'un roman de Houellebecq parce que simple, sans emphase ou effets de manche ou grands mouvements de caméra. La puissance du propos se joue dans la modestie et la sècheresse du ton adopté. Belle curiosité qui vaut le détour !

dimanche 16 mars 2014

Happiness Therapy


Idée de départ vraiment originale pour une comédie romantique : 2 handicapés de la normalité revendiquée par nos sociétés forment un duo coupé décalé, barré. Point fort : la situation permet de créer des situations et dialogues poétiques, nous les rend attachants et frais comme la rosée du matin. L'idée d'aller chercher du Stevie Wonder dans cette super scène devant le cinéma est aussi riche que plein de petits moments de grrâce qui jalonnent le film. Problème par contre et de taille : film trop long et surtout bien trop sage et matin et écrit et "les pied sur terre" pour un truc qui se voulait une ode à la folie, à l'échappée belle devant les conventions d'un cinéma traditionnellement ultra balisé. On peut trouver ça un poil cynique...

samedi 15 mars 2014

Les Bêtes du sud sauvage


Jolie surprise que ce conte poético-réaliste rendu possible grâce au choix du point de vue : la petite fille prise dans le tourbillon du Sud sauvage. Maintenant faut rester objectif : la difficulté d'une telle entreprise à se maintenir d'un bout à l'autre en termes d'intensité vient de ce que ça démarre trop fort et trop haut. Quand on est tout le temps dans l'outrance, les hurlements, la gadoue, difficile de construire des variations, une progression. S'en dégage une forme de systématisme. Cette petite héroïne est d'emblée une enfant privée d'enfance, de mère. Elle n'a donc pas grand chose à perdre, et dès lors que la catastrophe climatique ou que la maladie du père s'annoncent, les enjeux sont déjà plus ou moins vidés de sens. Du coup, ça patine côté narratif. Je crois que le film aurait également gagné à rester campé à hauteur de fille jusqu'au bout, laissant glisser sur elle les choses les plus abominables, laissant dans le flou les visages autour d'elle. Or dès que la photo de famille se fait plus nette, des petites solidarités de pacotille se mettent en place (les habitants de ce petit caillou seraient tous gentils, solidaires et aimants…) on tombe alors dans les sentiments faciles, dans le côté survivants solidaires malgré le mauvais sort qui s'acharne… Bon, mais c'est quand même pas mal du tout et sacrément inspiré sur le plan visuel pour un premier film !

vendredi 14 mars 2014

Guantanamera. Tomas Gutierrez Alea


Convoi mortuaire ubuesque sous les cieux cubains, voyage initiatique passé au révélateur d'une foi et d'un humour chevillés au coeur comme les dernières ressources valables face à l'absurdité de l'existence. Et puis il y a cette corruption organisée au sein d'une administration à la Brazil, gangrénée par le pouvoir central qui happe tout, par la Procédure avec un grand P érigée comme seul recours et seule voie possible… Un merveilleux film aussi dépaysant et drôle que puissant. On ne regrettera pas de faire le voyage.

jeudi 13 mars 2014

Vacas. Julio Medem


C'est bien pour découvrir l'univers si particulier de Julio Medem de commencer par Vacas, imputrescible morceau d'anthologie personnelle, absolument impossible à raconter mais sans nul doute son très grand chef-d'oeuvre de poésie dont les images pré-générique me reviennent sans cesse : la hache qui s'abat passionnément, sans relâche, autour de pieds nus sur un tronc d'arbre, une discipline Basque ancestrale... Je l'ai vu à l'époque au cinéma et ne saurais même pas dire s'il est sorti un jour en DVD… Que tristeza !

mercredi 12 mars 2014

La Vie est un miracle. Emir Kusturica


Tout est dans le titre, ce film est un miracle, nous fait passer par tous les états, toutes les émotions, Kusturica n'a jamais été aussi génial, inspiré, que dans cette tragi-comédie qui le place d'évidence parmi les plus grands. Il ne faut pas rechigner à faire le voyage, on ne le regrettera pas...

mardi 11 mars 2014

Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant. Peter Greenaway


Ravissement des 5 sens, ce film est une réussite depuis la composition de tableaux magiques jusqu'à cette intrigue au besoin culinaire ou carrément anthropophage pour amateurs éclairés ! Peter Greenaway est incomparable c'est vrai mais son cinéma n'est hélas pas accessible à grand monde… Dommage. Il aurait sûrement gagné à un moment de sa carrière à chercher à toucher un public plus large.

lundi 10 mars 2014

Outland. Peter Hyams. Sean Connery


Je porte pas Peter Hyams dans mon coeur, mais je reconnais qu'Outland est une sacrée réussite. L'idée d'un huis-clos spatial qui fait le pari du réalisme d'une intrigue terre à terre, c'est déjà en soi une inspiration divine… Faire ainsi se croiser le polar et la SF donne un résultat éblouissant : pour ne citer qu'elle, la première scène suggère la présence d'un virus étrange rendant fou certains "exploités" à bord d'une station où se reproduisent à peu de choses près toute la dialectique puissants / opprimés qui sévit ici bas, avec magouilles, menaces et trafics illégaux. Au final, un bon petit thriller politico-spatial porté par un très bon Sean Connery et dont on sort vraiment dépaysé ! Good job.

dimanche 9 mars 2014

John Mc Cabe. Robert Altman


Warren Beatty m'aura scotché dans 2 films : Splendor in the Grass et John Mc Cabe. Un de mes westerns préférés. Altman y démonte consciencieusement la mythologie de la conquête de l'Ouest, plaçant à dessein l'intrigue dans une "Daisy Town" fantomatique, une de ces villes nouvelles perdues voire oubliées dans les montagnes enneigées, figeant dans ses glaces les illusions des personnages principaux venus y trouver fortune… Le réalisme du décor, le caractère anti-spectaculaire du duel final entre l'individu déjà broyé et la machine capitaliste venue défendre ses intérêts pour récolter cyniquement ses dividendes de mort font de ce film l'une des plus grandes réussites d'Altman... 

samedi 8 mars 2014

Zero Dark Thirty. Kathryn Bigelow


J'adore Kathryn Bigelow mais il y a un truc qui me gêne avec Zero Dark Thirty (malgré une bonne tenue et un résultat plutôt pas mal) : c'est cette volonté de ne pas prendre parti, de ne pas juger, c'est louable mais cette distanciation finit par donner au film des airs de docu fiction géant aux images très i télé. Et qu'est-ce que c'est long pour finir ! D autant plus long que voilà une histoire aussi linéaire qu'archi connue.. Même les grandes peuvent trébucher.

vendredi 7 mars 2014

The Door. La Porte du Passé

 
Le film est handicapé par le manque d'ambition formelle, de moyens sûrement, d'un problème d'écriture aussi (tout le passage sur le voisinage complice peine vraiment à convaincre comme beaucoup de pistes restent inexploitées, je pense à l'idée du voisin de gagner à la loterie pour faire fortune) mais il y a incontestablement une matière forte (ça lorgne du coté des profanateurs de sépulture, du Truman Show, de Retour vers le futur, etc.), des passages très réussis, une atmosphère générale particulièrement kafkaïenne et un Mads Mikkelsen retrouvé : il est vraiment étonnant comme je ne l'avais pas vu depuis un moment. Bref, un petit film fantastique allemand qui intrigue, donne envie d'attendre la fin, finit par ne pas décevoir et vaut le détour d'autant que privé de sortie salle, il est hélas totalement passé inaperçu.

mercredi 5 mars 2014

Thirst. Ceci est mon sang

 
L'Express a bien résumé le tout "A vouloir en mettre plein la vue, Park Chan-Wook, réalisateur d'Old Boy, dilue sa jolie histoire dans des effets de style. C'est dire si ce cinéaste est capable d'en faire trop". Plein de scènes magiques, mise en scène hors pair, plus de cinéma dans ce film que dans tout ce qui est sorti la même année… Bien sûr, on est d'accord là-dessus. Mais le drame est justement là. Comment peut-on rater un film qui contient autant de pépites ? Park Chan-Wook doit avoir le don de se saboter à vouloir tout mettre, à se montrer incapable de dégager une colonne vertébrale, de faire émerger une histoire à l'énergie magique. Au lieu de ça, il se tire une balle dans le pied,...

mardi 4 mars 2014

Flight. Robert Zemeckis



Franchement très réussie toute l'entrée en matière post-coitum, lendemain de cuite et pilotage d'avion en état d'ivresse…La partie consacrée à l'accident rappelle d'ailleurs à dessein ou non l'excellentissime Seul au Monde (tout en force et simplicité mise à part une gigantesque séquence d'ouverture). J'adore aussi les notes d'humour bienvenues comme l'incursion ubuesque de John Goodman à deux reprises. Pour le reste, Zemeckis s'est fourré le doigt dans l'oeil. Au lieu de consacrer son énergie à dépeindre les rouages et tensions qui se font jour entre les différentes forces en présence (la compagnie accusant l'armateur qui accuse le pilote etc…) chacun foulant soigneusement au pied de façon on ne peut plus cynique les victimes du crash, il choisit de faire de l'alcoolisme son seul sujet, de serrer chaque plan sur le visage défait d'un Denzel Washington qui fait ce qu'il peut mais qui est tellement dans la répétition des rechutes qu'il finit par nous laisser de glace ! Ce qui aurait du accoucher d'un puissant pamphlet politique n'est au final qu'un petit melo tout en guimauve.

lundi 3 mars 2014

J'ai rencontré le diable


A côté de la plaque, c'est ce qui décrit le mieux à quel point le réalisateur est passé à travers en termes d'intuition et de sens du rythme : il est asynchrone et manque de lucidité quand il alterne le bien trop sérieux (et donc souvent  ridicule) avec une tonalité volontairement humoristique, second degré, mais qui tombe toujours très mal à propos en désamorçant complètement tout ce qui aurait pu faire le sel d'une histoire par ailleurs diabolique. Il paraît en somme ne jamais ppuvoir ni savoir trancher. Bref au final un résultat visuellement brillant mais excessivement foireux sur l'essentiell qui me conforte dans les impressions mitigées que m'avaient déjà laissées Le bon la brute et le cinglé (aussi maladroit qu'indigeste) ou Bittersweet Life (sauvé par un beau travail sur le plan formel mais qui n'échappait pas à des passages très guimauves appuyés par une musique ultra malvenue et une intrigue franchement quelconque) pour ne citer que ces 2 là... On peut oublier ou le voir pour comprendre comment ne pas se tirer une balle dans le pied ...

dimanche 2 mars 2014

Moonrise Kingdom. Wes Anderson


Evidemment Wes Anderson est bourré de qualités, mais il y a décidément quelque chose qui ne vit pas dans son cinéma (sauf lorsqu'il s'essaye au dessin animé, je pense au fabuleux Fantastic Mister Fox, où la forme et le fonds se rejoignent idéalement). Ultra stylisé, maniériste à l'excès, fermé de l'intérieur, empaillé, cuit à l'étouffée, tous ces qualificatifs conviennent. Son univers n'est d'ailleurs au fond que la dilution de ce qu'a créé Jean-Paul Goude avec les pubs Kodak dans les années 80. Ni plus ni moins. Faut regarder les choses en face, il possède un style idéalement taillé pour la pub (la photographie, les sucreries, les vêtements pour enfants…) ! Univers standardisé où rien ne respire, comme si son esprit créatif avait fait l'objet d'un merchandizing féroce capable d'attirer l'acteur bancable (son dernier opus) comme une grande surface le chaland...

The Master. Paul Thomas Anderson


The Master aurait sans conteste pu être un film de Kubrick, qui a tant oeuvré à dénoncer les mangeurs de cerveaux, les conventions cannibales, les prêcheurs dans le désert… Mais le grand Stanley aurait probablement mis sur un même niveau l'exigence formelle, la divine interprétation et les enjeux narratifs pour nous emmener loin, aussi loin que possible.... Hélas, le film de Paul Thomas Anderson lui pâtit d'une telle absence de clarté sur le fonds qu'il en mériterait presque le sobriquet de "The Mystère". Il me rappelle ces mythomanes qui entretiennent leurs légendes à travers la politique des "trois petits points", jamais une réponse claire, toujours laisser plusieurs portes ouvertes… Ce film construit sa matière fumeuse de la même façon, autour de non-dits de silences censés en dire long, laissant une certaine prétention formelle noyer l'ensemble, allant même jusqu'à nous interroger sur le sens profond de l'entreprise : est-ce que tout cela ne contribue pas finalement à susciter une forme d'admiration pour l'humanité manifeste de ce gourou expliquant les yeux humides que lui et l'autre se sont rencontrés à Paris quelques siècles plus tôt… Très franchement, sur la thématique des rapports de domination, restons sur le génie de Losey dans The Servant. A trop épouser son propos, The Master finit par ressembler aux exactions de son gourou : une jolie petite arnaque !

samedi 1 mars 2014

Pick Up on South Street. Samuel Fuller


Quelle idée farfelue que de traduire Pick up on South Street par Le Port de la drogue ???? Bon il n'en reste pas moins que voilà un tous meilleurs films de Fuller (avec Shock Corridor évidemment). Entre film noir et espionnage, le génie surgit de ce personnage fantastique de pickpocket qui se retrouve en possession d'un microfilm très recherché… Enomissime !