dimanche 2 mars 2014

The Master. Paul Thomas Anderson


The Master aurait sans conteste pu être un film de Kubrick, qui a tant oeuvré à dénoncer les mangeurs de cerveaux, les conventions cannibales, les prêcheurs dans le désert… Mais le grand Stanley aurait probablement mis sur un même niveau l'exigence formelle, la divine interprétation et les enjeux narratifs pour nous emmener loin, aussi loin que possible.... Hélas, le film de Paul Thomas Anderson lui pâtit d'une telle absence de clarté sur le fonds qu'il en mériterait presque le sobriquet de "The Mystère". Il me rappelle ces mythomanes qui entretiennent leurs légendes à travers la politique des "trois petits points", jamais une réponse claire, toujours laisser plusieurs portes ouvertes… Ce film construit sa matière fumeuse de la même façon, autour de non-dits de silences censés en dire long, laissant une certaine prétention formelle noyer l'ensemble, allant même jusqu'à nous interroger sur le sens profond de l'entreprise : est-ce que tout cela ne contribue pas finalement à susciter une forme d'admiration pour l'humanité manifeste de ce gourou expliquant les yeux humides que lui et l'autre se sont rencontrés à Paris quelques siècles plus tôt… Très franchement, sur la thématique des rapports de domination, restons sur le génie de Losey dans The Servant. A trop épouser son propos, The Master finit par ressembler aux exactions de son gourou : une jolie petite arnaque !

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