samedi 30 décembre 2023

Breakfast at Tiffany's. Blake Edwards

La dernière image ? Audrey Hepburn. Son petit minois. Sortant de ce taxi sous une pluie battante pour retrouver le chat de son coeur.

L'une des grandes séquences de fin sur grand écran. Merci Blake Edwards

L'amour, le romantisme, plus forts que tout.

Le cinéma plus fort que la vie. Moon River forever, Henri Mancini. Tout était là.    


   

jeudi 28 décembre 2023

Chinatown. Roman Polanski

La dernière image ? Evidemment ce plan de fin secoué d'un interminable coup de Klaxon qui glace les sangs tant il est annonciateur du pire... Fantastique séquence finale qui marque à tout jamais les esprits.

Que dire sinon que Dashiell Hammett, Jim Thomson ou Raymond Chandler ont trouvé à qui parler dans ce chef d'oeuvre qui ne singe pas (comme trop souvent) mais réinvente le genre et le mythe du détective privé en lui donnant assez de chair (celle du nez en particulier), de cynisme (ce Jake Gittes prêt à tout pour percer chaque secret tombé suer son chemin) et de sentiments malgré tout : je pense à son regard trouble quand il reçoit de la bouche du personnage divin de Faye Dunaway enfin la vérité sur sa soeur / fille et qu"il comprend confusément le malheur qu'il cause aux femmes qu'il a essayé de protéger en vain. Explication en filigranne de sa distance et de ses froids calculs...

Que de séquences mémorables où de l'intime familial à la sphère politique (gestion de l'eau aux alentours de Los Angeles), Polanski sait comme personne nous faire passer de l'infiniment petit à l'infiniment grand (dans tous les sens du terme) sans jamais changer de repère / paradygme. Tout ici est à la fois quantique (les effets infinitésimaux des actes posés par les personnages sur eux-mêmes) et gravitationnel (la gravité, le poids du destin, de cette culpabilité sur les épaules des différents personnages émaillant le récit).

Polanski à son meilleur !

Et quel score ! Jerry Goldsmith was here.



lundi 25 décembre 2023

L'Atalante. Jean Vigo

 

La dernière image ? ces plans brûlants, à l'emporte pièce, sur la nuque offerte de Dita Parlo. Quasi caméra portée, aussi vivante que les personnages, aussi enlevée que le cadre toujours surprenant, constamment renversant.

C'est ce qui me frappe en découvrant L'Atalante sur le tard : sa modernté, sa liberté aussi, le sentiment que Jean Vigo a ce truc en plus dans le fond de l'oeil, de l'âme, des deux, pour enchanter chaque plan, pour livrer des instants de grâce suspendus.

Son regard fait beaucoup. C'est un peu la nouvelle vague avant l'heure. Des acteurs habités (Michel Simon fantastique dont on perçoit qu'il improvise souvent avec le génie qu'on lui connaît), une caméra qui danse autour, beaucoup d'extérieurs divinement filmés, un poète éclairé à la baguette qui livre des moments d'anthologie : la course éperdue sur le sable, le bal et son côté Raymond Quesneau période Zazie dans le métro, l'arrivée dans le brouillard sur Paris, les déambulations éthyliques de Jules, l'intérieur cosy constellé de chats, la recherche de l'être aimé sous l'eau... 

Une vraie claque surtout lorsqu'on réalise que l'Atalante n'est qu'un premier long métrage réalisé avec trois bouts de ficelle (peu de moyens, cela se voit) mais par un authentique génie en 1934 !!!   



La femme au portrait. Fritz Lang


La dernière image ? Cette femme de la séquence finale qui vient demander du feu et retrospectivement le héros qui s'exclame "non merci", sorti de son cauchemar il y a si peu et conscient du risque qu'il court à lier relation avec cette inconnue face au portrait qui pourtant le fascinait tellement.

Fritz Lang raconte par le menu la façon dont les histoires qu'il crée lui viennent... Du réel. Toujours. Un tableau dans la rue, une anecdote sur les effet sd ela Valéeriane, un fait divers, le visage bonhomme de l'homme du vestiaire, le portier de nuit et sa silhouette élancée...   

Le film commence de façon très classique avec ce dérapage incontrôlé dans l'appartement de la jeune femme dont le héros s'éprend. Après coup, on comprend que tout ce qui s'exprime ici est psychanalytique (la peur de franchir la ligne rouge de son désir, la crainte de tomber nez à nez avec le mari ou l'amant en furie, la culpabilité née de ce qu'on imagine être la réaction de sa femme et de ses enfants en découvrant la duperie du père de famille).

Puis l'engrenage se met en place et dès le lendemain matin, nous entrons par le menu sur tout ce qui menace la tranquillité et la santé mentale du héros. On pense alors à Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon lorsqu'il est malgré lui contraint de revenir sur les lieux de ses méfaits... L'adultère, le meurtre, la dissimulation...  

L'iirruption du maître chanteur vient rajouter une couche au drame inexorable qui se met en place.

Et tout ce temps, il n'était pourtant question que de cinéma onirique, avec ses plans énigmatiques sur des tables de chevet où le téléphone décroché sonne inlassablement dans le vide (la passion par exemple d'un David Lynch dans ses futurs films non moins oniriques).

Le fameux gros plan sur le visage d'Edward G Robinson enfoncé dans un fauteuil qui passe imperceptiblement de son intérieur au salon impersonnel d'un l'hôtel de luxe est proprement génial.

Voilà donc un film qui l'air de rien a essaimé bien au-delà de ce qu'on peut en imaginer. Un certain cinéma mental est peut-être né avec ce film de Fritz Lang.


dimanche 24 décembre 2023

L'étrange noël de Monsieur Jack


La dernière image ? Ce baiser de fin entre Miss Frankenstein et ce cher M Jack qui nous prouve par le menu que l'enfer est décidément pavé des meilleures intentions.

Petit chef d'oeuvre (on oublie que même si l'univers est charnellement celui de Tim Burton c'est à Henry Selick que l'on doit cette petite meveille). Horreur ? Fantasy ? Comédie musicale ? Animation ? Conte de Noël ? Et bien c'est un peu tout cela en mêm temps. Sorte de trait d'union génial entre Beetlejuice, Les noces funèbres ou Edward aux mains d'argent.

L'esprit de Noël est parfaitement restitué. Il n'est au fond (on le comprend aisément) jamais là que pour mettre du baume aux coeurs, faire oublier que c'est l'univers sombre de Jack qui mène toujours le monde. L'envie de donner du rêve n'est légitime et nécessaire que pour conjurer le sort et parce que l'intuition la plus répandue nous rappelle à l'évidence : la maladie et la mort sont partout, l'existence y mène tout droit... Malgré cela, on peut essayer de rêver, d'être heureux le temps d'une nuit magique et même, allez soyons fous, de tomber amoureux. C'est tout ce qu'on peut se souhaiter. Good night Jack !

samedi 23 décembre 2023

French Connection. William Friedkin

 

La dernière image ? Cette course en bout de quai, ce jeu du chat et de la souris dans le métro Newyorkais. Popeye (Gene Hackman) finit floué par la petite souris française, la roublardise du cerveau Marseillais qui finira d'ailleurs par retomber sur ses pattes une énième fois lors du chapitre final. La poudre d'escampette. Encore et encore.

Je confesse avoir mis beaucoup trop de temps pour découvrir French connection qui fait objectivement toujours un effet boeuf aujourd'hui. Il est évident que toute une floppée de longs métrages potérieurs et série TV (The Wire) s'en sont terriblement inspirés. Aucun doute. L'idée d'un duo de flics à la vie dissolue par une enquête qui les ronge, ce concept de l'ultrra réalisme, caméra à l'épaule (Popeye, on l'a dans le nez, on est avec lui, viscéralement). qui rend New-York plus vraie que nature.

Il est partout l'héritage de ce film qui aura été une sacrée claque et une référence centrale du polar réaliste, presque documentaire. Sensationnel.

Et puis il y a cette séquence finale à l'atmosphère lugubre dans ce lieu abandonné, presqu'hanté, qui rappelle davantage l'épilogue d'un film d'horreur, la fameuse caverne où s'affronter au "monstre". Avec des fortunes diverses.

Chapeau Friedkin !

Le jour se lève. Marcel Carné


La dernière image ? Ce dernier face à face Berry / Gabin déclencheur de l'irréparable et qui pour y parvenir atteint de sommets d'intensité. Evidemment les dialogues de Prévert y sont pour quelque chose. Mais Gabin avait avoué à plusieurs reprsies ne pouvoir perdre ses moyens que face à ce monstre sacré qu'était Jules Berry... Il confessait pouvoir s'arrêrer pendant une scène pour le regarder jouer. Il était comme au spectacle. Mais je crois que cette éxigence ici posée par le génie de Berry ne fait justement que transcender le jeu de Gabin et leur interaction dans ce derner chapitre.

Le film a peut-être vieilli mais le mécanisme (flash-back) était novateur et précurseur de ce qu'exploitera notamment Welles dans Citizen Kane 2 ans plus tard. Et puis d'autres moments clés reviennent en mémoire comme ce long regard de Gabin sur le petit jour naissant à travers une vitre brisée. Comme son long monologue de fin (brillant) ou ce dernier plan très Lynchien de cet appartement : le corps du héros gît sous un rideau de fumée dans le plus pur esprit Red Room.

Dire qu'en quelques mois Carné aura tourné Quai des Brumes, Hôtel du Nord et ce fantastique Le jour se lève.
  

L'homme sans passé. Aki Kaurismaki

La dernière image ? Ce plan en parfaite plongée, tentative d'immortaliser à la nuit tombée et par au-dessus un futur ex homme invisible ayant pris les eaux et le sang de toute part sous un masque de protection pour soudeur, paisible dormeur du val verdoyant d'un parc d'Helsinki.

Ici, les couleurs, le détachement, l'élégance des personnages, les rondeurs de l'univers, l'utilisation toujours à propos de la musique, les influences nord américaines tout droit venues des sixties... Tout est absolument aimable. J'aime beaucoup Kaurismaki en cela. Et il me rappelle d'ailleurs énormément (c'est leur génération) Jim Jarmush. Deux frères siamois de style et d'influences.

La thématique est par ailleurs magnifiquement déployée tant le film sait redonner aux "sans culottes", à l'inactif, à l'imprévu toutes leurs valeurs cardinales, comme une étincelle, un feu de joie pour célébrer un nouveau départ une fois le malheur oublié, conjuré.

Au final, ce qui peut retenir un peu le bonheur ressenti, c'est cette économie du geste, cette retenue du sentiment, ce besoin d'installer le retour de l'amour dans l'immobile, dans la mécanique d'une forme de cinéma muet parfois, dans le sens donné à du détail visuel, à tous ces maniérismes qui peuvent finir par laisser le spectateur à distance de ce personnage principal pourtant si attachant.

C'est pourquoi je garde de ce festival de Cannes 2002 une franche préférence au Pianiste. Oeuvre majeure, marquante du 7ème art par un Polanski des grandes heures.  L'homme sans passé est beau, il est touchant, mais un tantinet froid et maniéré.      

lundi 4 décembre 2023

Evil Dead Rise


La dernière image ? Le carnage initial qui fait idéalement le lien avec l'univers de Sam Raimi des 2 premiers opus. Avant de revenir (comme pour Predator d'ailleurs entre le 1 et le 2) vers les mondes suburbains d'aujourd'hui, de nos chères villes à saturation de pollution, d'agitation, de dépressions en tout genre.

J'apprécie pour commencer la volonté de faire exister cette famille. La mère courage qui gère toute seule la floppée de marmots plus vivants tu meurs. et la soeurette qui paye pas de mine, qui revient chercher du réconfort dans cette tour assez flippante des bas-quartiers. Où l'on sent que les travaux de copro ont pris du retard. Déjà cette volonté de de pas partir sur l'étenelle bande de sihouettes adolescentes interchangeables a du bon.

Par ailleurs, si l'on prend le temps de prêter attention, les références et citations sont innombrables et finement amenées. On n'est clairement plus dans l'esprit "potache" d'un Evil Dead 2 (sauf lors de la scène du partking souterrain) et l'on va chercher des clins d'oeil à tout un tas de films, depuis l'Exorciste jusqu'à The Thing. en passant par l'Ascenseur ou Shining.

Il y a aussi d'appréciable la peur et le suspense savamment distillés au corus de transformations progressives, par étapes qui contribuent intelligemment à préparer le bouquet final.

Reste que l'ensemble manque un peu de grain, de relief, c'est peut-être un peu trop léché, le film victime d'effets spéciaux calibrés... Par ailleurs ce treblement de terre et la présence d'une platine 33 tours arrivent vraiment comme de cheveux sur la soupe... Mais bon... 

Le positif l'emporte quand même pour moi sur le négatif parce que tout bon fan de ce genre en sortira convaincu que ce réalisateur est aussi un fin connaisseur. Son film recèle vraiment nombre de petits messages codés (jusque dans certains mouvements de caméra) que seuls ses pairs sauront décrypter.