samedi 23 décembre 2023

L'homme sans passé. Aki Kaurismaki

La dernière image ? Ce plan en parfaite plongée, tentative d'immortaliser à la nuit tombée et par au-dessus un futur ex homme invisible ayant pris les eaux et le sang de toute part sous un masque de protection pour soudeur, paisible dormeur du val verdoyant d'un parc d'Helsinki.

Ici, les couleurs, le détachement, l'élégance des personnages, les rondeurs de l'univers, l'utilisation toujours à propos de la musique, les influences nord américaines tout droit venues des sixties... Tout est absolument aimable. J'aime beaucoup Kaurismaki en cela. Et il me rappelle d'ailleurs énormément (c'est leur génération) Jim Jarmush. Deux frères siamois de style et d'influences.

La thématique est par ailleurs magnifiquement déployée tant le film sait redonner aux "sans culottes", à l'inactif, à l'imprévu toutes leurs valeurs cardinales, comme une étincelle, un feu de joie pour célébrer un nouveau départ une fois le malheur oublié, conjuré.

Au final, ce qui peut retenir un peu le bonheur ressenti, c'est cette économie du geste, cette retenue du sentiment, ce besoin d'installer le retour de l'amour dans l'immobile, dans la mécanique d'une forme de cinéma muet parfois, dans le sens donné à du détail visuel, à tous ces maniérismes qui peuvent finir par laisser le spectateur à distance de ce personnage principal pourtant si attachant.

C'est pourquoi je garde de ce festival de Cannes 2002 une franche préférence au Pianiste. Oeuvre majeure, marquante du 7ème art par un Polanski des grandes heures.  L'homme sans passé est beau, il est touchant, mais un tantinet froid et maniéré.      

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