mercredi 13 janvier 2016

Charlie et la chocolaterie


Autant je n'ai pas du tout aimé la version de Tim Burton écoeurante d'effets numériques et de "trop plein la vue", autant j'encourage à redécouvrir celle-ci, visionnaire dans sa première partie, y faisant la part belle à une satire audacieuse, une critique sans faiblesses de la société de consommation qui a fait de nous ce que nous sommes devenus... Des êtres affamés des prochaines soldes, à l'affût du gain phénoménal qui à la loterie des petits espoirs fera de nous les rois abusés d'un jour.... Un monde où le règne des apparences n'est pas prêt de finir... Et puis quel plaisir de redécouvrir ce fantastique Gene Wilder dans le rôle trouble de Wonka. Car, derrière la comédie musicale se joue un drame morbide (la disparition brutale de plusieurs enfants), une méchanceté jouissive et un regard d'une acuité folle sur le monde actuel accouché par le tout puissant capitalisme, depuis lors sans rival.

Une fois dans le monde de Wonka, la film est moins puissant, longuet par moments, mais garde franchement de fantastiques atouts comme cette scène du couloir où l'on doit de courber pour avancer et qui aura probablement influencé Spike Jonze pour son fameux étage et demi de Being John Malkovitch.

Class 84

Je ne sais pas si ce film a la place qu'il mérite dans nos souvenirs de cinéphiles... Rarement on le voit repasser à la télévision, rarement je le vois diffuser dans des rétro, rarement j'en entends parler dans des discussions passionnée sur les soirées video club du début des années 80. Or Class 84 a été pour moi un choc. Il tient une place toute particulière dans ma mémoire. Une violence pas vraiment suggérée, la démonstration d'une jeunesse déboussolée et offerte à la cruauté la plus crue qui plus est dans un cadre scolaire censé la contenir, la canaliser...  Traumatisant comme cette scène finale où "l'ennemi de l'ordre" pend au bout d'une corde vaincu par le gentil prof qui s'est entretemps mué  en vengeur implacable voire en bête sauvage... C'est l'époque qui voulait ça en même temps de Mad Max au Justicier dans la ville de Mel Gibson à Charles Bronson. mais se greffe ici la dimension scolaire, l'univers de ce qui faisait notre quotidien à l'époque avec en plus une référence évidente à Orange Mécanique. Petite série B soit mais curiosité donc que cette déflagration scolaire de l'année 1984. 

dimanche 10 janvier 2016

Magic in the moonlight


Voilà le genre de film qui n'est léger qu'en apparence, frivole qu'à la surface... Ici comme ailleurs chez Woody Allen lorsqu'il est en forme l'alchimie est particulièrement réussie entre intrigue quasi policière (les fantômes d' Agatha Christie ou de Conan Doyle sont évidemment convoqués) et comédie franchement romantique... Cette dernière ne venant remporter la partie qu'à l'instant magique où l'éternel sceptique (formidablement campé par Colin Firth) réalise que c'est en s'abandonnant,  que c'est en lâchant prise qu'il peut enfin atteindre aux grands sentiments et gagner le droit d'être amoureux, de s'assumer comme tel, jusqu'à décider d'aller déclarer sa flamme, rien que ça... Le  film touche alors à une forme de perfection qui cloue le bec et enterre pas mal de comédies romantiques de ces dernière année tant la narration opposant science et magie, rationnel et sentiments fous, fait mouche en permanence... Terriblement touchant et follement intelligent comme souvent avec Allen

jeudi 7 janvier 2016

Le Pont des espions. Steven Spielberg


Il faut d'abord préciser aux amoureux des passerelles en tout genre que de Pont il est finalement très peu question dans ce nouvel opus de Spielberg qui se veut être une ode à la détermination, à une forme de jusqu'au-boutisme en matière d'honnêteté et de foi aveugle dans la "justice des hommes"... Justice évidemment jamais rendue dans les faits sans une contrepartie, sans un sacrifice à la clé (qu'il soit une monnaie d'échange sur le plan diplomatique ou le deuil d'une partie de soi sur le plan familial).

Dans l'ensemble le plus intéressant restera à mon sens la dimension ubuesque, les pièges tendus, les doubles sens, les fausses identités, le fait d'entretenir en toute chose le flou pour avancer à couvert sans perdre de vue son objectif (quitte à y laisser un manteau et sa santé)... D'où l'impérieuse nécessité de se doter d'une colonne vertébrale, d'une vision pour savoir vers où l'on chemine... C'est le cas de ce personnage principal, incorruptible, indéfectible défenseur des droits universels. Et force est de reconnaître que Tom Hanks, ample et lumineux, incarne assez puissamment cette soif de justice avec un grand J ! 

Mais dans l'ensemble, Le Pont des espions est tout de même un petit cru de son auteur, plat, longuet, et surtout versant trop dans le bon sentiment, la guimauve qui finit par empester le spectateur... C'est dommage parce qu'en restant sur le terreau paranoïaque et schizophrène des négociations à mots couverts il y aurait eu matière à accoucher d'un objet vertigineux sur la diplomatie et la partie d'échecs silencieuse dont elle est bien souvent l'objet, surtout dans des périodes de tensions pareilles. La fin est assez réussie, rigolote parce qu'elle rappelle l'épilogue de l'Homme qui en savait trop (James Stewart retrouvant ses amis qui ont dormi tout le temps que l'aventure aura duré...). Clin d'oeil intentionnel ? Difficile à dire mais ça fonctionne...

mercredi 6 janvier 2016

A most violent year


Juste après avoir vu ce A Most Violent Year, impression curieuse... Un peu comme si je venais de voir la version Disney de Scarface... Alors je me dis que le titre est une boutade ou que le réalisateur se fiche éperdument de son sujet voire de son spectateur... La sève d'un tel sujet est désespérément absente, impalpable, phagocytée par le besoin du réalisateur de tout édulcorer, de tout simplifier, de s'en tenir à la chronologie et rien qu'à la pauvre chronologie, à la soporifique droiture d'un personnage principal en butte à la voracité de sa compagne, prête à tout contrairement à lui...

Mais que c'est lourd, que tout est souligné de mille traits. Alors voilà, ensemble ils incarneraient Janus aux deux visages, la face lumineuse et celle, cachée, du capitalisme dévoreur d'âmes en quête perpétuelle d'espaces à conquérir... Pauvre film et pauvre métaphore sur un sujet où tout a tellement été dit que même le choix de ces années 80 n'a rien de très judicieux. Autant se replonger dans des films ayant abordé ce cynique rêve américain en ayant été tourné dan les seventies / eighties !

El Ardor


Pour le joli travail sur l'image, la torpeur ambiante et la transposition d'un genre dans une jungle inextricable et humide à vous bousiller les articulations, El Ardor est un petit western tropical qui peut se regarder sans déplaisir. Mais en revanche que les personnages manquent de charisme et que l'intrigue est fainéante au possible parce que le film paraît rapidement très long...

Restera pour moi cette très belle séquence du tigre qui apparaît lorsque le mystérieux héros s'est endormi au pied d'un arbre majestueux, sorte de fromager. titanesque... Image pas mal pompée au passage sur l'univers fantasmagorique de Weerasetakhul mais qui envoûte malgré tout.