jeudi 10 avril 2014

Misery. Rob Reiner


Misery est un grand thriller psychologique, un huis-clos magistral qu'Hitchcock n'aurait évidemment pas renié. James Caan comme Kathy Bates sont assez incroyables dans ce duo à la vie à la mort. Une histoire de séquestration universelle, d'un homme par une femme bien sûr, d'un écrivain par son plus fidèle lecteur c'est une évidence, mais plus encore d'un artiste trahi par sa muse, de l'auteur abandonné par son inspiration, dès lors qu'il a sombré dans l'alcool ... Et oui, Misery est la seule suite et véritable explication en creux de celle de Shining... Cette maison isolée où l'auteur se rêve sevré (la cigarette et l'alcool, les vices ayant torturé Stephen King dans la vraie vie, ne faisant leur apparition qu'une fois l'oeuvre achevée au tout début du film, présentant un héros en total contrôle). Facile d'imaginer ensuite que ce roman achevé n'est autre que l'histoire de cette rédemption pour libérer l'écrivain de son sentiment de déchéance, d'être un artiste privé du feu sacré, coupé de son imaginaire, sous l'emprise totale de l'alcool (le même combat que celui de Jack Torrance en son temps) ... Et cela devient possible ici à la faveur de cette rencontre avec un personnage machiavélique, parfaite métaphore de la maîtresse envahissante, de la mauvaise conseillère, de la compagne nuisible... J'ai nommé la "dépendance" sous toutes ses formes et qui fit tant de mal et pendant si longtemps à un Stephen King devenu l'ombre de lui-même (ce visage détruit de James Caan, les lèvres molles, le regard vide, rappelant celui d'un alcoolique au pire moment de sa maladie) .Voilà pourquoi Misery est bien plus qu'un grand thriller, c'est la forme testamentaire la plus belle qui soit d'un alcoolique repenti doublé d'un créateur retrouvé, une rédemption aussi salvatrice qu'elle fut douloureuse et terrifiante !

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