Misery est un grand
thriller psychologique, un huis-clos magistral qu'Hitchcock n'aurait évidemment pas renié. James Caan comme Kathy Bates sont assez
incroyables dans ce duo à la vie à la mort. Une histoire de séquestration
universelle, d'un homme par une femme bien sûr, d'un écrivain par son plus
fidèle lecteur c'est une évidence, mais plus encore d'un artiste trahi par sa
muse, de l'auteur abandonné par son inspiration, dès lors qu'il a sombré dans
l'alcool ... Et oui, Misery est la seule suite et véritable
explication en creux de celle de Shining...
Cette maison isolée où l'auteur se rêve sevré (la cigarette et l'alcool, les
vices ayant torturé Stephen
King dans la vraie vie, ne
faisant leur apparition qu'une fois l'oeuvre achevée au tout début du film,
présentant un héros en total contrôle). Facile d'imaginer ensuite que ce roman
achevé n'est autre que l'histoire de cette rédemption pour libérer l'écrivain
de son sentiment de déchéance, d'être un artiste privé du feu sacré, coupé de
son imaginaire, sous l'emprise totale de l'alcool (le même combat que celui de
Jack Torrance en son temps) ... Et cela devient possible ici à la faveur de
cette rencontre avec un personnage machiavélique, parfaite métaphore de la
maîtresse envahissante, de la mauvaise conseillère, de la compagne nuisible...
J'ai nommé la "dépendance" sous toutes ses formes et qui fit tant de
mal et pendant si longtemps à un Stephen
King devenu l'ombre de
lui-même (ce visage détruit de James
Caan, les lèvres molles, le regard vide, rappelant celui d'un alcoolique au
pire moment de sa maladie) .Voilà pourquoi Misery est bien plus qu'un grand
thriller, c'est la forme testamentaire la plus belle qui soit d'un alcoolique
repenti doublé d'un créateur retrouvé, une rédemption aussi salvatrice qu'elle
fut douloureuse et terrifiante !
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