dimanche 9 juin 2013

Blade Runner. Ridley Scott. Cantique de la mauvaise herbe


Qu'est-ce qui fait de ce film un miracle, un intemporel chef-d'oeuvre ? D'abord l'histoire dont la paternité revient au non moins immortel Philip K. Dick. Son univers reconnaissable entre mille n'a jamais été aussi parfaitement retranscrit à l'écran. Ensuite le duel au sommet Harrison Ford / Rutger Hauer, le premier livrant peut-être son interprétation la plus profonde, la plus ambigüe, la plus nuancée de sa carrière. Enfin et surtout le traitement : Blade Runner est un bijou SF scintillant dans un écrin de film noir dont toutes les balises sont allumées : détective privé traînant sa mauvaise conscience dans une cité épileptique, femmes fatales blondes et brunes, faux semblants (Qui est pur - entendez honnête -, qui ne l'est pas ?), noirceur et complexité des chaînes de responsabilité dans une enquête à tiroirs comme dans Le Grand Sommeil...

Voilà ce qui est le plus vivifiant : on pense à Raymond Chandler, à Jim Thompson, et pourtant Blade Runner s'achève au sommet d'une tour futuriste avec l'extinction d'un robot à notre image, paradoxalement sensible à la beauté du monde et qui dans un dernier geste fragile de compassion révèle un libre arbitre et une humanité à des années lumière de celles du héros soudainement devenu anti-héros, déterminé dans ses choix, corrompu jusqu'à l'âme, oublieux du matériau précieux (humain) dont il est fait mais qui n'en demeurera pas moins le survivant...

L'imparfaite humanité est cette mauvaise herbe qui résiste à tout. Les êtres purs sont quant à eux périssables. Fabuleux point d'orgue.

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