lundi 10 juin 2013

Full Metal Jacket. Stanley Kubrick. Libre sous un casque.


Full Metal Jacket n'est pas un film de guerre à proprement parler. Le contexte et le genre sont un terreau fertile pour démontrer qu'aucune formation, aucune arme, aucune méthode, aussi élaborées soient-elle, ne sauraient préparer au caractère imprévisible de la guerre. En matière de cruauté, l'imagination de l'Homme est sans limites. Et la deuxième partie du film le prouve. Une jeune femme au visage juvénile va méticuleusement tailler en pièces une section surentraînée de Marines. Invisible, impossible à localiser, elle leur fait, ainsi qu'à nous, l'effet d'une mine anti-personnelle. Pire, d'une bombe à fragmentation.

Tout le film nous dit cette absurdité, mais il dit tellement plus. La guerre est le prétexte mais la réflexion va au-delà : une dénonciation scrupuleuse de toutes les formes d'embrigadement, d'avilissement des êtres par la religion, de toute foi plantée avec avidité dans un crâne mou pour uniformiser, couper ce qui dépasse... Un austère couvre-chef pour emblème. Il faut se rappeler que la fille de Stanley Kubrick a été happée très jeune dans le mouvement sectaire et qu'un des longs combats de ses parents a été d'essayer de lui ouvrir (grand) les yeux sur cet emprisonnement.

Entre les lignes de front, Kubrick dénonce les mouvements sectaires, les marchands d'espoir à la petite semaine, qui profitent de la faiblesse, de la détresse, de la crédulité d'êtres fragilisés pour mieux penser à leur place. L'un des personnages clés de la première partie incarne l'un de ces rats de laboratoire qui va y laisser sa peau (et pas que la sienne). La jeune femme de la seconde partie est ce cobaye nourri au sang qui exécute froidement son programme de mort.

Voilà le message universel de Full Metal Jacket : Seule la vie donne et reprend quand elle le décide. Rien ne nous prépare à l'inacceptable. Encore moins à l'imprévisible. Aucune croyance d'aucune sorte ne saurait le faire. C'est comme ça, iI faut simplement accepter notre sort et repartir à chaque nouvelle aube en chantonnant, comme si de rien n'était, mais libres sous nos casques...

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