dimanche 30 janvier 2022

Monsters

La dernière image ? Ces deux céphalopodes de l'espace, pieuvres géantes absolument pacifiques, exécutant avec talent, légèreté, leur danse de l'amour au-dessus d'une station essence. So romantic !

Il faut que je revois Godzilla. J'avais été impressionné par le travail sur l'image, la poésie de certaines séquences (soldats parachutés depuis l'espace lancés à travers des couches multicolores de masses et tissus gazeux, pour une course aux étoiles mais à l'envers). Même si le film reste un blockbuster, cela lui confère une âme.

Cette fois-ci, le réalisateur assez malin se lance dans un film qui annonce la couleur. Monsters serait une nouvelle incursion dans le genre SF à la façon d'un La Guerre des Mondes. Et bien que nenni. Dans les faits, c'est plutôt une comédie romantique Weirdo (Lost in Translation) croisée avec le film d'aventures sur fonds "politique"(L'année de tous les dangers). D'ailleurs The year of living dangerously serait un titre mieux adapté. Je pense à ce jeune photographe qui fait écho au personnage emblématique du correspondant de guerre tellement à la mode dans les années 80 (SalvadorLa déchirure, Cry Freedom...).

Une fois qu'on a dit cela, que vaut le film ? L'idée est intéressante, sort des sentiers battus mais il manque beaucoup pour adhérer tout à fait. Parce que d'abord le manque de moyens nuit gravement au film : les créatures sont peu crédibles à l'écran. On sent la décalcomanie post Prod.  Ce qui enlève tout l'enjeu dramatique. Pourquoi ne pas les avoir tout simplement laissé dans le hors champ ? Ne faire que suggérer leur présence ? Surtout que ces bestioles sont tout sauf méchantes et agressives. Elles cherchent à exister comme nous autres. C'est l'un des messages du film.

Quant à la relation entre les deux jeunes tourtereaux, elle est malheureusement bien trop ordinaire, banale. Je veux dire qu'on ne sent jamais ce qui peut faire de cette rencontre un truc unique et fort, à part ce qui  arrive autour... Dans Lost in translation, il y avait tout, les décalages, l'âge, l'incommunicabilité, le jetlag, les pudeurs inavouées, un trésor de non-dit... Il manque ici trop de mystères, de magie, entre ces deux-là. C'est dommage parce que cette relation est évidemment centrale pour que le film nous emmène avec lui très très haut pur tutoyer les sommets du 7ème Art.

Ce qui fait que leur aventure finit par ressembler à n'importe quel périple de deux touristes arpentant un de ces pays dits "en voie de développement", en proie à la corruption, au système D,  à la guerre civile aussi, où l'argent peut tout acheter. Les héros perdent leurs papiers et se retrouvent obligés de traverser un territoire réputé dangereux (zone de conflit), ils deviennent alors les témoins involontaires d'exactions de l'armée (bombardements chimiques), de mercenaires peut-être (les familles retrouvées sans vie dans la forêt)... Nous sommes alors dans une projection métaphorique de toute la désolation que la guerre engendre inévitablement.

La scène finale vient rappeler que ces entités extraterrestres n'ont rien de vraiment méchant. Et qu'elles matérialisent même l'attraction du désir qui aimante les deux héros l'un à l'autre.          

Car voilà un film évidemment sympathique il est vrai, qui essaye d'innover avec une fraîcheur bienvenue dans un genre souvent balisé mais qui au final échoue par manque d'ambition (surtout l'écriture) et ne casse pas trois pattes à un canard.... 

Il manquera peut-être aussi une musique rock pour transcender cet amour, le sublimer. La BOF rêvée de ce film ? The Modern Lovers naturellement !






    

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