vendredi 21 janvier 2022

Invisible Man

La dernière image ? Ce moment d'une violence inouïe mais surtout inattendue dans un restaurant où le regard de la soeur de l'héroïne paraît ne pas comprendre immédiatement ce qui se prépare... Le spectateur non plus... Indicible seconde juste avant le drame.  

J'ai beaucoup d'admiration pour Elisabeth Moss, une très très grande actrice à mon avis. Je l'aime beaucoup notamment dans Mad Men. Elle apporte toujours un truc à ses personnages. Ici elle est parfaite en tout point sur les 30 premières minutes. Ce rôle de femme traumatisée. A fleur de peau, frôlant la crise de nerf ou peut-être l'autisme.  Qui cherche à se reconstruire. Qui doit vaincre quelques démons : affronter, reconquérir le monde extérieur.

Je trouve notamment la séquence d'ouverture particulièrement réussie. Filmée comme une évasion mais la prison est ce foyer censée vibrer d'amour et pourtant d'une froideur (technologique) incroyable. Chaque petit bruit (la gamelle du chien, la voiture hypersensible) est un danger de mort imminent. On le sent parfaitement et le réalisateur laisse intelligemment imaginer ce qu'elle peut fuir de façon aussi organisée, avec autant de détermination. Le point d'orgue de la séquence étant ce rendez-vous sur une route au coeur de la forêt. La scène produit pleinement sa tension et met immédiatement le spectateur dans le bain atmosphérique du film.

Je salue également la description de ce laboratoire qui rappelle les salles secrètes dissimulées dans le sous-sol des villas cossues de super-héros. Je pense à ceux qi sont pleins aux as. On est clairement chez Batman et ce qu'on nous dit de Batman fait absolument froid dans le dos. Le sauveur de l'humanité serait un psychopathe !             

A vrai dire, tant qu'on est dans la suggestion, tant que la caméra joue intelligemment avec notre regard et l'oriente pour explorer des espaces vides et souvent immobiles mais "vivants" (le feu qui prend dans la cuisine), c'est très fort. Cela culmine d'ailleurs avec le dévoilement en paliers d'intensité successifs de l'appartement du policier et de sa fille.

Par contre, dès que l'héroïne est suspectée de démence meurtrière, que ça dérape, qu'elle est internée, toute la magie s'effondre et on frise le ridicule : d'abord cette actrice pourtant géniale se met à en faire beaucoup trop à mon goût. Toute la séquence de l'hôpital dont elle s'échappe est complètement ratée. Triviale. Répétitive. L'histoire des 2 frères n'est pas très crédible pas plus que ne l'est l'histoire de la fausse mort de l'ex bourreau / compagnon... Bref à part la séquence inattendue et dingue du restaurant, rien d'autre d'intéressant à se mettre sous la dent jusqu'à l'épilogue violent mais attendu (et pas crédible non plus).

Je pense qu'on peut donc revenir sans rougir à l'excellent Hollow Man de Paul Verhoeven que celui-ci ne fera pas oublier. Reste tout de même cette séquence d'intro et toute la montée de la tension qui s'ensuit. Très efficace. Comme dans les bons films d'horreur tant que le "jump scare" n'a pas encore eu lieu, tant que le monstre ou le tueur ne sont pas encore visibles... L'imagination est alors au pouvoir.

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