lundi 3 janvier 2022

Dernier train pour Busan


La dernière image ? Probablement ce final dans le tunnel, au rythme lent (la femme enceinte y est pour quelque chose) retrouvé des zombies d'antan et de cette voix enfantine qui résonne dans la trouée... C'est beau, c'est fort, c'est intelligemment référencé.  

Pour le reste, point de départ diablement efficace.

De la narration comme j'aime (les parents séparés, le père absent, trop à la manette pour racheter et vendre des sociétés dont celle qui va provoquer le cataclysme), des personnages écrits (le père antipathique, la fille qui a pris le parti de sa maman ou celui de le changer...), une expédition pour aller déposer sa fille chez sa mère...
 
je pense naturellement à La guerre des mondes, puis à L'armée des morts, qui avait le don de faire exister des personnages dans ce huis-clos existentiel, dans cette "revisitation" singulière et tranchante du mythique Zombie de Romero. La séquence finale fait même écho à l'épilogue  désespéré de la Nuit des morts-vivants. Même s'il réserve un twist final qui vous tire les larmes (le voir pour comprendre toute la force de cette chanson que la petite fille trouve la force de terminer pour... son papa). 

Evidemment, ça reste un blockbuster qui sacrifie à quelques poncifs, quelques facilités, une frivolité, voire une image qui rappellent parfois parfois davantage l'image terne et l'univers d'un "direct video" (quand les Romero ou le Zack Snyder avaient au contraire en eux la force d'un vrai cinéma d'auteur, une profondeur, une épaisseur, une portée philosophique bien plus ample) mais je salue ici l'inventivité, les prouesses techniques qui rendent l'ensemble à la fois digeste et électrique. J'apprécie tout particulièrement le saupoudrage intelligent d'humour potache (le gros balaise qui défonce les zombies mains nues, très cartoon, le livre dans la "gueule" du Zombie, la lumière qui se rallume intempestivement dans un jeu du chat et de la souris) qui ici et là vient desserrer l'étau et la tension. C'est en même temps le risque, cela contribue à éloigner le film de la grande oeuvre qu'il aurait pu aspirer à devenir en le plaçant plus résolument dans le pastiche, l'autodérision. La frontière est ténue.

Enfin, j'ai aimé les références au Transperceneige, à Runaway Train ou L'Empereur du Nord (le combat final à mon avis), voire au western plus généralement (convoqué dans le titre), les zombies comme autant d'apaches poursuivant le dernier train pour... Busan.

Bref, du très bon film d'horreur Coréen qui apporte son lot de fraîcheur et ne se prend pas au sérieux et qui par contraste démontre par exemple toute la nullité crasse d'un World War Z.

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