lundi 3 janvier 2022

1917

 La dernière image ? Probablement cette progression aquatique sur des corps en guise de rondins le long d'un tronc à la renverse sur le fleuve.  

Sinon, c'est "cours Schofield, cours"... On y pense tellement, c'est un gimmick, une ritournelle du film qui dit beaucoup sur tout ce qu'il échoue à raconter... Une fuite en avant narrative par le biais stylistique. Car voici venir le Gravity de la plaine... Le Forrest Gump de la tranchée... Et je retrouve bien ici la signature visuelle de Sam Mendes, son maniérisme hors pair pour accoucher d'une belle oeuvre un peu glacée, à laquelle il manque probablement l'essentiel : quelque chose d'intéressant à raconter...

Gentil Schofield et gentil Blake vont rejoindre le gentil frère de Blake... Sur le chemin 1 ou 2 méchants allemands, une lettre à conserver coûte que coûte, une jeune femme ayant besoin de lait pour son petit et puis c'est à peu près tout. Alors oui, l'image est léchée, la reconstitution probablement dingue et fidèle, la prouesse technique formidable mais quelle idée de se passer d'y écrire des personnages dignes de ce nom, de proposer une vision personnelle de ce conflit, de la guerre en général... Pourquoi se passer d'avoir un truc à dire ?

Revoir Apocalypse now, La ligne rouge, Full Metal Jacket, le Soldat Ryan, les sentiers de la gloire, Voyage au bout de l'enfer, Das Boot, Attack, Casualties of war, Platoon, même Dunkerque ou Jardins de pierre... Chacun va creuser son sillon, donne vie à des personnages, des histoires singulières qui résonnent dans une thèse plus universelle défendue par un véritable auteur avec un message à délivrer.

Ici rien, le néant. On finit par chercher le rythme, le tempo qui ne vient jamais. Le personnage court, son pouls s'accélère mais la caméra reste steadicamée, lento, smoothy, l'impression de visiter un appartement par temps de COVID... C'est pesé, carré, sans anicroche, pas de problème de focale, tout est net dans le plan, tout est de ce fait écrasé, aplani, tout le temps... Les dialogues ? Sonnent le creux de la calebasse... La petite musique omniprésente ? Une tartine de son pour occuper les oreilles et humidifier les yeux.

Reste une odyssée visuelle, un interminable clip video mais qui se serait mieux prêté à un sujet fantastique (je pense au fabuleux fils de l'homme parfois filmé au cordeau comme ici), voire une réflexion sur le jeu video, car on suit davantage deux personnages (puis un seul) traqués par ces caméras un coup par derrière, un coup par devant dans la tradition des GTA... Ni plus ni moins Et encore, dans GTA on est le joueur.  Game over.

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