jeudi 26 mars 2015

Modus Anomali. Le réveil de la proie


J'ai toujours eu de la sympathie pour les petites séries B horrifiques aussi fauchées qu'inventives mais là franchement… Difficile de m'extasier. Pour commencer, il n'y a rien d'aussi insupportable qu'un acteur qui fronce crânement le sourcil en s'interrogeant "Faut que je comprenne ce que je fais là" puis qui ajoute pour nous éviter le chapitre suggestif (évidemment trop intelligent et raffiné à mettre en branle) "mais je ne sais pas qui je suis en fait, je suis am-né-si-queux...". On imagine que pour une envie de pisser il nous aurait gratifié d'un "Trouver des toilettes vite, c'est que ma pauvre vessie est pleine". L'autre problème et de taille c'est l'invraisemblance qui tient lieu de programme d'un bout à l'autre du film : ces ados courant silencieusement vers des pièges mortels ou arrosant d'essence un coffre sans même hurler leur rage contre leur tortionnaire coincé à l'intérieur ou juste demander des nouvelles de leur pôpô... On imagine bien que c'est pour maintenir le mystère faussement intact jusqu'à la deuxième partie qui pour le coup (quand on a pigé la mécanique, ce qui arrive assez vite) ressemble à un commentaire (pas audio) pour spectateurs imbéciles… Et puis franchement quel passe-temps compliqué tout de même à mieux y réfléchir, dire que ce tordu amateur de sensations fortes aurait pu se prendre le même kif en faisant du tricot ou du polo… La malédiction. Pourquoi faire simple quand on peut faire n'importe quoi ? Le seul très joli passage à retenir c'est ce délicieux travelling en voiture à travers bois, la discussion tranquille au téléphone du tueur avec femme et enfant jusqu'à tomber sur une nouvelle famille... Mais c'est vraiment le seul truc poétique à sauver. Ca n'aurait tenu qu'à moi, j'en aurais fait un super court métrage où le gars meurt étouffé dans son vomi (ça aurait lui lui arriver sur le dos et sous la terre) dès la première seconde du film ou à la limite, il se serait sorti du piège initial pour finir cramé dans le coffre 5 minutes plus tard et c'était suffisant. D'ailleurs outre le côté putassier d'un objet qui se veut d'abord vendeur (mix improbable entre Saw pour le jeu sadique, Blair Witch 2 pour le volet video, Evil Dead pour la maison dans les bois, Predator pour les pièges et le survival-like dans la jungle…), il y a surtout un côté ultra malsain et complaisant lors des scènes de tueries qui au lieu d'épater donnent la gerbe tout simplement… Parce que soudain, elles ne sont plus du coup raccords avec l'esprit censément second degré, irrévérencieux et ultra-référencé de ce qui se voulait avant tout j'imagine un exercice de style malin… Bref Modus Anomali est souvent de mauvais goût, et surtout pas crédible un instant… En modus Foutage de gueule pour reprendre le titre étrangement accrocheur.

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