vendredi 2 octobre 2015

Deep End. Jerzy Skolimowski


Belle séquence finale travaillée comme l'happening artistique d'une galerie branchouille du Swingin London. On sent que Londres est alors la capitale mondiale de la pop et de la mode (ces couleurs criardes, colorées, jamais de mauvais goût). Une époque dont c'était probablement l'étendard : Faire de la vie, de sa vie, un art consommé, déjà posthume.

Je comprendrai d'ailleurs que des spectateurs, dans la recherche d'émotions grandes et pures comme l'appel du grand amour peut en susciter, se retrouvent gênés par le "dispositif" arty du film (la silhouette en carton puis la bague dans la neige puis la piscine qui se remplit puis les pots de peinture rouge qui s'y déversent…) qui peut légitimement manquer de coeur et de spontanéité parce que finalement plus écrit qu'il n'y paraît au premier regard.

Mais à y repenser, je trouve que cette distance, ce côté poseur, glacé, colle bien à la psychologie troublée du jeune héros. Car quoi de plus propice à la naissance du désir de créer, de l'élan sexuel, du tremblement amoureux vers l'autre que l'adolescence ? De ces réflexes un peu gauches qui nous rendent possessifs, inadaptés à l'autre, serrés dans une idéalisation mortifère. Alors oui, Deep End saisit parfaitement l'air du temps orageux de cet âge ingrat et de ses lubies charnelles autour d'un corps, d'une femme désirée qui reste encore à l'état d'"objet". En cela, Skolimowski a tout bon.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire