samedi 17 octobre 2015

Jersey Boys


Malgré ce qui s'est écrit ou dit à son sujet, Jersey Boys n'est absolument pas un petit film lambda et sans profondeur de Clint Eastwood. Encore moins un film de commande, expédié à la sauvette, c'est au contraire derrière un académisme joliment troussé une oeuvre personnelle qui poursuit le travail d'un Clint Eastwood désireux de creuser encore et toujours le sujet de la famille qu'on se fabrique (Million Dollar BabyGran Torino...) et qui vaut souvent bien plus que les liens du sang. La dernière confession face caméra de Frank Valli, merveilleusement réconfortante, ne dit pas autre chose : "Cette nuit-là sous ce réverbère, quand nous avons commencé à chanter ensemble, il n'y a rien eu de mieux après"... Et non, Jersey Boys n'est pas un biopic quelconque, c'est le prétexte rêvé pour un  hymne vibrant à la mélancolie, à l'amitié toute puissante malgré les écueils de l'existence, les tensions, les différences qui sont pourtant palpables entre les 4 garçons. 4 approches, 4 tonalités, 4 saisons auxquelles Clint donne intelligemment la parole via des apartés bienvenus.

Côté émotion, on est également servi. Peut-être parce que l'une des plus belles scènes d'amitié au cinéma se trouve à mes yeux dans The Deer Hunter, lors de ce mariage où les meilleurs amis du monde entonnent I love you baby avant que la guerre du Vietnam ne viennent les faucher ! Les amoureux du film de Cimino ne s'y tromperont pas. Et le choix de Christopher Walken n'est probablement pas anodin. Quand enfin dans Jersey Boys, Valli (encore tout plein de la tristesse et du deuil de la mort sa fille) fend l'armure et déclame à fleur de peau Can't take my eyes off youl'instant est pour moi un moment de grâce totale. J'avoue en avoir versé plus qu'une simple larme.

La dernière fois que j'avais ressenti sur le sujet une telle chaleur c'était devant Stand By Me voire The CommitmentsJersey Boys est donc bien avant tout un film sur les meilleurs copains, sur des valeurs qui paraît-il se perdraient de nos jours. Classe, discret, droit, Frank Valli l'est mais plus encore incarne cette valeur suprême de la fidélité à ceux qui ont fait de lui ce qu'il est devenu. La mafia est au passage décrite comme un lieu où la confiance est possible, réciproque et où les mots seuls peuvent valoir promesses tenues. Intéressante approche là encore, loin des clichés habituels sur le sujet. Très belle scène au passage que celle où Walken pleure en écoutant Valli chanter... Un chanteur à la voix d'or, qui à l'image du film est Just too good to be true !

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