mercredi 14 octobre 2015

Saint Laurent. Bertrand Bonello


Bertrand Bonello a incontestablement du talent pour soigner son cadre, reconstituer des époques en y intégrant des musiques joliment choisies, parfois même anachroniques. En revanche, dans Saint Laurent , on se demande rapidement s'il ne s'est pas pris au piège du "je veux raconter l'homme derrière l'icône, je vais faire un film académique tout en accouchant d'un film d'auteur, personnel…". Premier problème : l'acteur  principal, tellement appliqué dans sa volonté de recréer le personnage qu'il finit par ne donner vie qu'à une silhouette, quasiment un logo, une marque en trois lettres… Ce qui achève de nous désintéresser d'YSL alors qu'on se met inconsciemment à chercher en permanence la petite fausse note, l'intonation forcée par ici, le dos un chouia trop cambré par là... C'est quand même ballot. Je me demande si à ce petit jeu il n'aurait pas été plus intéressant de s'éloigner davantage du vrai visage d'Yves Saint Laurent en choisissant l'acteur (comme dans l'autre film porté par un Pierre Niney qui justement est peut-être plus dans une création que dans l'agenouillement, dans la posture, toujours vaine).

Le deuxième point négatif, c'est évidemment qu'on n'apprendra rien de la genèse de l'artiste, de ce qui l'a engendré, des rapports avec ses parents, avec sa famille (dont on ne sait à peu près rien). La mystère demeure et l'on ne découvre que les coulisses attendues de la carrière d'un homme ayant du génie mais rongé par la timidité, les drogues, et les quelques hommes dont il se sera épris sur le chemin… Programme évidemment tristement attendu. On retient donc au final assez peu de ce film dont il reste une certaine élégance confinant parfois au maniérisme, des musiques chaudes, mais de vertige et de plongée dans l'âme d'un artiste finalement si peu.        

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