samedi 3 octobre 2015

Ennemis intimes. Werner Herzog


Ce documentaire est franchement un "must see", surtout la première partie qui revient sur les conditions de tournage dantesque d'Aguirre puis de Fitzcarraldo.

Le plus fort à mes yeux c'est cette certitude acquise avec Ennemis Intimes qu'un film doit se réinventer en live, ne doit vraiment commencer, naître que sur le tournage avec ses incertitudes, ses zones d'ombre, ses questions, une gestation chaotique.

Une magie vaudou, un enseignement biblique qui semblent s'être perdus au fil du temps, le "set" devenant trop souvent le moment où l'on ne fait que retranscrire sagement et fidèlement les informations contenues dans un scénario, dans son storyboard. Or c'est oublier que le film est un être vivant, mouvant, que la surprise, le "transport amoureux" doivent y survivre au moment où le mot " Action" résonne aux oreilles des petites particules élémentaires impliquées dans le processus de création. Werner Herzog avait compris tout cela. Intimement.

Le documentaire rappelle également qu'un acteur c'est avant tout une nature, un monstre qui donne tout, qui y laisse parfois, souvent même, sa santé, ses forces vives, son âme… Aguirre apparaît en cela comme la parfaite épure du télescopage de l'ego surdimensionné d'un acteur habité, démoniaque, tyrannique, avec la nature hostile, féroce, mystérieuse qui l'a fabriqué. Le film devient une gigantesque leçon d'humilité à l'adresse de son acteur principal. Fabuleuse mise en abime...

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