Premier accroc pour un réalisateur que j'adore. Il y a d'abord à mon
sens un problème de casting et de direction d'acteurs (le real est
manifestement moins à l'aise avec des acteurs dès lors qu'ils ne sont
pas Coréens. Rôles principaux massacrés ! Pour quelle raison ? difficile à
dire). Mais il y a surtout de gros problèmes d'incohérences qui dans un
autre contexte aurait pu faire dire au spectateur "waow, blockbuster
personnel, signé par un auteur sans souci particulier de réalisme", or
le fonds ici est tellement simpliste (toute la trop explicative scène
finale en atteste), la métaphore tellement lourde (le train comme notre
terre surpeuplée) que chaque petit raté narratif saute littéralement aux
yeux et n'a jamais l'effet escompté. Je prends par exemple cette entrée
en matière, pré-révolutionnaire, qui donne le sentiment de démarrer au
milieu d'un film (???). Audacieuse mais Ô combien hasardeuse ! Puis tout
s'enchaîne de façon bien trop linéaire d'un wagon à l'autre (alors que
ça devrait grossir, monter en intensité...) au point que le train semble
avoir été traversé en 2 temps 3 mouvements de façon monotone (un
tableau chasse mollement l'autre) pour déboucher devant une petite porte
qu'il suffirait de faire sauter, tout bêtement, pour libérer toutes ces
âmes en transit ? Un peu léger tout de même ... On touche alors du
doigt le vrai gros problème du film : il se construit sur le sable du
tout théorique, sur la mélasse d'idées qui par essence manquent de
chair. C'est ce qui donne l'impression d'une absence de densité alors
qu'on est passé d'un bout à l'autre du train ultra rapidement... Cela
finit par laisser un goût d'inachevé, un sentiment de gâchis pour un
pourtant beau matériau. On frise même le produit made in nanarland par instants, surtout vers la fin,
je pense aux combats à mains nues avec un mort-vivant sur un ponton
"infernal" (lourde symbolique pour appuyer le fait qu'on est dans la
salle des moteurs et donc un peu en enfer) ou ces allers-retours sans
queue ni tête de la jeune femme asiatique pour aller chercher une
improbable clé... Restent de très beaux moments : le bras congelé en 7
minutes, la scène des paniers d'oeufs dans une jolie classe d'enfants,
la scène de baston en infra-rouge ! Mais ça fait maigre. Gros loupé. On
attendra le prochain pour se re-réjouir !
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