jeudi 17 juillet 2014

Snowpiercer. Joon-Ho Bong


Premier accroc pour un réalisateur que j'adore. Il y a d'abord à mon sens un problème de casting et de direction d'acteurs (le real est manifestement moins à l'aise avec des acteurs dès lors qu'ils ne sont pas Coréens. Rôles principaux massacrés ! Pour quelle raison ? difficile à dire). Mais il y a surtout de gros problèmes d'incohérences qui dans un autre contexte aurait pu faire dire au spectateur "waow, blockbuster personnel, signé par un auteur sans souci particulier de réalisme", or le fonds ici est tellement simpliste (toute la trop explicative scène finale en atteste), la métaphore tellement lourde (le train comme notre terre surpeuplée) que chaque petit raté narratif saute littéralement aux yeux et n'a jamais l'effet escompté. Je prends par exemple cette entrée en matière, pré-révolutionnaire, qui donne le sentiment de démarrer au milieu d'un film (???). Audacieuse mais Ô combien hasardeuse ! Puis tout s'enchaîne de façon bien trop linéaire d'un wagon à l'autre (alors que ça devrait grossir, monter en intensité...) au point que le train semble avoir été traversé en 2 temps 3 mouvements de façon monotone (un tableau chasse mollement l'autre) pour déboucher devant une petite porte qu'il suffirait de faire sauter, tout bêtement, pour libérer toutes ces âmes en transit ? Un peu léger tout de même ... On touche alors du doigt le vrai gros problème du film : il se construit sur le sable du tout théorique, sur la mélasse d'idées qui par essence manquent de chair. C'est ce qui donne l'impression d'une absence de densité alors qu'on est passé d'un bout à l'autre du train ultra rapidement... Cela finit par laisser un goût d'inachevé, un sentiment de gâchis pour un pourtant beau matériau. On frise même le produit made in nanarland par instants, surtout vers la fin, je pense aux combats à mains nues avec un mort-vivant sur un ponton "infernal" (lourde symbolique pour appuyer le fait qu'on est dans la salle des moteurs et donc un peu en enfer) ou ces allers-retours sans queue ni tête de la jeune femme asiatique pour aller chercher une improbable clé... Restent de très beaux moments : le bras congelé en 7 minutes, la scène des paniers d'oeufs dans une jolie classe d'enfants, la scène de baston en infra-rouge ! Mais ça fait maigre. Gros loupé. On attendra le prochain pour se re-réjouir !

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