Stanley Kubrick n'aura cessé de porter haut et fort ce message universel
que la violence est en l'homme, que la civilisation n'est qu'un vernis
qui saute à la moindre contrariété, qu'à tout prendre mieux vaut vivre
avec que de chercher à bouleverser l'ordre naturel parce que, Orange
Mécanique le dit mieux que n'importe quel ouvrage de philosophie, le
remède est souvent pire que le mal... C'est d'ailleurs en filigrane
toutes les formes d'emprise mentale qui sont intelligemment montrées du
doigt (sectarisme, corps d'un Etat totalitaire, religions...). Preuve
en est cette séquence finale qui en ramenant le beau dans les oreilles
du héros réinstalle dans le même temps la violence en lui dont on
imagine à son sourire retrouvé qu'elle sera à la mesure du long cycle de
"dénaturation" qu'il a subi... Elle en sera décuplée, un irrépressible
raz-de-marée, "Gare au retour de bâton !" nous susurre le film qui
s'adresse au citoyen lambda comme à la société qui l'a façonné. Et il ne
cesse de le murmurer tout bas... je dis "murmurer tout bas" à dessein
parce que l'expérience inoubliable que constitue Orange Mecanique vient
aussi de ce que tout y est beaucoup plus suggéré que montré.! Ce sont
surtout les idées qu'il contient qui sont corrosives, qui brûlent la
rétine et laissent sur le flanc...
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