mardi 8 juillet 2014

Seven. David Fincher


Fincher est grand. Il crée visuellement "l'enfer", en fait la toile de fonds de son film et l'anime avec des éléments familiers du polar... L'univers rappelle d'ailleurs à certains égards Blade Runner plutôt que Le Silence des agneaux. (mêmes derniers plans saturés du bleu du ciel). Ici la ville est une sorte de purgatoire à ciel ouvert où le réalisme n'est là que pour masquer le caractère fantastique du film (évident lors du premier face-à-face entre le jeune flic et le tueur qui se révèle être une ombre insaisissable). Et puis, l'originalité totale de ce conte Faustien (en cédant à la colère, le héros vend son âme au diable sous les traits de John Doe, Monsieur tout le monde) c'est le brutal rebondissement qui voit le tueur en série se rendre à la police... On se demande alors où sont passées les sempiternelles figures imposées où le flic a l'idée géniale qui lui permet de trouver puis d'arrêter le tueur ?... Et oui, c'est que tout dans Seven surprend, les héros comme le spectateur. Le film devance tout le monde, se fait petite musique de la fatalité, semble dire en permanence "la chair est faible, seule l'âme est immortelle" à la façon d'un Louis Cypher alias Robert De Niro dans Angel Heart. Car mourir importe peu pour le tueur en série, la seule chose qui compte, c'est corrompre l'âme du héros pour parachever son oeuvre. C'est pour tout cela que Seven est énorme. Il utilise les codes du polar pour mieux rendre palpable, crédible son univers cauchemardesque, dantesque, à l'image des livres ésotériques ou religieux dans lesquels se plongent les héros, tous deux dépassés depuis l'origine... Il y a aussi derrière Seven une critique intelligente et acerbe de la moralisation rampante et autres conservatismes sclérosants qui font tant de mal aux Etats-Unis Le film ne dit rien d'autre : le plus grand danger vient moins des supposés pêcheurs au regard d'une loi supposément au-dessus des hommes que de celui qui, aveuglé par des pseudo écrits saints, pense punir pour la bonne cause... Ne pas confondre les causes et les effets. La cause ici n'est jamais le péché capital mais l'interprétation qui en est faite... Et quelle dernière réplique de Morgan Freeman : "Le monde est un bel endroit qui vaut la peine qu'on se batte pour lui; Je suis d'accord avec la deuxième partie". Moi aussi ! 

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