lundi 2 novembre 2015

Young Ones. Jack Paltrow


Et ben dis donc... Je m'attendais à rien du tout avec ce Young Ones (titre d'ailleurs très énigmatique) un peu comme lorsque j'avais découvert par hasard le sublime Seraphim Falls. Je le mettrais pas au même niveau mais que de belles promesses ! D'abord un univers fascinant. On est à mi chemin entre le western et l'exploration gourmande et vénale de la surface de Mars à la recherche de ressources naturelles. Autant dire le premier western martien. C'est toute l'ambition et toute la réussite de Young Ones.

Je ne suis en revanche pas fan du chapitrage (une des maladresses du film) qui assèche l'objet filmique et fait ressortir la faiblesse du tronçon central (trop elliptique et pas assez clair sur les motivations du jeune loup ambitieux qui rappelle au passage vaguement celui des Moissons du ciel...). Chapitrage qui passe également sous silence, et c'est fort dommage, la jeune fille, personnage clé mais cantonné à un rôle indigne de faire-valoir. Bon alors c'est vrai il s'agit d'un western, genre masculin par excellence, mais tout de même...

Toujours est-il qu'on sera passé au cours du premier chapitre par des ambiances qui rappellent tantôt Rencontres du troisième type (la base d'extraction de l'eau éclairée de nuit par de puissants projecteurs), tantôt l'atmosphère sèche et impitoyable du premier Mad Max. J'ai aussi pensé avec délice à Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia, au Bon la Brute et le Truand voire à La Prisonnière du désert pour un plan en particulier. Bref, respect coté influences !

Et pour parler franc, si on faisait un blind test sur le film en prétendant qu'il s'agit du dernier opus de Paul Thomas Anderson, certains crieraient probablement au génie, vantant le dépoussiérage manu militari et fort réussi d'un genre, de plusieurs genres même... Mais s'agissant d'un petit nouveau (Jack Paltrow) il est souvent plus facile d'émettre des doutes (quand on ne sait pas trop quoi penser du film) et de concentrer les critiques sur le sentiment diffus d'avoir entre les mains l'archétype du film indépendant US manquant de corps et d'élan vital... Et bien je ne suis pas d'accord, malgré il est vrai un chapitre 2 plus faible (beaucoup trop de pistes explorées comme celle de l'endettement du père décédé ou celle de la marchandisation de vies humaines et ce bébé comme monnaie d'échange) l'ensemble est quand même de sacrée facture et surtout ultra cohérent jusqu'à un authentique dénouement de film noir avec vengeance Léonienne à la clé.

Evoquons d'ailleurs la mise en scène d'une qualité, d'une exigence qu'on voit assez rarement au cinéma... Ainsi que le scénario, brillant, nouveau, rafraîchissant... Comme cette histoire de robot remplaçant une mule et devenant la mémoire vive de toute une famille, l'album animé de ses souvenirs... Très fort ! Bref, Young Ones ose, explore tout en rendant hommage... Ce n'est pas la moindre de ses qualités. On sent comme je le disais plus haut des influences telles que celles de George Miller, Sergio LeoneSam Peckinpah ou des Frères Coen pour la dernière ligne droite. Cette dernière ligne droite qui par la séquence d'exploration "de l'autre côté" reprend là encore les codes visuels de Spielberg époque AI.

Rien que pour ces innombrables et belles surprises, il faut découvrir ce Young Ones (objet filmique innovant et généreux) et suivre de près la trajectoire de ce Jack Paltrow dans les années à venir.

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