samedi 7 novembre 2015

Ma vie avec Liberace. Steven Soderbergh


J'ai longtemps pensé que le meilleur de Soderbergh se trouvait quelque part entre Solaris et The Informant voire Sex, Lies and Video tapes... Jusqu'à ce que je découvre Ma vie avec Liberace. Franchement, je rêve que les cinéastes français encroûtés dans des bios bien sages, ternes et fadasses (je pense aux deux derniers consacrés à YSL notamment) se matent ce film incroyable, fable universelle qui prend pour prétexte la vraie vie d'un génie du music hall made in US pour accoucher d'un objet magique, fascinant de bout en bout, aux inépuisables lectures. La comparaison fait mal, très mal, avec ce que le cinéma hexagonal peine si souvent à produire...

Au rayon des influences, on y verra une sorte de Cinderella Man post-soulier. avant que le film ne finisse par lorgner de façon jubilatoire du côté de La Mort vous va si bien : la chirurgie esthétique, les pilules magiques, les dormeurs aux yeux ouverts, le régime California et la mort qui déjà rôde...

Et quelle idée géniale de faire appel à ces deux acteurs épatants : on parle quand même des héros virils de Basic Instinct ou Bourne Identity. Imaginez le travail insensé d'adaptation pour le spectateur ! Autre trouvaille : caractériser la nostalgie ou la mélancolie des eighties en faisant appel à deux de ses icônes : Rob Lowe et Dan Ackroyd  ! Voilà qui réchauffe et je ne reviens même pas sur le projet si particulier qu'a du constituer le film pour Michael Douglas quand on sait par quels gravissimes problèmes de santé il est passé... Que dire enfin de cette idée géniale d'un chien aveugle dépendant de son maître... Baby Boy Ô Baby Boy !

Pour le reste ce film est géant de bout en bout et nous amène l'air de rien (c'est sa force) sans aucune lourdeur jusqu'à des sommets de cinéma, jusqu'aux réflexions passionnantes autour de l'amant devenu le frère, l'orphelin devenu l'adopté qui devant modifier son visage va finir par tout perdre en restant là, penaud, saturé de coke, avec des traits qui ne sont plus les siens... D'ailleurs toute cette approche du film lorsqu'il détaille les penchants fétichistes de Liberace nos amène sur de bien nobles territoires... Le Portrait de Dorian gray, et bien sûr El de Bunuel. voire carrément Chaplin pour certains passages musicaux... Je pourrai ne jamais m'arrêter, j'ai trouvé ce film fabuleux. ample, généreux, intelligent, fin, grandiose. Soderbergh je te le dis, tu es grand !

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