samedi 7 novembre 2015

Retour à Ithaque. Laurent Cantet


La question se pose pour commencer de savoir si Retour à Ithaque n'aurait pas été mieux taillé pour le théâtre. Je pense notamment à ces dialogues longuets et parfois creux de la première partie, qui dans un cadre différent, pourrait avoir un impact autrement plus puissant (tout dépend alors des acteurs qui les portent en live).

En même temps on y perdrait sûrement la sensation agréable éprouvée d'avoir passé 2 heures à La Havane au milieu de gens que nous serons probablement bientôt, les yeux rivés sur le rétroviseur. Parce que Retour à Ithaque vaut quand même le détour, pour l'émotion qui circule entre les scènes de danses avinées sur un morceau des Beatles, autour de la confrontation de deux générations évoquant le Cuba d'aujourd'hui (le fils qui se tape l'incruste inopinément avec sa copine)... Autant de petits moments précieux mais trop rares à mon goût. Quant à ce dénouement aux aurores, il est émouvant et dit beaucoup de ces retrouvailles entre grands brûlés de l'existence, victimes du régime spécial qui les a ratiboisés, réduits à de vulgaires rats de laboratoire, mais il a en même temps quelque chose de trop programmatique, attendu... 

Je maintiens donc que le contexte se prêterait idéalement à à ce qu'on en tire une pièce où chaque nouvelle représentation donnerait l'occasion d'une nouvelle confrontation alcoolisée entre vieux potes et qui se poursuivrait jusqu'au bout de la nuit, bien après que le rideau soit tombé, sur une improbable terrasse où l'on étoufferait de rire et de larmes en noyant sa vie dans un bon vieux rhum...

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