mercredi 18 novembre 2015

Mommy. Xavier Dolan


Xavier Dolan a un sacré talent pour filmer. Là dessus je n'ai rien à redire. Des images léchées, une atmosphère parfois ouateuse et poétique (les ciels de traîne, les glissades soft en roller ou en caddie) parfois brutale et sombre (la violence de la scène qui précède la rencontre avec la voisine). Mais cela suffit-il à accoucher d'un grand film ?

Certes on sent des influences... Mais derrière une esthétisation digne d'Eléphant (que je ne porte d'ailleurs pas dans mon coeur), il y a je trouve surtout des idées plates, je pense par exemple à ce moment où le jeune homme hurle liberty sous le regard goguenard de sa mère et de la copine à vélo.

Il y a aussi ces longs intermèdes musicaux (musique permanente et qui finit par apparaître comme une béquille bien utile au film) qui sont d'une maladresse sans nom. Notamment une projection mentale de la maman sur la future vie épanouie de son fils dont l'ambiance rappelle furieusement ces publi-reportages pour une assurance, faisant défiler les pires clichés de générations se succédant au rythme de leurs moments fortiches... L'idée est noble, pas le résultat à l'écran. Parce qu'on l'a trop vu, que c'est par essence le chemin de la facilité.

L'hystérie est par ailleurs utile ou nécessaire sur un sujet pareil (la normalité et ses frontières jamais nettes) mais pas l'hystérisation à outrance qui devient artificielle quand tous les personnages sont border line, parce que plus rien n'émerge, plus rien ne dépasse... La folie finit par égaliser le film de bout en bout... On finit par attendre à reculons la prochaine éruption de l'un des trois personnages... Et l'on finit inexorablement par s'éloigner, par rester si loin d'Une femme sous influence, probablement un des modèles de Mommy.

Je pense qu'il manque surtout de l'expérience (de la vie, pas du cinéma) à emmagasiner pour ce jeune homme à qui on garde malgré tout sa sympathie et son admiration pour l'envie, le jeune âge et le talent qui ne fait pas de doute. Mais son grand film attendra encore...

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