mercredi 15 mai 2013

The Descent. Neil Marshall. Guerre des sexes. Matriarcat

Dans The Descent, un postulat me fascine d'entrée : le genre masculin est au pire en voie de disparition, au mieux en pleine dégénérescence...


Le seul homme on va dire "normal" du film (pour reprendre une expression chère à François Hollande) finit transpercé par un tube d'acier au bout de quelques minutes faisant d'ailleurs écho à une séquence mémorable du Quatrième homme (Paul Verhoeven) qui dépeignait une veuve noire et la façon cruelle et morbide qu'elle avait de zigouiller ses amants les uns après les autres. D'ailleurs se met immédiatement en place les codes d'un matriarcat qui va prendre tout son sens lors de la descente en rappel de ce groupe de femmes aux allures de commando dans une grotte sans fonds.

Neil Marshall est par ailleurs un vrai grand cinéphile. Il a l'élégance de distiller ses références avec parcimonie et intelligence à mesure que l'on s'enfonce d'un genre (le survival en milieu naturel) vers un autre (le film d'horreur pur et dur, avec adversaires en chair et en os mais déshumanisés) : Ainsi retrouve-t-on dans le désordre des clins d'oeil à Carrie, Evil Dead, Alien, The Thing, Massacre à la tronçonneuse, Delivrance et même Zombie... Jouissif petit jeu de décodage entre les plans.

Rarement film d'horreur aura d'ailleurs si bien marié l'efficacité requise (frayeur absolue garantie, ne pas voir ce film au cinéma serait un crime de lèse-majesté) à une vraie réflexion sur les phobies les plus répandues (peur du noir, du vide, d'étouffer, de se noyer, d'être dévoré dans l'obscurité...).

L'idée géniale vient encore une fois de ce que les personnages principaux sont des héroïnes et que symboliquement elles se débattent face des "hommes du dessous", des "sous-hommes"... Car après tout, l'horreur mise à part, l'idée d'un groupe de femmes sportives, modernes, indépendantes, "avec des couilles" se retrouvant aux prises avec un genre masculin dévoyé, hideux, vivant dans l'obscurité, ça ne vous rappelle rien ? Ca s'appelle la guerre des sexes, deux sexes qui plus que jamais se cherchent dans une société qui mue à toute vitesse. Terriblement d'actualité. Une guerre de toute éternité  dont personne ne sortira indemne.

Et c'est là une portée allégorique qui sublime le film à mesure que l'on s'enfonce dans la grotte et dans l'horreur... Ou qu'une héroine s'extraie de la terre comme un nouveau-né d'un ventre maternel.   

Incontestablement le plus grand film d'épouvante depuis... très longtemps.




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