mercredi 3 janvier 2024

Wake in fright. Ted Kotcheff

 

La dernière image ? Rien de très net. Un arrière-goût, une amertume, L'aprêté d'un voyage immobile au bout de la nuit et le sentiment qu'un peu de The Catcher in the Rye peut avoir germé dans l'esprit du très honorable Ted Kotcheff (First Blood) pour donner vie à cet égarement, ce quasi documentaire aux accents oniriques, sorte de radiographie d'un fait divers (Gerry ? Délivrance ? Texas Chainsaw Massacre ?)  humant bon le coup de chaud et la transe des tourneurs en rond, tirant sa vérité de l'enlisement des hommes, de leurs rictus ensauvagé au moment de s'affaler dans leur merde, de leurs coupables oisivetés dans le couchant, au fond, tout au fond de l'outback ou d'une bouteille de whisky frelaté.

Et c'est toujours un bonheur de retrouver Donald Pleasance affûté, fou à lier, qui promène son tranchant et son génie malaisant tout au long du film avec un je ne sais quoi du Phil Collins diabolique dans le clip Mama de Genesis jusqu'au climax, improbable chasse au Kangourou au coeur de la nuit Australienne. Le genre de ténèbres opaques qui vous avale sans coup férir. 

Un temps réputé perdu à tout jamais, ce film inclassable ne laissera donc personne indifférent. C'est un joyau brut, cauchemar éveillé, lente montée de fièvre qui vous saisit à la gorge et ne vous lâche plus. Son style est littéraire (on pense à Tennessee Williams), puissamment singulier. Son titre, Wake in fright, annonce d'ailleurs fièrement la couleur. Noir c'est noir, par ici. De délivrance, de sommeil, de repos, vous ne trouverez point. Que le soleil brûlant vos rétines, que le sable enrayant la belle machine de vos mémoires et pour finir la frayeur unique, opressante au réveil, de ne pas se souvenir comment la nuit dernière s'est achevée... 


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