jeudi 15 janvier 2015

L'amour est un crime parfait. Les frères Larrieu


Amalric est rarement aussi bluffant que dans ce rôle d'érotomane porté équitablement sur les lettres et sur la chair fraîche de jeunes étudiantes. Ce film possède grâce à lui une sensualité contagieuse, lorgnant parfois du côté de L'Homme qui aimait les femmes (Truffaut), parfois de celui de A serious man (les frères Coen) tant l'ahurissement du héros devant la dislocation de ses idéaux semble l'amener à chercher malgré lui des solutions tantôt du côté de la littérature tantôt dans l'extase d'une bonne tranche de cul. Toute cette mise en place, ce flottement grisant est vraiment fort et nous attache irrémédiablement au film. Le problème surgit quand la réalisation se cherche de l'artifice (fouiller de façon trop littérale dans le passé du personnage principal, ses absences rationnellement expliquées, de vrais meurtres ayant eu lieu...) obligeant le film et ses personnages "à dire leur vérité" tuant hélas toute la magie ensorcelante qui en émanait... C'est d'autant plus paradoxal et dommage que l'une des dernières pensées du héros est justement "la vérité en amour est-elle possible ou souhaitable ?".  Mais j'ai la réponse, moi : 100 fois non. C'est la meilleure façon de se tirer une balle dans le pied. Les Cahiers du cinéma résument bien ce sentiment de gâchis que nous laisse le film sur son tempo conclusif : "Film trop brouillé dans son développement et explicatif dans son dénouement pour pouvoir distiller un quelconque venin". Mais encore une fois toute la première partie est assez grisante, notamment ces plans nocturnes dans la montagne enneigée et cette empathie que l'on ressent fortement pour cet homme esclave de son désir et rapidement dépassé par les femmes...

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