lundi 13 octobre 2014

Edge of tomorrow. Doug Liman


Etrange objet SF qui revendique à juste titre une certaine poésie tout en se calquant résolument sur le principe du jeu video de baston "à la première personne" où tu recommences éternellement la même partie jusqu'à parvenir de façon obsessionnelle à tes fins... C'était déjà un peu le cas dans Un Jour sans Fin qui reste tout de même bien plus profond dans les questions suscitées (le coeur de l'histoire avait la subjectivité et le mystère de ce qui fait naître ou non le sentiment amoureux). Ici on est dans une dialectique ultra binaire (le monstre qui m'a pissé tout bleu dessus m'oblige à rester coincé dans la même journée, condamné à la recommencer chaque fois que je décède). Le côté lâche et fuyant de Tom Cruise au début n'est pas très convaincant malgré ses efforts, tout dans son jeu sonne assez faux mais curieusement de pirouettes en reboots le film devient sympathique voire carrément prenant lorsque par exemple le spectateur découvre tout comme l'héroïne que le personnage incarné par Tom Cruise cache à cette dernière sa mort imminente quel que soit le scénario... C'est d'ailleurs aussi la limite de l'exercice : le libre arbitre fait que des tas d'autres situations sont toujours possibles, comme éviter de prendre l'hélico, partir à pied, prendre une cuite avant pour mieux se désorienter, se déconditionner des parties précédentes. Voilà le souci : le film suit trop méticuleusement son parcours de jeu video aux options forcément limitées alors que c'est normalement la vie et l'infini de ses possibles qui devrait prendre le dessus. Comme cette séquence dans les bureaux du chef des armées (dont les personnages ne sortiraient jamais vivants à chaque nouvelle tentative). Or on imagine en 2 secondes comment ils pourraient échafauder un plan génial jour après jour pour prévoir des déguisements et une évasion en toute discrétion dans le véhicule d'un livreur de je ne sais quoi, des fleurs par exemple... Le film souffre paradoxalement d'un manque d'imagination à certains égards (se perdre en chemin eut été une autre idée fabuleuse à creuser, flâner plutôt que de sauver le monde, emprunter d'immenses détours) la faute aux contraintes d'un exercice, le blockbuster, qui pour finir retombe cyniquement sur ses petits pieds carrés. Dommage...

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