mercredi 1 octobre 2014

Basic Instinct. Paul Verhoeven


Même lorsqu'il s'attaque à la forme la plus basique (sans jeu de mot) du thriller à l'américaine, Verhoeven parvient à le faire sien tout en y mettant ses obsessions sulfureuses premières (déjà présentes dans le Quatrième Homme que j'invite à redécouvrir fissa) ce qui donne lieu à quelques séquences restées mythiques. Mais je vais plus loin : contrairement à ses apparences de thriller somme toute balisé à base de twists vus et revus, Basic Instinct se nourrit d'une vraie complexité qui émane des influences qu'on sent présentes : The Dark Mirror de Siodmak notamment, plus encore Les seins de glace de Richard Matheson et par-dessus tout Le Grand Sommeil de Hawks adapté de Chandler (ce en quoi Basic Instinct devient un objet beaucoup plus insondable et mystérieux qu'il n'y paraît). Car on sent une même intention de laisser des zones d'ombre envahir le film (sur l'auteur d'un des meurtres notamment). Tout ceci achève d'en faire bien plus qu'un excellent thriller, un grand moment du film noir auquel il se rattache d'évidence. C'est un des aspects dont on parle peu et qui en font tout le sel.

Je viens de le revoir. 2024. Et je suis vraiment admiratif. Le film n'a pas vieilli. Il garde son caractère subversif et ouvertement provocateur (au diable le puritanisme à l'américaine par ici). Une mise en scène incroyable, une musique fabuleuse  de Goldsmith, des acteurs  habités  (Sharon Stone jamais aussi belle fascinante, inquiétante, sensuelle...). Mais par dessus tout un scénario qui tient toujours le haut du pavé avec ce qu'il faut de zones d'ombres (sur lui, sur chacune d'entre elles) pour en faire un bel objet de fascination aux lectures multiples. Evidemment l'épilogue peut être un point d'entrée sur le roman de Catherine Trammell (il tombe amoureux de la mauvaise personne, elle le tue). Mais on peut aussi imaginer qu'elle est à la maoneuvre depuis le début... Même si on peine à le croire. Cela impliquerait une manigance, un complot gigantesque de sa part (avec la complicité de la femme plus âgée, elle-même assassin de son état) pour en venir à bout de ce policier qui résiste assez mal à ses propres pulsions... Dernière chose notable : la fameuse scène de l'ascenseur est une inspiration directe et évidente pour le Wes Craven de la Saga Scream.  

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