dimanche 23 juin 2019

Sans un bruit


J'ai pas de mot. C'est trop crétin. Au fil du recensement de toutes les circonstances qui occasionnent du bruit (le jouet à piles, l'objet qui tombe au sol, le clou dans le pied, le bébé qui pleure... ), une famille soudée a tranquillement décidé pour faire face à l'apocalypse de ne rien changer à ses habitudes : on reste chez soi, on partage son temps entre piège à poissons, lessives à la main, succulent repas autour d'une table impeccablement mise et balades champêtres jusqu'à la pharmacie de la ville toute proche... Nous voilà déjà plongé dans un univers auquel on ne croit pas une seconde. J'en suis même arrivé à essayer d'imaginer ce que pouvaient bien faire les méchants monstres pour tuer le temps quand les héros ne faisaient pas de bruit : jouer aux boules, se faire bronzer sur la côte, visiter Las Vegas ?

Bon ensuite arrive le vrai fond du problème. Ce fameux bruit à ne faire sous aucun prétexte. Passée l'invraisemblable séquence d'introduction avec l'enfant qu'on ne surveille pas, qu'on ne voit donc pas récupérer tranquillement piles et jouet (éléments potentiellement déclencheurs d'événements pas heureux dans le monde du film), puis qu'on laisse paisiblement marcher 200 mètres derrière tous les autres en forêt, on en vient à se demander s'il n'y a pas pire pour éviter de faire du bruit qu'une maison pas isolée, qu'une enfant sourde et pas consciente du bruit qu'elle occasionne par définition, qu'un petit frère susceptible de tousser après la moindre fausse route ou d'éternuer à n'importe quel moment, qu'un papa probablement sujet comme beaucoup de mâles adultes à la ronflette au coeur de la nuit... Et d'ailleurs, tous ces gens si précautionneux, ils vont jamais aux toilettes ? Font pas de rototo ? Bref...

Il est dès lors facile de comprendre pourquoi le film passe sous silence ce qui dans le passé a bien pu mettre à l'abri cette famille (plutôt que d'autres) de la horde de monstres régnant sans partage sur le monde... C'est que c'était déjà tellement une tannée de rendre l'univers crédible tel qu'il est sur l'écran... Plus pratique comme c'est le cas au bout de 5 mn de faire apparaître la une d'un journal révélant au monde que "c'est le bruit" qui les attire... Il y avait donc des gens assez cons pour faire imprimer des journaux (je laisse imaginer le bruit qu'une presse à papier peut produire) alors que le rédac-chef et l'imprimeur savaient le moindre bruit de nature à ouvrir l'appétit de ces pseudo araignées cannibales géantes au demeurant pas très réussies ! Risible.

Enfin quelle drôle d'idée que de vivre dans une maison ouverte aux quatre vents avec les risques évidents de croiser une créature égarée - elles y voient que dalle ! Pourquoi ne pas chercher à se barricader dans une cave ultra protégée ? C'est comme, et j'en termine, l'absence de précaution de l'héroïne qui accepte vaillamment de se lancer dans un nouveau projet bébé avec tout ce qui viendra... Perte des eaux, accouchement à la roots, hurlements et premier cri du nouveau né...  Ce serait comme se gaver de haricots blancs et d'ail cru tout en sachant pertinemment qu'à la première caisse c'est la fin du monde assurée. Du n'importe quoi je vous dis.

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