jeudi 20 juin 2019

L'île aux chiens. Wes Anderson



J'ai parfaitement compris qu'une grande source d'inspiration de Wes Anderrson pour créer L'ïle aux chiens se trouve concentrée dans Escape from New-York. Il a remplacé les prisonniers de Manhattan par des chiens, Snake Plissken par un aviateur (aux allures du Petit Prince) et la personnalité en vue (dont l'avion s'est justement écrasé dans le Carpenter) par le fameux chien, Spots, à aller récupérer. La personnalité en vue étant dans L'Ïle aux chiens le père du Petit Prince. Vous me suivez ? Wes Anderson n'a plus eu ensuite qu'à "wasabiser" le tout. Mais voilà, tout ce retraitement dans un film d'animation pour dire la méchanceté de l'homme doublée d'une vile capacité à "accuser son chien de la rage pour mieux se débarrasser de lui" ne suffit pas... Et surtout cela n'apporte rien de mieux ou de plus. 

The Plague Dogs est profond, il parle de nous, entités étranges galopant sur deux pattes et en proie à une errance sans fin sur un territoire incertain qu'on appelle la vie en se demandant ce qu'il y a tout au bout, juste après. Entités galopantes se souciant peu des chiens qui valent pourtant bien qu'on les encourage, qu'on vibre pour eux le temps d'un film. C'est pourquoi malgré ses intentions louables, L'île aux chiens souffre de la comparaison.

D'abord pour son esthétique, trop léchée (sans mauvais jeu de mots), et comme souvent trop fondée sur une symétrie qui enlève à l'univers ce je ne sais quoi de folie, de vie. Tout est tellement carré, tellement écrit, tellement réfléchi que plus rien ne respire. C'est dommage, il y a de belles idées (ce Petit Prince venu chercher son chien) mais le fil trop prosaïque du film (une arnaque et beaucoup de corruption ont conduit les hommes à vouloir entasser tous les chiens sur cette île) finit par lasser. Les personnages humains sont par ailleurs très peu attachants. Mais les chiens le sont-ils beaucoup plus ? Pas vraiment au vu de cette obsession du cadre millimétré, et d'une mécanique qui systématiquement chez Wes Anderson étouffe dans l'oeuf tout élan comme cet avion qui survolant l'île quelques instants finit par s'y écraser dans un nuage de fumée, privé qu'il est trop tôt de son souffle de vie.

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