dimanche 7 décembre 2014

L'emploi du temps. Laurent Cantet


J'adorais la critique des Inrocks à l'époque : "Démission des illusions, mâchoires du salariat, puits de ténèbres, Cantet, avec cette cruauté salvatrice qu'aucun cinéma militant ne parviendra jamais à déployer, nous empoigne et nous projette dans la gueule de notre servitude monnayable. Chienne de vie, mode d'emploi"Belle sensation que ce troisième film de Laurent Cantet qui vole à des kilomètres au dessus de l'Adversaire de Nicole Garcia (qui s'attaquait au même cas Jean-Claude Roman). C'est effectivement un cinéma presque militant qui dénonce en creux ce que produit le capitalisme comme déviances chez son sujet. Au-delà du message, ce qui frappe, c'est la prestation d'Aurélien Recoing complètement habité par le personnage. Laurent Cantet ne cherche jamais à expliquer ou rendre intelligibles les motifs profonds de ce personnage empêtré dans le mensonge. Bien vu. Pour les moins, je rejoins mille fois Eden. "Personnage informe, réactions de l'entourage incompréhensibles... Les épisodes secondaires réussis reposent sur une base molle. Le héros est un prétexte à évoquer la société qui considère les individus selon un code de travail. Son humanité s'efface. Comment le suivre ?". C'est assez vrai. Il y a une anti-spectacularité tout au long du fil qui peut produire du malaise efficace ou lasser, qui peut amplifier par contraste la brutale déflagration de la fin ou laisser le spectateur indifférent. La faute à ce côté informe et mou du personnage principal. Impossible à cerner de bout en bout. Pas faux non plus.    

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