vendredi 4 décembre 2015

Attaque ! Robert Aldrich



Attaque ! s'affranchit des codes habituels du film de guerre, y tisse son propre monde habillé de fascinants lieux clos (le bureau confiné où se joue une partie de cartes mémorable, la maison en ruines, la cave) où l'on s'enlise irrémédiablement. Si on y regarde bien, chaque lieu recèle sa part d'ombres et de références littéraires. Dans cette cave où va se jouer un drame digne du Crime de l'Orient Express, l'on va même jusqu'à penser à Huis Clos de Sartre, le climat étouffant rejaillissant sur le spectateur comme sur les personnages rendus hystériques par la guerre. Robert Aldrich est alors dans la forme de sa vie parce que voilà ce qu'on peut appeler un auteur, un vrai, qui donne dans un cadre balisé sa propre partition créant même par moments le climat d'un film d'horreur. Je pense à cette dernière ligne droite hallucinante où Jack Palance n'aura jamais été aussi effrayant (lui comme son ombre portée dans cet escalier descendant à la cave). Dimension cauchemardesque renforcée par la métaphore de ce zombie littéralement revenu des morts pour assouvir sa vengeance. Son expression n'a-t-elle d'ailleurs pas influencée le personnage de flic vengeur dans Maniac Cop, on y retrouve ces mêmes angles, cette même folie, cette haine si visible de Jack Palance dans un baroud d'honneur pour se faire justice puis l'obtenant par des voies insoupçonnables... 

Attaque ! est aussi pour son propos à montrer dans les écoles, dans les entreprises, à se mettre en famille parce qu'il enseigne mieux qu'aucun autre qu'il ne faut jamais prendre pour argent comptant ce que nous impose une hiérarchie, qu'elle soit une fonction (la fameuse qui ne fait heureusement jamais l'homme), une autorité morale ou religieuse ou bien sûr la figure tutélaire familiale j'a nommé le père... Même celui-là, faut-il vraiment lui obéir aveuglément lorsqu'il vous demande de sauter d'une falaise sur le seul motif qu'il est le père et qu'on doit lui faire confiance ? Par les temps qui courent, un tel message ne fait pas de mal... Son jugement et rien que son propre jugement. Voilà une arme fatale et un beau vecteur de liberté, comme le film !




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