samedi 17 août 2013

Changeling. Clint Eastwood


Point de départ extraordinaire je pèse mes mots. D'abord l'époque qui convoque des souvenirs tangibles de la jeunesse d'Eastwood baignant le film d'une émouvante nostalgie. Puis la disparition d'un enfant qui d'emblée met le spectateur face à de stimulantes hypothèses : cette femme y est-elle pour quelque chose ? Est-elle folle ? Cet enfant existe-t-il vraiment ? L'enfant revient mais ce n'est plus le même et le fantastique en disparaissant laisse place à la violence d'un combat perdu d'avance : un petit être léger comme une plume se retrouve broyé par la machine tentaculaire, effrayante, impitoyable qu'est la justice lorsqu'elle est aux ordres et aveugle...

Angelina Jolie trouve ici l'un de ses plus grands rôles. Si fragile et pourtant insubmersible contre vents, électrochocs et marées furieuses. Lorsqu'elle trouve enfin le soutien de citoyens bien décidés à faire éclater le scandale d'une police corrompue jusqu'à la moelle, elle devient paradoxalement cet enjeu stratégique, un bout de viande jeté au milieu de bêtes affamées et pressées d'en découdre. Les flics pourris d'un côté, les défenseurs de la veuve et l'orphelin de l'autre.

L'intrigue se développe enfin autour d"un tueur en série d'enfants, et le film monte encore d'un cran dans l'intensité dramatique jusqu'à ce final désarmant de simplicité, d'irradiante beauté. En quelques traits, légers, aériens, Clint Eastwood nous décrit cet improbable moment choisi par une personne pour se libérer du deuil qu'elle porte depuis trop longtemps.

Une puissance narrative très rare au cinéma. On pourrait croire à l'adaptation d'un grand JameEllroy et on reste sur le cul d'apprendre qu'il s'agit d'une histoire vraie.

Dans le trio gagnant de Clint Eastwood, assurément.

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