mardi 7 mars 2023

Halloween Kills / Halloween Ends. David Gordon Green

La dernière image ? Je retiens cette foule devenue "monstre" qui s'acharne à son tour sur le monstre dans Halloween Kills. Evidemment Frankenstein est convoqué.

Halloween Kills

Puissante idée également de retrouver des survivants de la première tuerie. La catharsis de cette revisitation des traumatismes originels via la scène d'un cabaret enfumé où chacun exhibe ses cicatrices, la joie contenue de ne pas avoir été une de ces victimes (expiatoires) de circonstances comme tant d'autres dans les slashers de  l'époque (Vendredi 13 etc) est assez joussive. Elle remet la vie à sa place,au centre de tout. Chaque vie compte nous murmure le film. Même foulée au peid, même estropiée. C'est très fort. J'aime beaucoup aussi le couple homo qui a investi la maison d'Addonfield, pour en faire un musée Grévin du bon goût, un nid d'amour aseptisé, branchouille et bobo pour y vivre de grands moments.... de terreur. Faisant ressentir au passage les effets du temps et de mode qui glissent imperceptiblement sur les âmes de cette petite ville.

Mais il y a malheureusement aussi de nombreux défauts et écueils qui font de ce deuxième opus une tentative un peu bancale. Probablement d'ailleurs que les deux autres volets du real de Joe (ce cher David Gordon Green) n'étaient pas indispensables. Le premier contenant à peu près tout ce qu'il y avait d'essentiel à raconter sous la forme d'un hommage sincère doublé d'une réinvention bienvenue et repectueuse du mythe.

Le deuxième volet reprend en quelques sortes le concept de la suite originale : on retrouve une même unité de lieu et de temps, un passage par l'hôpital, etc. La force y est de transférer la colère vengeresse de Laurie Strode vers la ville toute entière... L'aveuglement faisant commettre le pire à un policier dans le passé, à une foule devenue incontrôlable dans le présent... Intéressante réflexion autour d'une folie collective Une forme d'endoctrinement par le slogan repris inlassablement. 

Halloween Ends

Il y a quelque chose d'apaisant dans ce dernier plan, de mystérieux, comme la fin heureuse d'un roman lumineux, épique... Laurie Strode s'est d'ailleurs jetée corps et âme dans l'écriture. Certains éléments (la casse automobile, elle devant son ordi) convoquent les souvenirs de Stand by me curieusement. Déjà une histoire douloureuse qui s'écrit à l'écran pour mieux exorciser le passé. La perte d'êtres chers.  

Par ailleurs, de brillantes idées sillonnent le film qu'on ne peut écarter d'un simple revers de la main. D'abord ce Corry est un personnage hautement intéressant... Quelque part entre Clark Kent et Peter Parker découvrant leur part sombre, leurs pouvoirs maléfiques. Corry trouvant son mentor (un peu comme Skywalker dans les marais de Star Wars) dans les galeries souterraines de la ville (on pense à Ca de Stephen King), et finissant par endosser le costume et le masque du Super-Héros à l'envers. Super-Villain en d'autres termes. Pour se confronter à Laurie Strode, la survivante. The one and only. Deux incassables au contact. 

La séquence d'introduction est à cet effet un modèle du genre. Elle est brillante. Assez "Screamesque" dans un esprit Gore et ludique.

Et puis des souvenirs du premier sont convoqués retissant la parenté, permettant à une certaine émotion de remonter. Des séquences en reprennent l'esprit, la construction. Encore quelques clins d'oeil bienvenus à l'oeuvre de Carpenter affleurent comme avec cette station radio (Fog) ou cette ville aux rues noires d'un monde en catalepsie devant un corps inerte... Assault on Precinct 13 ou Le prince des ténèbres. La voiture dans la Casse, c'est Christine.

Il manque probablerment beaucoup pour faire oublier qu'un seul film aurait suffi. Mais ce réalisateur a toujours des choses intéressantes à dire, un vrai regard, on est très loin du Blockbuster horrifique calibré, on sent tout au long de ses trois films des intentions nobles (il respecte beaucoup plus l'univers de Carpenter que ne le fit Rob Zombie par exemple), un amour sincère pour le film original, pour ses personnages dont évidemment Laurie Strode et qui le méritent amplement.


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