jeudi 17 février 2022

Cry Macho

La dernière image ? Ces trois silhouettes s'éloignant de dos sur une route Mexicaine perdue. Un vieil homme, un poussin tombé du nid et au milieu un coq alerte, sûr de lui...   

Tout est dans le titre. Ce macho capable de sentiments... Mais qu'est-ce qu'un macho ? le film interroge finement, intelligemment entre les lignes sur le féminisme d'aujourd'hui, son sectarisme, la féminisation rêvée de nos sociétés, la perte de repère du masculin accusé peut-être à tort d'être à l'origine de tous les maux de nos sociétés modernes... La violence, les injustices, le réchauffement climatique. Ne dit-on pas que "la folie des hommes" est la cause de tous nos malheurs ?   

Tout est dans les 3 personnages principaux. Trois mâles. Un homme d'âge mûr, un jeune homme en quête de modèle et un coq de combat. Le coq ? Quoi d'autre qu'un mâle dominant trouvant sa place aux côtés d'autres mâles. Ici, le masculin se cherche une place, un rôle, une utilité, c'est une évidence... 

Tout est dans le choix de l'époque. Pourquoi choisir la fin des années 70 ? Une période post-libération sexuelle. Les femmes prennent alors leur indépendance. Le corps doit exulter. Les modèles traditionnels ont vécu. La famille à l'ancienne, c'est fini. Les femmes sont-elles opprimées ? On ne le dirait pas... Elle sont déjà puissantes, font autorité. Le schéma culturel de l'hacienda a même toutes les apparences d'un matriarcat. Les derniers vrais Cowboys  eux sont sur le départ (à l'époque, John Wayne entre dans ses 70 ans) mais ils résistent. Peut-être parce qu'ils ont encore des choses à transmettre. Ce fameux "masculin" à travers eux.

Tout est dans le choix d'un personnage vieillissant qui vous raconte forcément que le masculin ce sont avant tout des repères, un esprit, jamais une force coercitive... On a tendance à confondre la testostérone, la domination physique qui va avec et le masculin comme pôle d'équilibre pour les générations d'après nous, comme socle de valeurs à transmettre. 

Tout est enfin dans cette histoire d'amour touchante. Tout peut recommencer tout peu renaître même le temps d'un claquement de doigts... Famille recomposée où l homme retrouve naturellement sa place. Son utilité. 

Le féminisme rappelle que le féminin serait en péril ? Ici le danger est surtout incarné par cette mère omnipotente qui veut jouer tous les rôles, s'entourer de toutes les figures d'hommes (et de pères ?) possibles. Pour combler ce qu'elle n'apporte pas. Ce qu'elle ne sait pas apporter. Par définition. Elle incarne ce pouvoir despotique unilatéral. Le danger nous dit Clint est là, dans ce déséquilibre au sein d'un foyer et de ce qui construit nos enfants... Si l'on bannit le masculin pour ne garder que le féminin, si l'on rompt cet équilibre naturel,  le risque est grand de perdre un peu de l'essentiel dans ce qui nous construira. Preuve en est cette rencontre entre deux veuvages qui donne naissance à du vertueux. De l'amour. 

Cry Macho n'est pas le plus grand film de Clint Eastwood certes (pas mal de défauts) mais il est attachant et à l'instar de La Mule il est une fable fort intéressante sur les valeurs qui se transmettent par le féminin oui mais par le masculin et pas forcément par les liens du sang... Une fable douce-amère dont on peut toujours tirer de beaux enseignements pour soi spectateur. Une fable dont le titre pourrait être : le vieil homme, le coq et l'orphelin...      

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