jeudi 7 mai 2015

Harakiri. Masaki Kobayashi



Harakiri est un mystère. Je l'ai découvert par hasard (on me l'a conseillé), et n'en avais objectivement jamais entendu parler malgré un Prix du Jury à Cannes en 1963. Bref, le premier sentiment qui vous chope (à la gorge) c'est le caractère irrespirable et claustro de ce drame austère au sein d'un puissant clan abritant des Samouraïs. Le cadre quasi immobile renforce cette sensation d'étouffement et de sérieux composant de sublimes haïkus visuels où rien ne respire (si ce n'est dans les souvenirs du personnage principal et narrateur). En cela, la théâtralité d'Harakiri résonne comme un impératif, comme l'injonction faite au pauvre Chigiwa venu (apparemment) demander l'aumône auprès du puissant Clan… Le message du film est de ce fait facilement déchiffrable : une critique sans concessions des principes qui fondent toute société archaïque repliée sur elle-même. Ici après avoir eu droit à une variation sur "l'arroseur arrosé" (funeste destin de Chigiwa) façon fable Japonaise de La Fontaine, on file droit vers la démonstration de l'absurdité des codes d'honneur (ici le Bushido) et l'entêtement à vouloir les faire respecter coûte que coûte sans jamais tenir compte de l'irréductible spécificité de chaque personne et de chaque situation… Le problème que j'y ai trouvé c'est la lourdeur de la charge (redondance de la voix off et des arguments proposés avec tout ce que l'image produit déjà comme effet) qui s'ajoute à celle des dialogues, monocordes et objectivement interminables… Du coup la théâtralité bien utile au départ pour rentrer dans l'ambiance laisse place à cette litanie de mots qui coulent paisiblement comme de l'eau de nulle part. Sans véritable tension. Trop mollement. Reste la flamboyance de l'ensemble. Quelques séquences magistralement mises en scène et d'une force peu commune : l'affrontement sur la colline balayée par les vents, tout le combat final, sans oublier bien sûr le supplice du Harakiri avec une lame en bois, autant dire avec un couteau à beurre...      

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